Par l’Awid
À l’ouverture de la 58e édition de la Commission du statut des femmes de l'Onu (CSW58) en mars 2014, une forte volonté de réaliser les droits des femmes et l’égalité des genres pour les femmes et les filles.
Le Président de la CSW58, Libran Cabactulan des Philippines, a prononcé le discours d’ouverture de la session de cette année en déclarant que les progrès réalisés à ce jour par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) se sont avérés lents et inégaux pour les femmes et les filles. Il a indiqué qu’il convient désormais de lancer une discussion franche quant aux raisons du manque de progrès, afin d’y tirer les enseignements pertinents et de trouver des moyens d’accélérer, dans le temps qu’il nous reste, l’avancement des OMD relatifs aux femmes et aux filles. Il a incité les États membres à faire plein usage des délibérations de la Commission pour revoir leur engagement et élaborer des recommandations pratiques à l’appui des femmes et des filles.
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a pris la parole devant la Commission pour exprimer que « [n]ous avons réalisé d’importants progrès, mais il reste encore tant à accomplir et peu de temps pour le faire. » Ainsi, en dépit des progrès accomplis, de profondes inégalités subsistent : les femmes continuent de gagner moins que les hommes et d’être moins nombreuses dans les postes décisionnels. Par ailleurs, le Secrétaire général s’est dit particulièrement inquiet de l’état de l’assainissement, en soulignant que plus de 2,5 milliards de personnes vivent dans des conditions sanitaires inadéquates, et que les femmes et les filles sont différemment préjudiciées par ce problème. Il a de surcroît plaidé pour la fourniture de services de qualité en matière de reproduction et de sexualité, ainsi que pour la défense des droits reproductifs des femmes. Bien que la santé maternelle s’améliore et que la mortalité infantile a baissé de manière significative, trop de femmes et de filles de pays en développement continuent de perdre la vie inutilement chaque jour à la suite de complications liées à la grossesse. Il a en outre évoqué le très important lien entre la violence à l’égard des femmes, et le VIH et sida, en attirant l’attention sur le fait que davantage de jeunes femmes que d’hommes sont infectées par le VIH, et que trop peu de jeunes femmes connaissent l’existence du VIH et sont en mesure de négocier l’utilisation du préservatif. À moins de deux ans de l’échéance des OMD, il a mis en relief l’importance de défendre les droits des femmes dans le programme de l’après-2015, car, a-t-il expliqué, « on ne pourra assurer la dignité pour tous et toutes tant que les inégalités entre les hommes et les femmes, sous toutes leurs formes, ne sont pas éliminées. Je compte sur vous pour défendre les droits humains des femmes et des filles ».
La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, s’est également adressée à la Commission en communiquant que l’égalité pour les femmes constitue un acquis pour tous et pour toutes et que mettre fin à la discrimination contre les femmes et les filles s’agit d’un objectif de première importance. Les OMD ont joué un rôle important en ce qu’ils ont montré l’importance de placer l’égalité des genres au cœur du développement. Cependant, les obstacles structurels persistent. La Directrice a de surcroît reconnu certaines des défaillances des OMD, dont l’omission de la violence à l’égard des femmes (VAW), le manque de reconnaissance de l’économie soignante, et le déni de la santé et des droits en matière de sexualité et de reproduction (SRHR). Ces lacunes ont constitué de sérieux obstacles à l’autonomisation des femmes et à l’égalité des genres. Mettre fin aux grossesses précoces et aux mariages forcés précoces, ainsi que s’attaquer au problème du VIH et du sida, constituent d’importants défis à relever. Elle a aussi soulevé le problème persistant du manque d’assainissement, ainsi que le besoin de systématiquement prendre en compte et d’appuyer les organisations féminines à tous les niveaux. Les OMD ont souligné les raisons pour lesquelles l’égalité des genres doit être acceptée en tant que priorité mondiale. Elle a en outre exprimé que les États membres et les organisations de la société civile (OSC) appuient l’idée de faire de l’égalité des genres une cible distincte dans le programme de développement de l’après-2015. Cette cible aborderait notamment le droit des femmes et des filles de vivre à l’abri de la violence, d’avoir accès aux actifs et aux ressources, ainsi que de bénéficier d’une égalité en matière d’autonomie, d’influence et de leadership. Elle a incité la CSW58 à adopter des mesures audacieuses de façon à dégager des résultats solides et porteurs d’avenir pour la transformation sociale.
Evénements de l’Awid
Un grand nombre de participant-e-s ont pris part à l’événement coorganisé par l’AWID, Protéger les femmes défenseures des droits humains : Transformer la résolution en solutions, qui se voulait être un espace de discussion à propos des liens entre le thème de la CSW58 et le rôle des femmes défenseures des droits humains dans le programme de développement pour l’après-2015.
Chacun-e des présentat-eur-rice-s a souligné l’importance de la toute première résolution sur la protection des femmes défenseures, adoptée en décembre dernier par l’Assemblée générale des Nations Unies, qui fait clairement comprendre que la violence à l’égard des fémmes défenseures n’est en aucun cas acceptable. Cela dit, les présentat-eur-rice-s ont ajouté que, bien qu’il s’agisse d’un pas important dans la bonne direction, le véritable travail reste encore à faire relativement à la sensibilisation du public à cet enjeu et pour s’assurer que la résolution protège véritablement les fémmes défenseures.
Sussan Tahmasebi du International Civil Society Action Network (Réseau international d’action de la société civile, ICAN) a traité des risques particuliers auxquels sont confrontées les fémmes défenseures de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) étant donné : l’ampleur des fondamentalismes, les menaces en provenance d’acteurs étatiques comme non étatiques, et la culture d’impunité et de non-responsabilisation dans cette région.
CristinaHardaga Fernandaz de JASS, Just Associates, a mis en lumière les risques particuliers auxquels font face les fémmes défenseures à cause de leur identité ou de la nature de leur travail, en expliquant que les fémmes défenseures sont souvent des femmes autochtones qui n’ont pas accès aux services, qui essaient de changer les choses en travaillant au sein des communautés et en s’attaquant aux préjugés, démontrant ainsi le caractère bien particulier de leur situation. Le défi à relever consiste à veiller à ce que les fémmes défenseures soient en mesure de poursuivre leur travail à l’abri de la violence et de la discrimination. L’élément clé de son intervention concernait le besoin de créer des approches novatrices à la protection, comme l’Initiative méso-américaine des femmes défenseures des droits humains(IMD), qui favorisent les collaborations fructueuses, qui créent des mécanismes qui empêchent les fémmes défenseures de devoir s’exiler de leur pays et de leur famille, et qui permettent de comprendre les liens entre les droits humains et le développement.
John Hendra d’ONU Femmes a souligné que tous les États sont responsables de : fournir aux fémmes défenseures un environnement de travail favorable et sans violence, reconnaître l’importance des fémmes défenseures et le bien-fondé de leur travail, et donner aux fémmes défenseures un accès à la justice. En ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution, on compte parmi les secteurs de travail clés : la sensibilisation du public aux enjeux de la résolution ; le renforcement des mesures législatives, des cadres de politiques et des mécanismes aux échelles nationale et régionale ; et le soutien du travail des fémmes défenseures sur le terrain. Hendra a mis en relief que le développement n’est pas possible à l’extérieur d’une approche fondée sur les droits, et que le nouveau programme de développement doit s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté et de l’inégalité.
Plaidoyer
Les défenseur-e-s et organisations de droits des femmes suivent attentivement les délibérations et recueillent les renseignements qui les aideront à influencer les négociations en vue d’un solide document final des Conclusions concertées.
[POST2015G]