Romain Lalande propose sur le blog du CRESOL un intéressant compte rendu personnel de la conférence qu'a livrée Benjamin Coriat le 14 janvier 2016 à Lille.
Organisée par l’Association pour une Economie Sociale et Solidaire (AESS-APIESS) en partenariat avec l’APES et Espace Marx, cette conférence avait pour titre "Le retour des communs, la crise de l’idéologie propriétaire "
"Six mois après la parution de l’ouvrage dont il a dirigé la publication, et alors que la notion des « communs » continue d’être au cœur des débats des mouvements alternatifs, Benjamin Coriat était invité à débattre du lien entre les communs et l’Economie Sociale et Solidaire.Simon Sarazin, membre de l’ANIS sera également présent afin de discuter des formes que prennent les communs dans la pratique à travers son expérience dans le Collectif Catalyst, Unisson et à la Couroutine."
- Benjamin CORIAT, économiste et professeur à l’Université de Paris 13 et membre du Comité d’animationdes Économistes Atterrés. Il a dirigé la publication de l’ouvrage Le Retour des Communs, la crise de l’idéologie propriétaire(Les Liens qui Libèrent, 2015).
(source ANIS)
(reproduction partielle du texte original placé sous licence CC0)
Pour Benjamin Coriat, si les notions de Biens Communs et de Communs sont liées, elles doivent être différenciées. Il a donc commencé par définir à quelles conditions les Biens Communs peuvent devenir des Communs.
Les Communs sont un concept ancien qui date au moins du moyen-âge (et on été démantelés progressivement jusqu’au XVIIIe siècle par le mouvement européen des enclosures). Les problématiques modernes autour des Communs ont été réactivées par plusieurs événements :
Les années 80 et leurs débats sur la baisse de productivité agricole dans les zones tropicales qui ont été à l’origine des travaux d’Elinor Ostrom.
Les logiciels libres comme forme de propriété partagée universelle sous l’impulsion de Stallman et les projets contributifs planétaires plus récents qui en sont nés tels OpenStreetMap ou Wikipedia. D
L’Italie des années 90 sous Berlusconi et les débats autour de la privatisation de l’eau qui en vient a être non plus seulement considérée comme un bien public mais comme un bien commun.
Durant la conférence, nous avons donc eu l’occasion de creuser ces trois composantes historiques pour mieux comprendre les origines des communs, mais surtout pour mieux percevoir les actions possibles afin de faciliter leur retour.
Selon Benjamin Coriat, les communs se définissent à travers trois éléments indissociables
Une ressource en accès partagé : au départ foncières (rivières, terres,…) ces ressources deviennent également immatérielles avec l’émergence d’une société de la connaissance (logiciels, savoirs, données,…) ;
Un système de droit et d’obligations :il s’agit des règles de distribution des droits autour de cette ressource qui en définissent les conditions d’accès : droits illimités de consultation pour les communs immatériels, ou droits d’accès contrôlés pour les communs matériels rivaux car ces ressources sont menacées d’épuisement. Pour les communs immatériel, le contrôle d’accès se fait plutôt au niveau des droits à contribuer, pour garantir la qualité de la ressource.
Un mode de gouvernance : compris comme une équipe large ou restreinte qui veille au respect des droits alloués et a leur adéquation avec une reproduction à long terme de la ressource. Il y a donc d’emblée un lien entre communs et écologie.
Un bien commun possède les deux premières caractéristiques ci-dessous mais pas la troisième : il n’y a pas la structure de gouvernance dont il est question. En revanche, les Communs prennent en compte la gouvernance : le climat par exemple n’est qu’un Bien Commun puisqu’il constitue une ressource en accès partagé qui ne possède pas de gouvernance qui permette de contrôler les émissions C02 notamment. Il en va de même de l’océan.
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