Les déchets organiques, ou produits résiduaires organiques, sont issus des activités urbaines (boues de station d’épuration, eaux usées domestiques), agricoles (fientes, fumiers, composts) et agro-industrielles (déchets d’abattoirs, vinasses…).
En Afrique, leur recyclage répond autant à une nécessité agronomique qu’environnementale. D’une part, ce recyclage améliore la fertilité des sols tropicaux souvent pauvres en matières organiques, sans avoir à recourir aux coûteux engrais minéraux importés. D’autre part, il donne une seconde vie aux déchets et contribue au stockage du carbone dans les sols.
Mais ces déchets peuvent aussi contenir certains contaminants, tels les éléments traces métalliques, qui s’accumulent dans les sols lorsqu’ils sont apportés fréquemment et à haute dose. Même à de très faibles concentrations, ces éléments présentent une forte phytotoxicité. Les conséquences sanitaires, puisqu’on les retrouve dans les aliments consommés, sont d’autant moins bien connues que leurs effets ne sont visibles qu’à long terme.
Les chercheurs du Cirad et leurs partenaires africains ont tenté de mieux cerner l’impact du recyclage de ces déchets sur la production maraîchère de cette région. La première constatation est que les produits résiduaires organiques augmentent la disponibilité des éléments traces métalliques dans les deux sols. La disponibilité des éléments traces métalliques dépend fortement des propriétés physico-chimiques des sols : teneurs en ligands organiques et inorganiques, argiles, carbonates et phosphates. Elle est aussi liée au type et à la dose des produits résiduaires organiques appliqués. Lors de la minéralisation des produits résiduaires organiques incorporés aux sols, les principaux facteurs qui influencent la disponibilité des éléments traces métalliques sont l’acidité de ces produits et leur richesse en carbone organique facilement décomposable.
Pour réduire les risques d’écotoxicité liée aux éléments traces métalliques dans ces sols maraîchers, il faut donc éviter d’appliquer de trop fortes doses de déchets. Il est aussi essentiel de diversifier les produits appliqués et de privilégier des apports modérés adaptés aux besoins des cultures.
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