[KAMPALA] Scientifiques et décideurs politiques
pourraient bientôt bénéficier de nouvelles informations sur la façon
dont le climat et les glaciers des montagnes de l'Afrique interagissent
et impactent les communautés locales, grâce à une expédition de deux
semaines dans les montagnes du Rwenzori, dont le coup d'envoi a été
donné le 18 janvier dernier.
Situées dans le sud-ouest de l'Ouganda, à la frontière avec la
République démocratique du Congo, les montagnes du Rwenzori, également
connues sous le nom de montagnes de la lune, sont connues pour leurs
glaciers qui rétrécissent.
Selon certains scientifiques, les glaciers des montagnes du Rwenzori pourraient disparaître dès le milieu des années 2020
"Le rétrécissement de ces glaciers uniques en Afrique, avec la perte
évidente d'approvisionnements durables en eau, représente une menace
majeure pour les communautés locales", résume Luc Hardy, chef de
l'expédition et fondateur de Pax Arctica, une organisation qui promeut la sensibilisation sur l'impact des changements climatiques sur des régions de l'Arctique.
Des études ont par ailleurs montré que les superficies des glaciers des
montagnes du Rwenzori sont passées de 7,5 kilomètres carrés en 1906 à
moins de 1 kilomètre carré en 2003. Il est urgent d'entamer des efforts
de recherche afin de déterminer l'impact des glaciers sur les
écosystèmes de montagne et les conséquences de leur disparition, insiste
Luc Hardy.
L'équipe de quatre personnes - dont des experts du Centre de ressources
de montagne de l'Université de Makerere et de Green Cross International -
recueillera des données sur la largeur, la longueur et l'épaisseur de
la glace, les espèces végétales de la région et l'acidité du sol. Des
photos et vidéos de l'étude seront données au Centre des ressources de
montagne de l'Université de Makerere, dont les capacités de surveillance des glaciers seront renforcées par l'expédition.
L'équipe espère sensibiliser sur les glaciers en disparition en Afrique
et sur la crise de l'eau dans le monde, d'après une déclaration
conjointe faite par Pax Arctica, l'Université de Makerere et Green Cross
International.
Pour Chebet Maikut, directeur adjoint de la Cellule des changements climatiques au ministère ougandais de l'eau et de l'environnement,
"l'étude de démonstration éclairera les décideurs sur les politiques à
adopter et les mesures que la communauté est encouragée à prendre".
"Les résultats informeront par ailleurs notre allocation budgétaire et
la façon dont nous signons des accords avec nos voisins, au vu de la
nature transfrontière de certaines de ces ressources".
En mai 2013, le fleuve Nyamwamba, dans le district de Kasese, situé au
pied de ces montagnes, est sorti de son lit, faisant quatre morts et
provoquant le déplacement de 1500 personnes. Les communautés locales ont
attribué l'inondation à la fonte des glaciers du Rwenzori.
Toutefois, pour Richard Atugonza, étudiant auprès du Centre des
ressources de montagne de l'Université de Makerere et membre de
l'expédition, des recherches ont établi que la fonte des glaciers
n'était pas à l'origine des inondations, notamment parce que le plus
grand volume d'eau de fonte du Rwenzori est sur le versant congolais de
la chaîne.
Guide de montagne, Enock Bwambale regrette que la montagne perde de sa
beauté avec la fonte des glaciers, les recettes touristiques étant
également en baisse.
Article produit par la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.
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