Par Mafalda Duarte, directrice des Fonds d’investissement climatiques (FIC), dotés d’un budget de 8,3 milliards de dollars.
Alors que se déroule à New York la Semaine du climat (a), le moment est propice à quelques rappels de faits récents.
La planète a encore battu des records de températures : selon la NASA (a), le mois d’août dernier a été le plus chaud de l’histoire. Et ce n’est pas tout : juillet a été le mois le plus chaud jamais enregistré. Nous ne sommes pas face à une anomalie : 15 des 16 années les plus chaudes depuis 1880 ont été enregistrées au cours de notre siècle.
Cet été, aux États-Unis, il y a eu des inondations meurtrières en Louisiane, des feux de forêt monstres en Californie et des précipitations exceptionnelles pour la saison au Maryland. Ailleurs, le phénomène El Niño, renforcé par le changement climatique, provoque des sécheresses et accentue les risques de famine, tandis qu’au large de l’Australie la Grande barrière de corail se meurt dangereusement. L’impact du changement climatique se manifeste aux quatre coins du monde, avec de graves conséquences humaines, économiques et environnementales.
Il y a cependant des raisons de se réjouir.
Les États signataires de l’accord de Paris sur le climat passent progressivement de l’ambition à l’action ; ils ont été nombreux ces derniers mois à avoir ratifié l’accord. La Chine et les États-Unis, qui sont les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) du monde, ont annoncé ensemble la ratification de l’accord à l’occasion du G20, début septembre. L’entrée en vigueur de l’accord de Paris pourrait même intervenir dans les deux mois qui viennent, à condition qu’il soit ratifié par 55 pays, qui doivent totaliser 55 % des émissions de GES.
Le secteur privé n’est pas en reste. Dans une publication récente (a), Blackrock, premier gestionnaire d’actifs au monde, avec un portefeuille de près de 5 000 milliards de dollars, écrit : « Les investisseurs ne peuvent plus ignorer le changement climatique. Certains peuvent bien en contester la réalité scientifique, mais tous sont confrontés à un déferlement inévitable des réglementations climatiques et aux risques de disruption technologique ». Une opinion partagée par le Financial Times, qui a aussi encouragé les investisseurs et les conseils d’administration à prendre en compte les émissions de GES de leurs opérations. À New York, à l’occasion de la Semaine du climat, on a aussi beaucoup entendu parler de l’intensification de l’action climatique et des initiatives menées par toutes les sphères concernées.
Il faut aller plus loin et plus vite dans trois axes prioritaires.
D’abord, il faut accroître considérablement la finance verte. Les besoins d’investissement dans l’infrastructure durable au cours des quinze prochaines années se chiffrent à environ 90 000 milliards de dollars, dont 75 % dans les pays en développement et émergents. Pour pouvoir mobiliser ces milliers de milliards de dollars, les financements du secteur privé seront indispensables. Comme l’a récemment écrit (a) l’ancien secrétaire au Trésor américain, Hank Paulson, « avec des politiques judicieuses, bien conçues et coordonnées, avec des modèles et des instruments de financement tels que les obligations et avec des programmes d’incitation, il est possible de faire en sorte que les pays viennent à bout des problèmes environnementaux les plus urgents auxquels est confrontée la planète tout en préservant la croissance économique »...
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