La Convention relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau (« Convention de Ramsar »), a adopté son 4e plan stratégique, les précédents ayant été adoptés en 1996 (premier plan), 2002 et 2008. Ces plans quinquennaux ont pour but de guider les États parties dans les actions nécessaires à la concrétisation des objectifs de la Convention, lesquels sont liés aux trois piliers de celle-ci que sont: i) l’utilisation rationnelle de toutes les zones humides dans le cadre de plans, de politiques et de législations, d’actions en matière de gestion et d’éducation du public au niveau national; ii) l’inscription de zones humides appropriées sur la Liste des zones humides d’importance internationale et leur gestion durable; et iii) la coopération internationale pour les zones humides transfrontières et les espèces partagées.
L’objectif de la Convention étant «l'utilisation rationnelle des zones humides du territoire des Parties» (article 3), la mission annoncée de la Convention, dans le 4e plan stratégique est «la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales et nationales et par la coopération internationale, en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier». Pour accomplir cette Mission, il est essentiel que les fonctions et services écosystémiques vitaux que les zones humides fournissent aux populations et à la nature soient totalement reconnus, maintenus, restaurés et utilisés de façon rationnelle.
Dans cette perspective, la vision du 4e plan stratégique de la Convention est celle que « Les zones humides soient conservées, utilisées de façon rationnelle et que leurs avantages soient reconnus et appréciés de tous».
En juin 2015, 2208 sites couvrant une superficie de 210,7 millions d’hectares étaient inscrits sur la liste internationale des zones humides d’importance internationale, formant un réseau mondial de zones humides destiné à maintenir des fonctions vitales et à fournir des services écosystémiques aussi bien à l’homme qu’à la nature.
En effet, alors que ces zones humides zones jouent, dans l’activité économique, un rôle vital dans le transport, la production alimentaire, la pêche, la chasse, elles sont aussi fondamentales pour la gestion des risques relatifs à l’eau, le contrôle de la pollution, et fournissent des infrastructures écologiques d’une valeur inestimable et souvent irremplaçable.
La majeure partie de l’eau que nous exploitons et utilisons vient des zones humides4mais malheureusement, cette ressource n’est pas répartie de manière égale et on sait que plus de 700 millions n’ont pas accès à l’eau potable.
Les zones humides sont trop souvent considérées comme des friches, destinées à être remblayées et utilisées à des fins de développement, et les politiques publiques et acteurs privés ne tiennent pas suffisamment compte des services vitaux qu’elles nous rendent. En effet, les chiffres des études les plus récentes études concordent : Au niveau mondial, L’Évaluation des écosystèmes du millénaire6 a conclu que les écosystèmes de zones humides intérieurs et côtiers disparaissaient, en 2005, à un rythme plus rapide que n’importe quel autre écosystème et que depuis, la tendance vers l’érosion des zones humides n’avait pas été inversée.
Le 4e plan stratégique fait état de deux études récentes qui confirment ces données. La première, qui s’appuie sur l’examen de 189 rapports sur les modifications de la superficie des zones humides au cours des dernières années, conclut que la perte à long terme en zones humides naturelles serait en moyenne de 54 à 57% mais qu’elle pourrait avoir atteint 87% depuis 1700. Au 20e siècle et au début du 21e siècle, le taux de perte en zones humides a été 3,7 fois plus rapide, avec une perte de 64 à 71% des zones humides depuis 1900. L’étude ajoute qu’au 20e siècle, la transformation des zones humides naturelles côtières a été beaucoup plus rapide que celle des zones humides naturelles intérieures, que transformation et perte se poursuivent partout dans le monde et que le rythme est particulièrement élevé en Asie.
Ce réseau de Sites Ramsar et, particulièrement l’utilisation rationnelle des zones humides du reste du monde, contribuent à la fois aux travaux de la Convention sur la diversité biologique, de la Convention sur les espèces migratrices, de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, ainsi qu’aux traités sur l’eau.
Dans le second rapport, intitulé Changes in the Global Value of Ecosystem Services, la perte des zones humides d’eau douce à l’échelon mondial, entre 1997 et 2011, est estimée à 2700 milliards USD par an; la perte des marais tidaux/mangroves est estimée à 7200 milliards USD par an et la perte de récifs coralliens est estimée à 11 900 milliards.
Le rapport 4e Perspectives mondiale de la diversité biologique constate également que l’état de conservation et d’utilisation durable des zones humides est préoccupant. Soulignant que la superficie des zones humides naturelles, celle des zones humides artificielles créées par l’homme tend à augmenter, mais qu’elles sont souvent d’une qualité inférieure aux zones humides détruites, ce rapport invite les États à redoubler d’efforts pour atteindre les Objectifs d’Aichi pour la biodiversité à l’horizon 2020.
Le 4e plan stratégique de Ramsar comprend les 3 buts stratégiques suivants, lesquels se déclinent, ensemble, en 19 objectifs plus particuliers:
But 1 : S’attaquer aux moteurs de la perte et de la dégradation des zones humides
But 2 : Conserver et gérer efficacement le réseau de Sites Ramsar
But 3 : Utiliser toutes les zones humides de façon rationnelle
L’annexe 2 du plan stratégique présente, sous forme synthétique, les synergies entre les Objectifs d’Aichi (Plan stratégique sur la biodiversité - 2011-2020) pour la biodiversité de la Convention sur la diversité biologique et les objectifs de Ramsar. L’atteinte des objectifs d’Aichi, tout comme des objectifs du Plan stratégique de Ramsar, nécessite des modifications sociétales importantes, qui doivent être encouragées et guidées par des changements importants dans nos politiques publiques, doivent permettre d’utiliser les sols, l’eau, l’énergie et les ressources de façon plus efficace, de repenser nos habitudes de consommation et de modifier les manières de produire nos aliments.
L’atteinte des objectifs d’Aichi et des objectifs de Ramsar permettra d’atteindre, simultanément, des objectifs clés pour le développement humain relatifs aux changements climatiques, à la lutte contre la désertification et à la dégradation des sols.
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