Les investisseurs se ruent sur lesénergies renouvelables et les technologies d'efficacité énergétique.
Les inquiétudes face au changement climatique, l'envolée des prix du pétrole et un soutien accru des gouvernements sont les principaux facteurs qui dopent les investissements dans les énergies renouvelables.Les investisseurs se ruent sur lesénergies renouvelables et les technologies d'efficacité énergétique ; Les transactions ont atteint le chiffre record de 100 milliards de dollars en 2006, selon une étude du PNUE ; Les énergies renouvelables se débarrassent de leur image de secteur marginal ; Les marchés américain et européen dominent, mais la Chine a investi à hauteur de 9 % et les pays en développement à hauteur de 21 %.
Paris, 20 Juin 2007 - Selon une analyse de tendance effectuée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement, les inquiétudes face au changement climatique, l'envolée des prix du pétrole et le soutien accru des gouvernements viennent en tête des facteurs qui dopent la montée en flèche des investissements dans le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.
Selon le rapport, les capitaux investis dans lesénergies renouvelables ont fait un bond prodigieux, passant de 80 milliards de dollars en 2005 au chiffre record de 100 milliards de dollars en 2006. De la même manière,
la croissance du secteur desénergies renouvelables « bien qu'encore instable... ne montre pas de signe de ralentissement ».
Le rapport fournit une multitude de raisons et de données pour expliquer et illustrer cette nouvelle ruée vers l'or qui a vu, en 2006, les investisseurs injecter 71 milliards de dollars dans le développement des entreprises et dans de nouveaux secteurs, soit une hausse de 43 % par rapport à 2005 et jusqu'à 158 % depuis deux ans. La tendance devrait se poursuivre en 2007, avec des investissements estimés à 85 milliards de dollars pour cette année.
A ces 71 milliards d'euros s'ajoutent environ 30 milliards injectés dans le secteur en 2006 grâce à des fusions et à des acquisitions, des rachats d'entreprises et des refinancements d'actifs. Cette activité d'acquisitions, qui récompense les pionniers du secteur, semble indiquer que les marchés sont mieux établis, plus liquides ; selon le rapport, elle aide le secteur à se débarrasser de son image de niche.
Si les sources d'énergie renouvelables produisent actuellement environ 2 % de l'énergie mondiale, elles représentent quelque 18 % de l'investissement mondial dans la production d'électricité, avec en tête l'énergie éolienne. L'énergie solaire et les biocarburants se sont développés plus vite que l'éolien, mais ils sont partis de plus bas.
Lesénergies renouvelables font désormais concurrence au charbon et au gaz en termes de nouvelle capacité installée et la proportion d'énergie produite à partir de sources renouvelables devrait augmenter de façon substantielle à mesure que les dizaines de milliards de dollars de nouveaux investissements porteront leurs fruits.
Le directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, estime que « l'un des messages fondamentaux de ce rapport est que les énergies renouvelables ne sont plus sujettes aux caprices des hausses et des baisses des prix du pétrole : elles sont choisies par un nombre grandissant d'entreprises du secteur énergétique, decommunautés et de pays, indépendamment des coûts des combustibles fossiles.
« L'autre message majeur est que ce n'est plus une industrie dominée exclusivement par les pays développés. Près de 10 % des investissements ont été effectués en Chine, et environ un cinquième au total dans le monde en développement. Nous devrons continuer à progresser en direction de ladécarbonisation de l'économie mondiale. Il est clair qu'en matière d'énergies renouvelables, ces progrès sont en marche. »
Pour Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, « alors que les gouvernements préparent le lancement d'une nouvelle série de négociations sur le changement climatique au-delà de 2012, programmé plus tard dans l'année, le rapport montre clairement que sur fond de débats multiples concernant les « technologies de demain », le secteur de la finance est convaincu que les technologies actuelles ont la capacité de décarboniser et décarboniseront effectivement le bouquet énergétique, pour peu que l'on mette en place les politiques et incitations nécessaires au niveau international. »
Le rapport constitue« un outil stratégique pour comprendre le développement du secteur de l'énergie dans les pays de l'OCDE et dans les pays en développement », commente Michael Liebreich, directeur général de New Energy Finance Ltd, l'un des principaux prestataires de services d'étude et d'analyse des marchés des énergies propres et du carbone qui a préparé le rapport pour la Sustainable Energy Finance Initiative du PNUE, basée à Paris.
Le rapport attribue le boom du secteurà un ensemble de préoccupations mondiales, les premières d'entre elles étant le changement climatique, l'augmentation de la demande d'énergie et la sécurité énergétique.
Il l'impute aussi auxélections américaines de mi-mandat de novembre 2006 qui ont confirmé que les énergies renouvelables étaient désormais une préoccupation générale, les propulsant ainsi au rang de priorité des programmes politiques.
La croissance du secteur aété également stimulée par l'envolée des prix du pétrole qui ont atteint en moyenne plus de 60 dollars le baril en 2006 (bien que l'une des conclusions du rapport soit l'indépendance croissante du secteur à l'égard des prix du pétrole).
« La sensibilisation croissante du consommateur aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique, ainsi que les perspectives d'énergie non seulement plus verte mais moins chère qu'elles offrent à plus long terme, constituent un autre facteur fondamental », explique-t-il. « Mais surtout, les gouvernements et les responsables politiques mettent en place des mesures législatives et des mécanismes de soutien qui favorisent le développement du secteur. »
Parmi les autres points et conclusions majeurs du rapport :
* Les marchés des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique se mondialisent et ont un accès plus facile aux marchés de capitaux ; * Les capitaux proviennent d'investisseurs en capital-risque, de bourses des valeurs et de refinancements internes, signe d'une évolution vers une démarginalisation du secteur ; * Le risque et l'incertitude peuvent être réduits par la diversification technologique et géographique ; * L'efficacité énergétique, marché important mais dans une large mesure invisible, attire de plus en plus l'attention des investisseurs qui prennent conscience du rôle majeur qu'elle peut jouer pour répondre à la demande croissante d'énergie ; * Les investisseurs en capital ont aujourd'hui une vision de la croissance escomptée plus proche de celle des industriels partisans des énergies renouvelables.
L'éolien, le solaire, les biocarburants attirent les plus gros investissements
Les énergies renouvelables qui attirent les plus gros investissements sont l'éolien, le solaire et les biocarburants, « qui reflètent la maturité technologique, les incitations gouvernementales et l'appétit des investisseurs », selon le rapport qui ajoute que l'indice NEX (www.tsx.com/en/nex/) des actions des énergies propres ont augmenté de 64 % en 15 mois (jusqu'en avril dernier).
Les investissements des marchés boursiers dans les entreprises de développement, de commercialisation et de fabrication de technologies ont fait un bond de 140 % en 2006 par rapport à 2005, tandis que les investissements de capital-risque et de capitaux privés ont augmenté de 163 %. Les financements d'actifs et de capacités de production énergétique ont progressé plus sagement de 22,9 % », selon l'analyse.
Le financement des nouvelles capacités de production, principale forme d'investissement dans les énergies renouvelables, a représenté près de 40 % des 70,9 milliards de dollars investis en 2006, signe que le secteur est en train de parvenir à maturité, estime le rapport. La tendance se poursuivra en 2007. La plupart des transactions de financement d'actifs ont visé le secteur relativement développé de l'éolien, suivi en deuxième position des biocarburants (qui ont suscité une vague d'intérêt en 2006).
En 2006, les investisseurs de capital-risque et de capitaux privés ont investi 2,3 milliards de dollars dans les biocarburants, 1,4 milliard dans le solaire et 1,3 milliard dans l'éolien, principalement pour augmenter la capacité de fabrication.
Environ 40 % des capitaux investis dans le solaire ontété consacrés au développement de nouvelles technologies. Dans le secteur des biocarburants, la proportion est d'environ 20 % ; elle témoigne du développement considérable de l'industrie de l'éthanol de maïs aux Etats-Unis, ainsi que des travaux de recherche sur les biocarburants de secondegénération, notamment l'éthanol cellulosique.
Géographiquement, l'investissement dans les énergies renouvelables est surtout réparti entre les États-Unis et l'Europe. Les entreprises américaines bénéficient surtout d'investissements technologiques et privés (avec, en 2006, un net intérêt pour les investissements à grand retentissementdans les biocarburants de la part de capitaines d'industrie comme Vinod Khosla, Bill Gates et Richard Branson). En Europe, ce sont les sociétés cotées en bourse qui ont attiré le plus les bourses de valeurs publiques : 5,7 milliards de dollars, contre3,5 milliards aux États-Unis.
Cette tendance reflète l'enthousiasme plus précoce de l'Europe pour les énergies renouvelables et sa ratification du Protocole de Kyoto, contrairement aux États-Unis et à l'Australie. De même, le soutien gouvernemental est particulièrement fort dans certains pays européens.
La relative maturité des marchés européens explique également la prédominance des activités de fusion-acquisition en 2006, avec des transactions totalisant plus de 20 milliards de dollars en 2006, contre 8,8 milliards aux États-Unis, une grande partie des acquisitions étant le fait d'investisseurs de pays en développement, notamment l'Inde.
Comparant l'essor desénergies renouvelables et des sociétés point-com, le rapport estime que le premier s'appuie sur une demande réelle et un soutien réglementaire accru (ce qui n'est pas le cas des sociétés point-com), des aides financières considérables aux immobilisations corporelles et des revenus en hausse. »
La plupart des investissements dans le secteur de l'efficacité énergétique ont été des financements de démarrage. Les investissements de capital-risque et de capitaux privés ont progressé de 54 % entre 2005 et 2006 pour atteindre 1,1 milliard de dollars. On a également enregistré quelques fusions-acquisitions dans ce secteur, notamment le rachat endécembre de Cellnet, fournisseur américain de solutions de comptage intelligentes, par le groupe australien Bayard pour 705 millions de dollars.
Autres données majeures :
* Ce sont encore principalement les pays de l'OCDE qui contribuent aux investissements dans lesénergies durables, les États-Unis et l'UE ayant représenté à eux deux plus de 70 % de cette activité en 2006. Toutefois, la part des pays en développement est en hausse notable : 21 % du total mondial en 2006, contre 15 % en 2004 ; * La Chine a investi à hauteur de 9 % du total, dopée par le dynamisme des financements d'actifs dans le secteur de l'éolien et de la biomasse, ainsi que dans le secteur des déchets. Les investissements en Chine couvrent toute la palette, du capital-risque aux marchés publics, « traduisant la position de plus en plus proéminente du pays dans le secteurdes énergies renouvelables » ; * L'Inde a un peu de retard sur la Chine, mais elle a été le principal acquéreur d'entreprises étrangères en 2006, essentiellement sur les marchés européens plus établis ; * L'Amérique latine a assuré 5 % des investissements mondiaux, principalement dans des usines de bioéthanol brésiliennes ; * L'Afrique subsaharienne est restée à la traîne des autres régions ; * Les dépenses mondiales en recherche et développement des gouvernements et des entreprises ont augmenté de 25 % pour atteindre 16,3 milliards de dollars ; * Les investissements dansles projets à petite échelle ont progressé de 33 %, passant de 7 milliards de dollars (estimation) en 2005 à 9,3 milliards en 2006.
Les projetsà petite échelle suscitent de plus en plus d'intérêt, notamment en raison des possibilités offertes dans les pays en développement qui semblent devoir tirer le plus de bénéfices d'installations à petite échelle (par ex. panneaux solaires de toiture et microturbines).
« La communauté financière investit à des niveaux qui donnent à penser que la rupture attendue est désormais inévitable dans le secteur de l'énergie », affirme Eric Usher, responsable de l'unité Énergie et Finance de la Division Technologie, Industrie et Économie du PNUE, à Paris. « Cerapport met un terme définitif à l'idée selon laquelle les énergies renouvelables seraient un sujet accessoire, intéressant uniquement les spécialistes de l'environnement. Elles présentent désormais un intérêt commercial pour les investisseurs et les banques. »
« C'est un signe manifeste de la perspective d'un avenir différent pour les marchés actuels de l'énergie, dominés par les combustibles fossiles, ajoute-t-il. Les signes font bouger les marchés et celui qui se cache derrière ces chiffres est que les marchés de l'énergie durable sont en trainde devenir plus liquides, plus mondiaux et moins marginaux. »
Il s'agit d'un développement industriel dans le plein sens du terme, ajoute-t-il, pas une simple amélioration du système énergétique. Cette croissance s'appuie sur une palette de plus en plus large de politiques relatives aux énergies propres et au climat au niveau fédéral, national et municipal.
En ce qui concerne l'efficacité énergétique, les tendances des investissements sont plus difficiles à dégager, mais les impacts de l'amélioration de l'efficacité énergétique peuvent être chiffrés sur le plan économique, fait remarquer Virginia Sonntag-O'Brien de l'initiative de financement des énergies durables (SEFI) du PNUE. Les investissements dans l'efficacité énergétique côté offre et côté demande ont contribué à réduire l'intensité énergétique mondiale, qui a chuté en moyenne de 1 % à 1,5 % par an.
Depuis 1990, l'efficacité énergétique a satisfait la moitié de la nouvelle demande de services énergétiques dans le monde. Ces économies, de 3 milliards de tonnes d'équivalent pétrole, ont une valeur de 6 trillions de dollars sur la base d'un prix moyen du pétrole de 27 dollars. L'enjeu est d'accélérer l'amélioration de l'intensité énergétique de 2 % ou plus soit, en extrapolant jusqu'en 2030, une amélioration de 61 % par rapport à aujourd'hui.
Selon Mohamed El-Ashry, président du réseau d'action pour les énergies renouvelables REN21, « les conclusions de ce rapport ne font que confirmer l'évidence de plus en plus flagrante que les énergies renouvelables sont appelées à jouer dans le bouquet énergétique un rôle beaucoup plus grand que ce qu'un grand nombre croyait. »
Source :
Communiqué :PNUE.
Programme des Nations Unies pour l'Environnement.
Pour en savoir plus :
http://www.unep.fr/shared/docs/publ...
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