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Efficacité énergétique des bâtiments en Chine : un enjeu de taille.



  • En 2005, l'énergie nécessaire pour le chauffage, la climatisation, la ventilation et l'éclairage des 40 milliards de mètres carrés de surface construite en Chine a représenté près du tiers de la consommation énergétique totale du pays, contre 10% dans les années 1970.Le chauffage et la climatisationà eux seuls comptent pour 55% de cette consommation. Or une grande partie est perdue du fait de la mauvaise isolation d'une majorité des bâtiments, du mauvais réglage des installations et des comportements de gaspillage.

    Uneétudiante sur son blog décrit un cas extrême mais courant : « à Pékin l'on est bien chauffé, trop bien même (...) l'autre jour, en entrant dans un bureau de l'université, j'ai découvert que les employés, pour avoir moins chaud avaient mis... la climatisation à fond ! » 30% de la chaleurgénérée par les chauffages conventionnels serait directement perdue, et 7 autres pour cent s'échappent par les fenêtres que les résidents laissent ouvertes pour rafraîchir des appartements surchauffés... L'utilisateur final ne paie pas l'intégralité du chauffage qui est largement subventionné par les municipalités. Il y a très peu de compteurs en Chine où la facture est le plus souvent fixée proportionnellement à la surface habitée. Des programmes pilotes d'amélioration de la tarification sont en cours qui devraient responsabiliser les utilisateurs.

    Rénover pour isoler

    L'Agence Française de Développement soutient depuis 2001 un programme d'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments. 300 logements ont été réhabilités à Harbin et Heihe, villes du Heilongjiang où les températures descendent fréquemment à -30 : remplacement des fenêtres, installation de ventilations performantes et isolation des façades. L'économie d'énergie est de 50%. Pour limiter les dépenses, un système très ingénieux a été inventé. Un sixième étage a été construit au sommet des immeubles existants et c'est le gain réalisé lors de la vente des appartements neufs qui a servi à financer les travaux de réhabilitation.

    En matière de bâtiments neufs, l'état a émis des normes thermiques différenciées selon cinq grandes zones climatiques. Dans les régions froides, totalisant environ 60% du parc urbain de logements, un premier train de normes datant de 1986 visait la réduction de 30% de la consommation énergétique.N'étant pas obligatoires, ces normes ont enregistré un taux d'application inférieur à 1%. En 1996, une deuxième série de normes obligatoires fixait l'objectif de 50% d'économie d'énergie en matière de chauffage par rapport aux logements non isolés thermiquement. Des villes comme Pékin etTianjin ont élaboré et promulgué un troisième train de normes locales, avec un objectif encore plus ambitieux de 65 % d'économie d'énergie. Il existe en outre depuis 2005 des normes pour les bâtiments publics, y compris bureaux, hôtels, centres commerciaux, gares et aéroports. Elles visentla réduction de 50% de la consommation en matière de chauffage, de climatisation et d'éclairage. Mais comme l'explique Thierry Devillier directeur du Centre de formation franco-chinois aux métiers de l'énergie à Pékin, « la réglementation n'est pas connue. Il y a un grand manque de formation et d'informations des bureaux d'études et des étudiants ». Il ajoute qu'« à l'heure actuelle en Chine des organismes vérifient la conformité des installations à ce qu'a demandé le constructeur et son bureau d'études, mais pas la conformité aux normes ! ». Le taux d'application n'atteindrait aujourd'hui que 20% selon le ministère de la construction.

    Améliorer des techniques simples et bien penser la conception

    Si les travaux pour réaliser des bâtiments économes représentent parfois un investissement que les donneurs d'ordre rechignent à payer, l'amélioration de techniques anciennes entraîne parfois des résultats exemplaires. A Heihe, un autre programme de l'AFD a permis de diviser par deux la consommation d'énergie de 20 maisons rurales. La technique traditionnelle de chauffage par passage des fumées de cuisson sous le grand lit familial (kang) a été reprise et complétée par un mur chauffant au milieu de la maison. Dans la résidence Sun Star City à Pékin, une réflexion au niveau du plan des bâtimentsa permis d'obtenir des gains significatifs, sans surcoût de construction. 240 000 m2 de logements ont été conçus pour optimiser l'exposition au soleil et pour éviter les pertes de chaleur dans les cours d'escaliers et en façade. L'isolation des murs, la pose de double vitrage et l'installationde la ventilation ont engendré un surcoût de 9% mais l'économie d'énergie atteint 65% pour le chauffage.
    Selon les estimations démographiques, autour de 2025, environ 60 % de la population chinoise devrait vivre en ville, contre 45 % aujourd'hui. Le pays va devoir loger autour de 400 millionsd'urbains supplémentaires en une quinzaine d'années. L'enjeu énergétique et environnemental est de taille.

    Source :www.novethic.fr

    Vanina Pomontià Pekin (Chine)

    Mis en ligne le : 30/07/2007
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