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L'hydroélectricité au centre de la transition énergétique



  • Un espace muséographique spécialement consacré à l’énergie hydroélectrique a récemment ouvert dans la communauté de communes du Piémont Oloronais (CCPO). Développé en partenariat avec EDF, ce projet lève le voile sur la première énergie renouvelable de la planète et la filière qui l’entoure. Une filière qui doit désormais apprendre à se renouveler si elle veut réussir à se soustraire aux limites du parc hydraulique national et jouer le rôle attendu dans la transition énergétique.

    Plus de 70 % de la production nationale d’EnR

    La France est aujourd’hui le deuxième pays européen producteur d’énergie hydraulique, directement derrière la Norvège. Même si les données varient d’une estimation à l’autre, on considère que l’industrie de l’énergie hydraulique assure plus de 70 % de la production d’EnR du pays et représente près de 14 % de la production totale d’électricité.

    L’Hexagone compte 640 barrages et 447 centrales hydroélectriques pour un parc de production hydraulique qui générait 68,2 TWh d’énergie en 2014, soit la consommation moyenne annuelle de 27 millions d’habitants. L’hydraulique arrive à la deuxième place des modes de production électrique en France, juste derrière le nucléaire. Il grimpe à la première place mondiale lorsqu’on se concentre uniquement sur les énergies renouvelables.

    Si l’énergie photovoltaïque et éolienne, présentées comme les clés d’une transition énergétique en cours, ont tendance à monopoliser les discussions dans les plus hautes sphères du pouvoir et à occuper l’espace médiatique, l’énergie hydraulique est pourtant celle qui pourrait in fine nous permettre d’atteindre les objectifs de développement des EnR fixés par le nouveau mix énergétique français.

    L’énergie hydraulique trouve son origine dans l’Antiquité et depuis, n’a eu de cesse de répondre aux besoins énergétiques de notre société tout en profitant du progrès technologique. Elle représente aujourd’hui 16 % de la consommation électrique mondiale.

    Alors que l’urgence environnementale actuelle nous pousse à multiplier les sauts dans le temps et établir des projections qui traduiraient notre capacité à subvenir à nos besoins énergétiques tout en préservant le monde qui nous entoure, une question se pose : l’énergie hydraulique a-t-elle autant d’avenir qu’elle n’a de passé ? Autrement dit, la filière peut-elle continuer de soutenir l’effort de la France dans son combat contre le réchauffement climatique et favoriser la transition énergétique nationale ? La réponse est un grand oui.

    Tout d’abord, l’hydroélectricité est une énergie prévisible. On connait exactement le débit des cours d’eau et des barrages. Cette transparence permet d’identifier la capacité de production d’une centrale à n’importe quel moment. Ce contrôle est important car il donne les moyens aux différents acteurs de la filière d’anticiper les pics de consommation.

    Ces périodes de surconsommation énergétique vont également être maitrisées grâce à la capacité qu’ont les grands barrages à libérer des quantités importantes d’énergie en peu de temps. Cette rapidité offre une marge de manœuvre efficace permettant de fournir davantage d’électricité à un instant T sans dégager pour autant d’émissions de gaz à effet de serre.

    L’hydroélectricité présente enfin l’avantage d’être stockable facilement et répond ainsi aux problématiques d’intermittence qui caractérisent l’éolien ou le solaire.

    La majorité du réseau hydraulique déjà utilisée

    Si la filière hydraulique veut continuer de jouer un rôle capital dans le nouveau modèle énergétique français, elle va devoir faire preuve d’innovation afin de déjouer les limites d’un parc hydraulique national quasiment exploité dans son entièreté. Aujourd’hui, les ¾ du réseau hydraulique sont utilisés, le seuil de production d’hydroélectricité maximum est donc en passe d’être atteint.

    EDF, qui assure 95 % de sa production d’énergies renouvelables grâce à l’hydraulique, a décidé d’agir pour se soustraire à ces restrictions et disposer d’infrastructures en phase avec la demande énergétique actuelle et future. Le groupe français a ainsi lancé il y a quelques années un plan d’actions, le « SuPer Hydrau », avec pour objectif d’améliorer la performance du parc déjà en place. Une enveloppe de 560 millions d’euros a été débloquée, destinée à financer la rénovation des centrales existantes et booster ainsi leur productivité.

    Le fournisseur d’électricité ne s’est pas contenté de revoir l’existant mais a également entrepris le développement de nouvelles unités de production, plus puissantes. Actuellement, deux chantiers sont en cours, celui de Romanche-Gavet situé dans la vallée de la Romanche en Isère et celui de La Coche Pelton dans la vallée de Tarentaise à Aigueblanche.

    Fin septembre, le groupe énergétique a présenté son programme « CAP 2030 » dans lequel il annonce vouloir doubler sa production d ‘énergies renouvelables dans les quinze prochaines années et réduire de manière significative ses émissions de GES. Pour ce faire, EDF mise certes sur l’éolien et le solaire mais aura également recours à l’énergie hydraulique. Des projets d’hydroliennes sont actuellement testés en France et devraient  se multiplier à travers le pays pour permettre à la société de tenir ses objectifs. 

    Au même titre que l’éolien ou le photovoltaïque, l’hydraulique a encore toute sa place dans la stratégie énergétique de la France et qu’il fallait continuer d’exploiter et valoriser son potentiel si l’on veut parvenir à honorer nos ambitions en termes de lutte contre le réchauffement climatique. Plus que jamais, l’énergie hydraulique est une réponse forte aux problématiques énergétiques mondiales. A quelques semaines de la COP 21, il serait bon de ne pas l’écarter des débats.

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