Les changements climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre observés en 2015 et depuis le début de l’année 2016 sont sans précédent, indique un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale des Nations Unies (OMM), publié lundi.
« L’année 2015 restera dans les annales en raison des records de température qui ont été pulvérisés, de l’intensité des vagues de chaleur, du caractère exceptionnel des pluies, des ravages causés par la sécheresse et du profil inhabituel de l’activité cyclonique tropicale », a déclaré l’OMM dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport. « Or les records continuent de tomber depuis le début de l’année 2016 », a ajouté l’agence.
La ‘Déclaration de l’OMM sur l’état du climat’ est un rapport réalisé chaque année par l’agence afin d’offrir un état des lieux du système climatique mondial, concernant notamment les conditions atmosphériques et océaniques, le phénomène El Niño, les concentrations de gaz à effet de serre, les extrêmes régionaux, les cyclones tropicaux et la déperdition d’ozone.
L’édition 2015 de ce rapport a été publiée cette année de façon à coïncider avec la Journée météorologique mondiale, qui sera célébrée le 23 mars et aura pour thème, ‘Plus chaud, plus sec, plus humide : regardons l’avenir en face’.
« L’avenir est à nos portes », a précisément déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, à propos des données présentées dans le rapport. « Le rythme inquiétant des changements climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre que nous observons à l’heure actuelle est sans précédent depuis le début des relevés ».
Selon l’étude de l’OMM, la température moyenne à la surface du globe, supérieure d’environ 0,76 °C à la normale de la période 1961-1990 en raison d’un épisode El Niño intense et du réchauffement global d’origine anthropique, a « battu de loin » tous les records en 2015.
Dans la mesure où 93% de l’excédent de chaleur est stocké dans les océans, un nouveau record a également été établi concernant le contenu thermique de l’océan jusqu’à une profondeur de 2.000 mètres, indique également le rapport.
Des records de chaleur mensuelle, en moyenne, ont également été battus lors des deux premiers mois de l’année 2016, ajoute l’étude, en particulier dans les hautes latitudes de l’hémisphère nord.
Selon les relevés de la NASA et de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), cités dans le rapport, dans l’Arctique, l’étendue des glaces de mer a atteint un minimum record pour ces deux mois.
Quant aux concentrations de gaz à effet de serre, elles ont, selon l’étude, franchi le seuil symbolique de 400 parties par million.
« Les températures étonnamment élevées enregistrées jusqu’à présent en 2016 ont provoqué des remous au sein de la communauté des climatologues », a signalé le Directeur du Programme mondial de recherche sur le climat, que parraine l’OMM.
« Le message envoyé par notre planète aux dirigeants est fort : il faut signer l’Accord de Paris sur les changements climatiques, l’appliquer et réduire sans plus tarder les émissions de gaz à effet de serre, avant de dépasser le point de non-retour », a déclaré M. Taalas, en référence notamment à la future cérémonie de signature de l’accord climatique conclu à Paris en décembre dernier, qui aura lieu au siège de l’ONU, le 22 avril 2016.
« A l’heure actuelle, la Terre est déjà plus chaude d’un degré Celsius par rapport au début du XXème siècle. Nous sommes à mi-chemin du seuil critique des 2 °C. Les plans nationaux déjà adoptés pour lutter contre les changements climatiques ne permettront peut-être même pas d’éviter une hausse de 3 °C, mais nous pouvons empêcher que se réalisent les scénarios les plus pessimistes en prenant, de toute urgence, des mesures radicales pour réduire les émissions de dioxyde de carbone », a appelé M. Taalas.
Parallèlement aux mesures d’atténuation, le Secrétaire général de l’OMM a jugé crucial de renforcer l’adaptation aux changements climatiques en investissant dans les systèmes d’alerte précoce aux catastrophes, ainsi que dans les services climatologiques, tels que les outils de gestion de la sécheresse, des inondations et les systèmes d’avis de vagues de chaleur et de veille sanitaire.
Extrait sonore Radio ONU : Mise en perspective : Jérôme Longué
Communiqué de l'ONU
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