Appel conjoint de la France et de l'Ethiopie, représentant l'Afrique, Pour un accord ambitieux à Copenhague Mardi 15 décembre 2009
La France et l'Ethiopie, représentant l'Afrique, lancent aujourd'hui un appel à toutes les Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique à adopter un accord ambitieux le 18 décembre, limitant la hausse des températures à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, comme le recommande le GIEC, et garantissant que les pays vulnérables recevront les financements suffisants pour faire face à ce défi.
Cet accord sera applicable immédiatement. Il sera traduit en instrument juridique international aussi vite que possible en 2010. L'accord de Copenhague doit privilégier l'efficacité, ainsi que la justice et l'équité.
La France et l'Ethiopie, représentant l'Afrique, appellent donc à :
- la réduction de 50% des émissions globales de CO2 d'ici 2050 par rapport à 1990. Cet objectif implique, selon le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités de chacun, que les pays développés s'engagent à réduire leurs émissions de 80% au moins d'ici 2050 et à adopter des objectifs de moyen terme cohérents et comparables ; et que les pays en développement les plus avancés adoptent des plans ambitieux de croissance faible en carbone et des actions permettant une déviation substantielle de la croissance de leurs émissions par rapport au scenario " business as usual ", de manière compatible avec les recommandations du GIEC.
- la transparence totale des engagements pris par les pays développés et des actions adoptées par les pays en développement.
- l'adoption d'un fonds "fast start " doté de 10 Mds$ par an pour les trois années 2010, 2011 et 2012. Ce fonds financera les actions d'adaptation et d'atténuation, y compris la lutte contre la déforestation, dans les pays en développement, principalement dans les pays pauvres et vulnérables. 40% de ce fonds sera consacré à l'adaptation en Afrique. 20% du fonds sera dédié à la mise en oeuvre rapide de " REDD " afin d'atteindre l'objectif de réduire la déforestation de 50% d'ici 2020 et de l'arrêter d'ici 2030. Un groupe de haut niveau, mandaté par la Convention climat des Nations Unies, comprenant des représentants des pays développés et en développement, mettront au point les détails de l'architecture financière aussi vite que possible, afin de lancer ce fonds d'ici au prochain Sommet du G20 au Canada, après examen et approbation par la Convention climat des Nations Unies.
- un engagement sérieux sur l'aide publique de long terme en faveur des pays en développement, fondé sur leurs besoins exprimés pour la période post-2012. Les financements disponibles à partir de 2013 devront être prévisibles et additionnels. La France et l'Ethiopie, représentant l'Afrique, estiment que divers mécanismes innovants de financement sont la clé pour assurer prévisibilité et soutenabilité des efforts publics internationaux. Nos deux pays appellent, en particulier, à la création d'une taxe sur les transactions financières internationales et considèrent aussi d'autres sources, comme les taxes sur les transports maritimes et aériens. Ces mécanismes seront principalement dédiés à des actions dans les pays pauvres et vulnérables, particulièrement l'Afrique, les pays les moins avancés, les petits Etats insulaires et d'autres pays en développement ayant un revenu par habitant faible, à travers un Plan Justice Climat. Un groupe de haut niveau comprenant des représentants des pays développés et en développement feront des recommandations en la matière. Ils présenteront un rapport préliminaire au plus tard au prochain Sommet du G20 au Canada et un rapport final au plus tard au Sommet du G20 de Corée, en novembre 2010. Ce rapport sera soumis à l'examen et à l'approbation de la Convention climat des Nations Unies.
Les besoins de financement de long terme pour l'atténuation et l'adaptation dans les pays en développement sont estimés à au moins 50 milliards d'euros d'ici 2015 et 100 milliards d'euros d'ici 2020. Au-delà des financements publics, la France et l'Ethiopie, représentant l'Afrique, encouragent le développement des marchés du carbone, qui seront une source majeure des flux de capitaux et d'investissements entre le Nord et le Sud.
- une réforme ambitieuse de la gouvernance mondiale. La Conférence de Copenhague offre une occasion historique de lancer un processus conduisant à la mise en place d'une Organisation mondiale de l'Environnement. Elle garantira que l'environnement, le développement durable et la lutte contre le changement climatique resteront une priorité de l'agenda international, au-delà de la Conférence des Parties de Copenhague. La création de cette Organisation sera un pas en avant pour adapter la gouvernance mondiale aux enjeux et aux réalités du 21ème siècle.
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