L'avant dernier jour de la 10ème Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP-10), les négociateurs ont tenté de résoudre les dernières questions en suspens du projet de décision concernant le Plan stratégique 2011-2020 de la Convention. Parmi eux, l'important 20ème objectif du Plan, portant sur les ressources nécessaires à sa mise en oeuvre. Deux nouvelles propositions de texte, élaborées par le Brésil et la Norvège, ont constitué le point de départ des discussions hier soir, donnant lieu à un vif débat sur la nature des objectifs (chiffrés ou non) à adopter.
La première option demande que les ressources, de toutes sources, soient augmentées de manière substantielle par rapport au niveau actuel, d'ici à 2020, pour atteindre au moins 200 milliards de dollars. La proposition de Norvège n'inclut pas d'objectif chiffré ; les ressources (financières, humaines et techniques) devraient augmenter au moins conformément aux objectifs de la stratégie sur la mobilisation des ressources. La Suisse s'est opposée à la proposition du président du Groupe de travail d'inclure les deux options dans le texte, argumentant que les formulations vont à l'encontre des orientations politiques émises par les ministres suite aux consultations de haut niveau jeudi. Concernant la mobilisation des ressources, ces orientations appellent les Parties à accroitre le financement public, supplémenté par d'autres sources, mais aussi à évaluer les besoins actuels de financement. Cette évaluation devrait donner lieu, ultérieurement, aux objectifs chiffrés.
De nombreux pays en développement (tels que le Groupe africain et l'Inde) ont appuyé la proposition brésilienne, insistant sur le besoin d'objectifs chiffrés dès le départ. L'Union européenne a formulé une troisième alternative, en concordance avec les orientations ministérielles évoquées par la Suisse : D'ici à 2020, les ressources (financières, humaines et techniques) pour l'application efficace de la CDB et son plan stratégique 2011-2020 seront augmentées de manière significative, de toutes les sources, y compris les mécanismes financiers novateurs, par un processus consolidé et convenu, et par rapport à un niveau de référence. L'Australie et le Canada ont soutenu la proposition européenne. L'Australie a souligné l'importance de convaincre les ministres des finances du rationnel et de la faisabilité des objectifs chiffrés choisis.
Comme cet échange de vues n'a pas abouti à un consensus, le président du groupe a précisé que le débat et les options exprimées seront enregistrés dans le rapport final de la réunion.
Outre ces divergences non-résolues, les négociateurs ont pourtant réussi à se mettre d'accord sur d'autres questions essentielles du plan, par exemple : l'élimination des subventions néfastes pour la diversité biologique, l'utilisation durable des ressources naturelles, l'elimination de la surpêche, le contrôle des espèces exotiques envahissantes, la reduction des pressions anthropiques exercées sur les récifs coralliens et autres écosystèmes vulnérables marins et côtiers, l'amélioration de l'état de conservation des espèces menacées, la sauvegarde des écosystèmes qui fournissent des services essentiels, la restauration des écosystèmes dégradés. De plus, d'ici à 2020, les connaissances, la base scientifique et les technologies associées à la diversité biologique, ses valeurs et son fonctionnement, son état et ses tendances, et les conséquences de son appauvrissement, doivent être améliorées, largement partagées, transférées et appliquées.
Laura Baroni, UICN, pour l'IEPF
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