Lors de la 21e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, la Russie a déposé une résolution afin de promouvoir " les valeurs traditionnelles " comme base des droits humains. Ce projet représente une menace pour les droits humains et en particulier pour les droits des femmes d'autant que plusieurs expert-es de l'ONU ont souligné à cette occasion que les valeurs traditionnelles sont souvent invoquées par certains États pour justifier des violations de droits humains, telles que la violence familiale, le viol conjugal, le mariage forcé et les mutilations génitales féminines.
En 2011, le Conseil des droits humains a mandaté son Comité consultatif afin de préparer un rapport sur les valeurs traditionnelles. Aujourd'hui, la Russie veut présenter cette nouvelle résolution avant que le Comité consultatif n'ait terminé ce rapport. La résolution russe est donc prématurée et constitue ainsi un vice de procédure.
Par ailleurs, un rapport préliminaire du Comité consultatif est très critique vis-à-vis des droits humains traités avec une approche de valeurs traditionnelles, qualifiant ces dernières de " vagues, subjectives et imprécises " et notant que " les personnes les plus marginalisées et démunies sont celles qui ont le plus à perdre d'une approche des droits humains fondée sur des valeurs traditionnelles ".
L'ébauche de la résolution russe ne reconnaît pas que plusieurs pratiques incompatibles avec les droits humains découlent des valeurs traditionnelles. Si cette résolution est adoptée, il y a de grandes probabilités qu'à l'avenir, certains gouvernements utiliseront les " valeurs traditionnelles " pour légitimer la limitation des droits humains sur leur territoire. Cette résolution pose en tant que telle un problème de gouvernance et de démocratie.
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