L'entreprenariat féminin est une réalité au Burkina Faso. Ce secteur connait ces dernières années une croissance significative. Les femmes ont rompu avec leur rôle d'autrefois qui était celui d'une bonne ménagère. On trouve aujourd'hui dans tous les secteurs d'activités des femmes chefs d'entreprises. Des efforts sont consentis par l'Etat et d'autres acteurs pour permettre à l'entreprenariat féminin de quitter l'état de timidité dans lequel il se trouvait afin de jouer pleinement son rôle de vivier de la croissance économique.
Le secteur de l'entreprenariat féminin a connu un regain d'intérêt à cause du rôle important et de la place qu'occupent de plus en plus les femmes dans la vie économique et sociale de notre pays. Il est désormais reconnu mondialement qu'il ne peut y avoir de développement sans la pleine participation de la femme au processus. En effet, c'est en 1975, lors de la conférence des Nations Unies marquant l'année internationale de la femme que le phénomène a été reconnu pour la première fois.
Depuis lors, plusieurs autres conférences vont insister à leurs tours sur la nécessité d'intégrer la femme au développement. On peut citer entre autres, la conférence internationale sur la population tenue en 1984 à Mexico. Cette rencontre a relevé l'obligation d'intensifier le rôle de la femme et d'améliorer son statut. Une conférence bilan sur la décennie des Nations Unies pour la femme en 1989 a insisté sur l'importance du planning familial et de l'emploi comme facteurs d'amélioration du statut de la femme. La conférence panafricaine sur la démocratie tenue à Dakar en Mai 1992 a retenu dans une de ses résolutions, que la liberté économique d'entreprendre doit être entièrement restituée à la femme. Cette tendance semble se confirmer. L'on rencontre de plus en plus de femmes chefs d'entreprises qui sont des modèles, mais également des femmes qui occupent des postes de responsabilité même si leur proportion actuelle par rapport aux hommes reste faible.
Au Burkina Faso, on compte environ 51 580 entreprises toute tendance confondue. Les femmes s'orientent de plus en plus vers ce secteur. Elles sont propriétaires de près de 4 527 entreprises reparties dans des domaines divers : la transformation, les BTP, le commerce, le service, l'éducation, la santé, la restauration. Majoritairement, les femmes entrepreneures sont activent dans les domaines qui n'exigent pas de niveau de formation spécifique ; il s'agit de secteurs traditionnellement féminins qui nécessitent moins d'investissement et/ou de formation, notamment le commerce et l'agro-alimentaire.
Selon le recensement de 2004, 31% du total des femmes entrepreneures sont dans le commerce, contre 28% dans l'agro-alimentaire et 43% dans les services. Des difficultés à surmonter La plupart des femmes entrepreneures sont citées comme modèles de réussite en affaire pour leur rigueur de gestion et pour le respect surtout des valeurs fondamentales de la pratique des affaires.
Les femmes sont de plus en plus aptes à créer une affaire personnelle ou à s'associer pour la mise en oeuvre d'activités communes. Elles sont de plus en plus nombreuses à créer des entreprises. Le pourcentage de création d'entreprises par les femmes est passé à 17,11% en 2010 contre 16,91%en 2009 selon le rapport 2010 du Centre de formalités des entreprises (CEFORE). Ainsi, en 2010, sur 3460 créations d'entreprises enregistrées au (CEFORE), 592 entreprises ont été crées par des femmes.
Cependant, même si on enregistre des progrès, force est de constater que ce taux demeure faible au regard du potentiel de création d'entreprises par les femmes. Le nombre combien important d'activités génératrices de revenus, comparé à la faible création d'entreprises par les femmes, dénotent d'un faible passage de l'informel vers le formel. Plusieurs facteurs peuvent expliquée cet état de fait.
En effet, les femmes rencontrent des difficultés et des contraintes pour la conduite de leurs affaires. Ainsi, plusieurs facteurs limitent leurs actions en matière d'entreprenariat. Ce sont : le fait de ne pas disposer de garanties pour l'accès au crédit, le défaut de propriété de terre, le faible accès aux moyens de production (intrants, équipements modernes), les contraintes familiales, les pesanteurs socioculturelles, le niveau faible de revenu des femmes. A ces facteurs s'ajoutent l'analphabétisme, le faible niveau d'instruction des femmes et la faible qualification des femmes. Ce sont autant de facteurs qui, non seulement limitent la qualité des activités, mais bloquent ou ralentissent surtout la formalisation des entreprises.
Au regard de l'importance des contraintes auxquelles font face les femmes entrepreneures, des efforts ont été faits pour accompagner les micros réalisations du secteur privé y compris celles des femmes. Booster l'action de la femme en matière d'entreprenariat. Plusieurs actions ont été entreprises pour une forte implication des femmes dans la mise en oeuvre des actions de développement. L'Etat et le secteur privé ont contribué au renforcement du pouvoir des femmes à travers des actions diverses : la création et le renforcement du Fonds d'appui aux activités génératrices de revenus des femmes (FAARF), la création du Projet d'appui aux activités génératrices de revenus des femmes agricultrices (FAAGRA), la construction d'infrastructures socio-économiques telles que les maisons de la femme, le développement de fonds nationaux (FAIJ, FASI, FAPE) qui intègrent le financement des activités des jeunes femmes entrepreneures, l'action du Réseau des Caisses populaires du Burkina Faso (RCPB), les guichets de microfinances des banques commerciales (ECOBANK, BCB, etc.), la mise en place du Programme d'accompagnement des projets de jeunes et de femmes à fort potentiel de croissance (MEBF), la construction de Centres de formation professionnelle des jeunes filles, l'acquisition de technologies au profit des femmes, notamment les groupements et autres organisations féminins. A côté de ces actions qui ont énormément contribué à booster l'action des femmes en matière d'entreprenariat, s'ajoute le regroupement des femmes en associations ou en réseaux.
En effet, depuis près d'une dizaine d'années, les femmes entrepreneures ouest africaines s'organisent de plus en plus en structures faitières (composées d'entreprises individuelles et ou d'associations multifonctionnelles) à l'échelle nationale ou sous régionale. Au Burkina Faso, on rencontre entre autres regroupements, l'Association des femmes entrepreneures, l'Association des femmes chefs d'entreprises, le Réseau des femmes opératrices économiques de l'UEMOA, section Burkina, le Réseau des femmes entrepreneures de l'espace CEDEAO, section Burkina, etc. Ce sont des regroupements qui permettent aux femmes, avec des conditions très souples, d'avoir accès aux financements, aux formations, aux voyages d'études, etc. afin qu'elles puissent mener au mieux leurs activités. Des mesures d'accompagnement Malgré l'existant, plusieurs activités peuvent être organisées au profit des femmes entrepreneures.
On peut citer entres autres : le renforcement des capacités des femmes à travers la mise en oeuvre de Programmes d'alphabétisation, de formations sur les techniques de gestion, le développement de la culture d'entreprise, le développement de l'esprit d'entreprise, la sensibilisation et l'information des femmes sur des thèmes relatifs à l'importance et aux avantages de la formalisation (lisibilité de l'activité, accès aux marchés, accès aux crédits et l'amélioration du climat de confiance avec les partenaires que sont les fournisseurs, les banques, les assurances, les clients...), la conduite d'actions de changement des mentalités afin d'accélérer les actions d'accompagnement des femmes dans les activités génératrices de revenus et enfin, la mise en place d'un fonds d'appui à l'entreprenariat féminin. Mieux programmées et organisées, ces actions vont concourir à booster l'entreprenariat féminin.
Ministère de la promotion de la Femme Pour en savoir plus (873 hits)
04/09/24 à 08h48 GMT