Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050 pour l'IEPF
Doha... Chronique d'un accouchement aux forceps mais d'un accouchement quand même.
Le paquet de Doha est arrivé ... la fête est triste mais l'histoire n'est pas encore terminée malgré ce que certains affirment.
Toutes les voix se lèvent unanimement pour protester sur la médiocrité et la faiblesse des décisions qui viennent d'être prises, qu'il s'agisse des objectifs de réduction, des financements, de l'équité ou de la responsabilité des pays historiquement responsables du changement climatique.
C'est un fait qui ne peut être discuté par personne. Doha a brillé par son manque d'ambition et son manque d'honnêteté.
Doha est une nouvelle étape de la folie collective dans laquelle nos dirigeants et nos modes de consommations et de productions nous emmènent. Nous savons tous que les conséquences vont au-delà même de ce que nous pouvons imaginer. Nous savons tous que le coût de l'action serait mille fois moins important que le coût, demain, de la réparation. Et pourtant d'année en année nous glissons sur une pente déraisonnable et chemin faisant, la vitesse de la descente se fait plus rapide comme en témoigne les évènements extrêmes et les crises auxquelles nos sociétés sont confrontées qui se multiplient de jour en jour.
Les conséquences des changements climatiques sont déjà visibles et elles défraient les chroniques presque quotidiennement. Tout cela aurait dû à minima interpeller nos dirigeants sur le fait que d'une façon ou d'une autre l'addition devra être payée par quelqu'un.
Continuer à imaginer qu'un pays sera à l'abri ou sera moins touché que les autres tiens de la plus évidente imbécilité. Laisser les pays en développement avec de nouveaux fardeaux qui ne font que renforcer les difficultés auxquelles les populations sont déjà confrontées tient autant de l'égoïsme que de l'immoralité.
Il ne s'agit pas ici de distribuer des bons et des mauvais points. Notre histoire collective s'en chargera. Les emails reçus et les documents qui commencent à circuler sont sans appels. Doha n'a pas fonctionné. Certains sont en colère, d'autres abattus. Tous regrettent.
Doha pouvait-il faire mieux ? Oui assurément même si chacun savait que les échanges seraient difficiles compte tenu de divergences caricaturales. Certains délégués avaient d'ailleurs tentés dès le début de minimiser les objectifs pour être sûr de ne pas avoir à s'engager.
Doha aurai-t-elle du faire mieux ? Oui assurément et à la mesure de l'urgence. Inutile de refaire la démonstration. Les faits, les chiffres, les risques, les conséquences ont été répétés jusqu'à l'ivresse.
Le Vice premier ministre du Qatar Abdallah Al-Attiya, qui préside la COP18, a annoncé hier qu'un accord avait été trouvé. En pratique, les décisions ont été adoptées " à toute vitesse " sans que les Parties présentes aient eu le temps de formellement se positionner. Le mécontentement est général et certains ont même parlé d'un incident diplomatique majeur.
Les médias ont tous rapportés la phrase du délégué russe "c'est la première fois que je vois un tel précédent". Les américains signaleront immédiatement leur désaccord. Le Président de la COP répondra en session "les décisions adoptées reflètent la volonté des parties dans leur ensemble".
Nous irons dans le détail des différentes décisions prises dans une prochaine analyse. Pour faire court et comme indiqué ci-dessus, nous pouvons dire : pas d'ambition, pas de financements, peu ou pas d'engagements, d'innombrables options pour que chacun fasse un peu ce qu'il veut et pas de mécanisme de compensation pour les pays les moins avancés.
Au-delà du sentiment d'avoir perdu encore une fois une bataille, je fais quand même partie des personnes qui pensent que nous avons évité le pire car les parties prenantes restent encore autours de la table et ont une enceinte pour continuer à travailler. Un clash complet aurait posé plus de problèmes que de solutions.
Connie Hedegaard, la Commissaire européenne au climat déclarera hier sur Tiwtter : "Un parcours pas facile. Un parcours pas joli. Un parcours pas très rapide. Mais nous avons pu franchir le pont. Maintenant nous devons aller plus vite" -("Not an easy ride. Not a beautiful ride. And not a very fast ride. But we managed to cross the bridge. Now we need more speed.")
Comme je l'avais écrit à l'issue de Durban rien ne pourrait être pire que de baisser les bras car nul doute que cela ne pourrait que servir les pays et les acteurs qui délibérément torpillent et veulent détruire les rares avancées. ENERGIES 2050 continue et continuera à se mobiliser dans ce combat.
Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050, le 9 décembre 2012 à 8h00
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