Les pays du G8, réunis les 8 et 9 juillet 2009 à L'Aquila (Italie), ont esquissé un petit pas par rapport à leur réunion de 2008 en ce qui concerne la question climatique : les chefs d'Etat et de gouvernement ont, pour la première fois, "reconnu" que "l'accroissement de la température globale moyenne ne devrait pas dépasser les niveaux pré-industriels de plus de 2°C". Ils ont soutenu aussi "un objectif des pays développés de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% ou plus en 2050 par rapport à 1990 ou à des années plus récentes". Cependant, ils n'ont pas réussi à s'entendre sur un objectif des pays riches pour 2020, ce qui a empêché un accord avec les grands pays émergents.
Pour parvenir à contenir le réchauffement dans une limite conforme aux recommandations du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), il faut impérativement réduire le niveau mondial des émissions d'au moins 50 % d'ici à 2050 par rapport à 1990. Or, la réunion du Forum des économies majeures (MEF) regroupant les 17 pays responsables de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (les membres du G8 et les grands émergents comme la Chine, l'Inde, la Corée du Sud ou le Brésil), qui s'est tenue le 7 juillet au soir, en prélude au G8, n'a pas retenu l'objectif global d'une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre en 2050. Les grands pays du Sud (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud) subordonnaient en effet un engagement de leur part à la définition d'un objectif des pays du Nord à l'horizon 2020. Un geste que ne pouvait consentir Barak Obama, qui ne veut pas exciter les forces qui s'opposent, aux Etats-Unis, au projet de loi sur le climat, lequel doit passer l'épreuve du Sénat. Le communiqué du G8 se contente donc, pour 2020, de parler "de réductions robustes, agrégées et individuelles". La mise au point d'un traité sur le climat devant prendre la suite du protocole de Kyoto, en décembre, à la conférence de Copenhague, s'annonce donc difficile.
L'échec de la réunion du MEF est révélateur du désaccord existant entre les pays émergents et les pays occidentaux sur la répartition de l'effort à fournir en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Avant son départ pour L'Aquila, le chef du gouvernement indien, Manmohan Sing, avait ainsi souligné qu'avec le réchauffement climatique "nous assistons aujourd'hui aux conséquences de plus de deux siècles d'industrialisation et d'un mode de vie consumériste dans les pays développés", avant d'ajouter que ceux-ci "doivent assumer leurs responsabilités historiques". Autrement dit, les pays du Sud emmenés par l'Inde et la Chine refusent de payer la facture d'un réchauffement climatique en lieu et place des pays du Nord. Et ce d'autant plus qu'ils refusent de "sacrifier la croissance économique à la seule fin de réduire les émissions", soupçonnant les pays riches, sous couvert de diatribes environnementales, de tenter d'entraver leur développement économique et social.
La responsabilité des pays occidentaux est écrasante. Un habitant des États-Unis émet en moyenne 24 tonnes de CO2 par an. Un Canadien, 16 tonnes, un Européen en moyenne 10 tonnes, un Français 6 tonnes %u2013 en raison de la prédominance du nucléaire dans la production de l'électricité %u2013, alors qu'un Chinois émet moins de 5 tonnes et un Mexicain à peine 4 tonnes.
Les engagements des Occidentaux restent bien en deçà de leur part de responsabilité dans le renforcement de l'effet de serre. La loi sur le changement climatique adoptée par la Chambre des représentants des États-Unis, le 26 juin dernier, prévoit de ne réduire que de 17% d'ici à 2020 le niveau des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005 (soit une baisse de seulement 7% si l'on se réfère au niveau de 1990). Plus ambitieuse, l'Europe, avec "son paquet énergie climat", s'est fixé un objectif de réduction de 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990. Mais cela reste en dessous des recommandations du GIEC qui souhaitait entre 25 et 40%.
Derrière le peu d'empressement des pays occidentaux à mettre en oeuvre les mesures qui s'imposent pour contenir le réchauffement climatique se cache leur refus de remettre en cause le système économique. Et pour cause : s'assurer un rythme de croissance du PIB de 3% par an sous-entend doubler la consommation d'énergie des pays développés d'ici à vingt ans. Ce qui est peu compatible avec la réduction des émissions de CO2...
Source : Observatoire du Sahara et du Sahel
Par Bassem SAADALLAOUI, Jeune Reporter Mediaterre
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