Le Forum social mondial s’est tenu du 9 au 14 août 2016 à Montréal au Québec, que nous reconnaissons comme le territoire autochtone non cédé du peuple Mohawk. Cette reconnaissance vise à rendre visible la colonisation des territoires sur lesquels nous sommes et à prendre la responsabilité collective, comme personnes non-autochtones, des enjeux qui affectent les peuples autochtones aujourd’hui.
Nous, les femmes de la MMF, dénonçons les refus de visa pour plusieurs militantes et militants provenant majoritairement de pays du Sud. Nous dénonçons les politiques migratoires restrictives de nos gouvernements qui contribuent à criminaliser les militantes et militants des mouvements sociaux. Cette situation a empêché la présence de leaders qui mènent des luttes de résistance contre le capitalisme, le patriarcat, le racisme et le colonialisme, dans leur pays respectif.
La rencontre des militantes de la MMF a permis de constater, encore une fois, à quel point les luttes menées par chacune à l’échelle locale sont liées et s’inscrivent dans un contexte global pour la défense pour nos corps, de la Terre et des territoires
Nous, les femmes de la MMF, dénonçons le coup d’État au Brésil et la mise en place d’un gouvernement de droite, sexiste, raciste, autoritaire (liberticide), qui bénéficie de la complicité des médias, qui contribue à criminaliser les mouvements sociaux tout en refusant de parler de coup d’État (« impeachment »). Les femmes du Brésil résistent, avec une présence importante de jeunes militantes qui se mobilisent en développant la formation politique féministe, par exemple à travers des occupations d’écoles secondaires qui ont permis d’élargir les prises de conscience et la résistance. De plus, au Brésil, comme dans plusieurs pays d’Amérique latine et d’Europe, les féministes luttent pour revendiquer le droit d’accès pour toutes les femmes à l’avortement, et le droit fondamental à disposer de leurs corps.
Au Brésil et dans les Amériques, après 10 ans de débat sur la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), quelques mouvements à gauche s’organisent à travers une « Journée continentale pour la démocratie et contre le néolibéralisme ». C’est une étape importante pour développer la solidarité internationale anticapitaliste et anti patriarcale afin d’articuler les mouvements sociaux entre les pays. Elle se terminera par une grande mobilisation le 4 novembre avec le thème « Aucun pas en arrière! ».
Aux États-Unis, les militantes de la MMF se mobilisent contre les politiques de leur pays qui affectent les femmes et les populations marginalisées, aux États-Unis et partout dans le monde, dans une perspective anti-impérialiste. Elles travaillent pour le renforcement du leadership des femmes et des hommes qui sont les plus marginalisé.e.s et les personnes directement affectées par les différents systèmes d’oppression. Elles travaillent également à développer les connaissances des enjeux qui touchent les personnes Queer-LGBTQ en vue d’une plus grande inclusion de ces préoccupations au sein du mouvement des femmes et de la MMF.
Nous, les femmes de la MMF, sommes solidaires des femmes palestiniennes dans leurs luttes contre la colonisation et pour la libération de leur territoire occupé. Nous dénonçons la répression violente exercée contre le peuple palestinien, et particulièrement contre les femmes qui sont au cœur de la résistance pour leur droit à l’autodétermination.
Nous sommes solidaires également de la lutte menée par les femmes sahraouies pour la récupération de leur territoire.
Dans les autres pays du monde arabe, les femmes sont au cœur des mouvements populaires qui défendent la démocratie en revendiquant l’accès pour toutes à l’éducation, à la santé, à la participation politique et citoyenne. Les féministes de ces pays travaillent pour que les lois garantissent une égalité réelle pour toutes les femmes. Avec elles, nous dénonçons la montée des fondamentalismes religieux et les effets dévastateurs des politiques impérialistes.
Les militantes de la MMF au Québec sont extrêmement fières d’accueillir des camarades et des companeras de partout dans le monde dans des espaces où est née la MMF en 1998, et de pouvoir partager avec elles les enjeux actuels pour les femmes du Québec. Dans un contexte de montée de la droite conservatrice, les féministes se mobilisent pour contrer les mesures d’austérité et la privatisation des services publics qui appauvrissent encore davantage les femmes et les personnes marginalisées. De plus, elles résistent particulièrement pour préserver l’eau, source de vie, et dénoncent l’exploitation effrénée des ressources naturelles, et ce, en solidarité avec d’autres mouvements sociaux.
Au sein de la MMF du Québec, les femmes autochtones et non-autochtones développent des liens de confiance et de solidarité et travaillent à décoloniser les relations entre nos peuples. Nous appuyons les luttes des femmes autochtones pour le droit à l’autodétermination et appuyons la tenue d’une véritable enquête sur l’assassinat et la disparation des femmes autochtones, qui mette en lumière l’impact du sexisme et du racisme dans la vie des femmes et des communautés.
Nous, les femmes de la MMF, avons participé aux différents ateliers et actions organisées dans le cadre du FSM pour dénoncer les changements climatiques, toutes les formes de violence envers les femmes, les politiques de privatisation et les mesures d’austérité, la montée des fondamentalismes, le contrôle et la militarisation des territoires à des fins capitalistes, les effets des migrations forcées et la fermeture des frontières de la part des pays occidentaux qui sont à l’origine de ces déplacements.
En sortant de l’échec de la COP21, tandis que nos gouvernements continuent d’autoriser la Terre à brûler, il est important que nous continuions de porter les voix et les solutions des femmes des communautés les plus touchées par les impacts climatiques des décisions désastreuses de nos gouvernements.
La montée de la droite réactionnaire et des fondamentalismes n’est pas isolée dans chaque pays, mais est liée à la crise mondiale engendrée par le capitalisme qui créé et alimente les violences racistes et sexistes partout dans le monde.
Nous, les femmes de la MMF, participons aux actions de résistance contre l’industrie extractive et l’impunité dont bénéficient les multinationales et, parmi elles, un grand nombre d’entreprises canadiennes qui exploitent les ressources naturelles, détruisent la vie, exproprient les communautés et criminalisent les défenseuses et défenseurs de la Terre et des droits humains.
Nous soulignons le rôle de leader joué par les femmes dans toutes ces luttes dans les différents pays dans le monde, du Honduras aux Philippines en passant par la République démocratique du Congo, pour résister aux compagnies minières et aux gouvernements responsables de l’assassinat et de la disparition de nombreuses militantes et militants qui résistent.
Nous rendons hommage à notre companera Berta Caceres, féministe autochtone qui s’est opposée à la construction de barrages dans son pays, au Honduras, assassinée sauvagement ainsi que plusieurs de ses compagnons de lutte en mars dernier. Deux de ses filles, Bertita et Laura, sont présentes au FSM à Montréal pour porter la voix de leur mère. Nous affirmons avec elles que la lutte continue : « Berta n’est pas morte, nous sommes toutes Berta ! Berta vit, la lutte continue ! »
Les femmes de la MMF se donnent rendez-vous en octobre prochain à Maputo au Mozambique pour tenir la 10ème Rencontre internationale de la MMF. Nous y poursuivrons la construction de nos alternatives féministes et le renforcement de nos solidarités féministes.
Nous serons en marche jusqu’à ce que toutes les femmes soient libres !
La MMF au FSM 2016 à Montréal
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