Un billet en date du 22 novembre 2016, paru sur le site internet de l’agence d’informations Inter Press Service rapporte qu’une mine de charbon à ciel ouvert menace la très riche diversité biologique du paradis écologique de l’île de Riesco en région patagonienne, au Chili.
De fait, l’île de Riesco est l’habitat de quatre espèces de dauphins, de 24 espèces de mammifères terrestres et 136 oiseaux, et de nombreuses espèces telles que les pingouins et la baleine à bosse.
Or, l’activité d’une entreprise minière entraine, selon le billet signé Orlando Milesi, a d’importants impacts négatifs sur la faune et la flore de la région : pollutions des terres, effets encore inconnus du rejet du charbon dans la mer, déplacement d’espèces sauvages, collisions de navires avec des baleines dont certaines meurent, etc.
L’article rapporte également que l’étude d’impact sur l’environnement ayant précédé le déclenchement des activités de la mine de charbon s’est avérée erronée, pour ce qui concerne le système de modélisation utilisé pour les particules qui seraient rejetées. Quant à la vitesse prévisible du vent annoncée, qui est de 39 kilomètres à l’heure ; elle s’avère en pratique beaucoup plus élevée, pouvant atteindre les 180 kilomètres à l’heure.
Bien que l’entreprise minière ait annoncé ne pas utiliser l’explosion de dynamites dans le cadre de ses activités, elle ne respecte pas ses engagements, ce qui a entrainé contre elle des poursuites en justice visant à arrêter ces explosions.
De l’avis de Matías Asún, directeur pays de Greenpeace au Chili, l’autorité environnementale du Chili opère sur la base de critères économiques et commerciaux, plutôt qu’environnementaux, ainsi que sa rhétorique le suggère.
Cet article d’Orlando Milesi remet à jour au moins trois questions sur lesquelles il convient de se pencher. D’abord, il rappelle que pour atteindre un réel développement durable, le pilier environnemental ne peut pas être seulement accessoire à ceux économique et social. Au contraire, c’est l’articulation harmonieuse de l’économique, du social et de l’environnemental qui peuvent l’assurer.
Ensuite, ce billet questionne la réalisation des études des impacts sur l’environnement. À travers l’inadéquation des données fournies à titre de prévision et le réel de l’occurrence des impacts une fois les activités minières enclenchées, l’on pourrait entre autres choses s’interroger sur les valeurs qui sont sous-jacentes à la réalisation de ces études : l’expert n’apparait-il pas trop souvent le centre de la connaissance produite sur les impacts potentiels sur l’environnement ? Si oui, la raison n’est-elle pas aussi à rechercher au sein même des outils que celui-ci déploie pour réaliser ses études ? Pour plus de détails, il convient de consulter cette étude qui détaille ces erreurs d’ordre tant épistémologiques que pratiques qui nuisent à la précision des évaluations environnementales.
Enfin, cet article pose aussi la question du suivi environnemental, qui devrait permettre de mesurer les impacts réels d'une activité ou d'un projet, de les comparer aux impacts prévus et d’évaluer l'efficacité des mesures d'atténuation et de bonification retenues. À tout le moins, ce cas de l’île Riesco tel que rapporté suggère qu’il y a un besoin réel en l'espèce.
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