Communiqué de presse Oxfam – 28 Avril 2008
« Une aide urgente est nécessaire pour répondre à la menace directe
qui pèse sur les plus pauvres en raison de la montée des prix
alimentaires. Mais l'argent ne suffit pas. Les leaders mondiaux doivent
saisir cette opportunité pour s'attaquer aux problèmes structurels tels
que le manque d'investissement dans l'agriculture et les règles
inéquitables qui régissent le commerce. Ce sont là les vrais facteurs
d'aggravation de la crise. », a affirmé Céline Charveriat, Directrice
adjointe du Plaidoyer d'Oxfam International.
Le Président de la
Banque Mondiale Robert Zoellick et le Directeur Général de l'OMC Pascal
Lamy, ainsi que les dirigeants de vingt autres institutions majeures,
composent le panel réuni pendant deux jours par le Secrétaire Général
de l'ONU Ban-Ki Moon. Oxfam leur lance un appel afin qu'ils prennent en
compte les solutions structurelles au problème, privilégiant une
réponse durable à la crise en saisissant cette opportunité de réforme.
L'une
des principales recommandations d'Oxfam est de mettre fin aux
obligations actuelles des pays riches en matière de biocarburants,
ceux-ci alimentant la spéculation et la montée des prix. Les experts
ont avancé que les objectifs affichés concernant l'utilisation de ces
biocarburants pourraient amener 600 millions de personnes
supplémentaires à souffrir de la faim à l'horizon 2025.
Céline Charveriat ajoute: « Les biocarburants ne constituent pas
seulement une cause majeure de la montée des prix mais ils sont
également liés à des violations du Droit du travail et à des
appropriations illégales de terres dans les pays en développement. De
plus, la recherche a montré qu'ils constituent un facteur aggravant
dans le processus de changement climatique. Dans ce contexte, il est
tout à fait absurde de fixer des objectifs contraignants quant à
l'utilisation des biocarburants. »
Oxfam accuse en outre les
pays riches et les institutions internationales d'hypocrisie lorsque
ceux-ci critiquent les choix politiques des pays pauvres, alors qu'ils
se refusent à reconnaître leur propre culpabilité.
« L'Union
européenne, les Etats-unis et la Banque Mondiale ont critiqué les pays
en développement pour avoir mis en place des interdictions
d'exportation mais ils n'ont pas remis en question leurs propres
agissements. Des dizaines d'années de libéralisation forcée et de
dumping ont augmenté la dépendance des pays pauvres vis-à-vis des
importations alimentaires ainsi que leur vulnérabilité face aux chocs.
Les interdictions à l'exportation ne constituent probablement pas la
réponse idéale, mais elles sont leur seule alternative en l'absence de
prise en compte globale du problème. », affirme Céline Charveriat.
Oxfam
appelle à la mise en place de règles commerciales plus équitables ainsi
qu'à un investissement accru dans le secteur agricole des pays en
développement, axé spécifiquement sur les petits producteurs et les
femmes. Les donateurs devraient diriger leur aide en ce sens et
favoriser la mise en place de filets de sécurité et de mécanismes de
protection sociale pour les plus fragilisés.
Oxfam attire
l'attention sur le fait que les irrégularités dues au changement
climatique pourraient causer davantage de perturbations dans le
secteur de la production alimentaire mondiale et ainsi hypothéquer la
réduction de la pauvreté dans le futur. A moins que des mesures
immédiates et radicales soient prises.
Charveriat conclut: «
Les pays riches doivent prendre leurs responsabilités et s'attaquer au
changement climatique en augmentant le financement des programmes
d'adaptation et en prenant des mesures immédiates pour limiter le
réchauffement futur. Le moment est également venu de revoir le système
de l'aide alimentaire dans son ensemble. Celui-ci s'est avéré peu
efficace et a engendré la dépendance de nombreux pays. »
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