M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Grand-Duché de Luxembourg, a fait part de sa pensée particulière pour l’Amérique, le Mexique et les Caraïbes, frappés à répétition par le sort. À l’heure où les foyers de crise se multiplient dans le monde, il a rappelé que le Luxembourg était attaché au multilatéralisme et à la coopération. Il s’est félicité des chantiers de réforme des Nations Unies amorcés par le Secrétaire général, d’autant que 30% de l’aide publique au développement de son pays transite par les organisations multilatérales. Il a cependant appelé à plus de progrès du côté du Conseil de sécurité, en pointant les recours abusifs au droit de veto. Le Luxembourg a aussi affirmé son appui à l’initiative franco-mexicaine, afin que les États concernés renoncent à exercer leur droit de veto en cas d’atrocités.
M. Asselborn a ensuite évoqué la situation budgétaire difficile des Nations Unies, en raison notamment de la « nouvelle approche américaine », et a soutenu l’idée d’un pacte budgétaire pour le développement. La contribution du Luxembourg à l’aide au développement, a-t-il précisé, s’élève à 1% de son revenu national brut. Il a rapporté la création, par son pays, d’une « bourse verte » dont la capitalisation s’élève à 57 milliards d’euros et qui pourrait servir de modèle pour la mise en place d’instruments de financement du développement durable. M. Asselborn a affirmé l’attachement plein et entier de son pays à l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a fait part de sa volonté de voir revenir « l’un des grands acteurs internationaux qui a pris ses distances avec cet instrument ». Le Ministre a ensuite abordé le chapitre des migrations. Tout en ne niant pas les appréhensions suscitées par la crise des réfugiés en Europe, il a tenu à rappeler que l’essentiel des mouvements se fait aujourd’hui du Sud vers le Sud.
La situation au Moyen-Orient continue à susciter les craintes du Luxembourg. M. Asselborn a insisté sur la centralité du conflit israélo-palestinien où l’absence d’horizon politique peut mener à une nouvelle éruption de violence et nourrir la haine et le terrorisme. Selon lui, la résolution 2334 du Conseil de sécurité exigeant d’Israël qu’il arrête ses activités de peuplement vise « un statu quo devenu intenable et inacceptable » et non Israël lui-même. Il a indiqué que la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est mettait en péril la solution des deux États. Il a assuré le Président Abbas de sa confiance après l’annonce récente de l’organisation d’élections générales en Palestine, qui offre un espoir en vue d’une réconciliation.
S’agissant de la Syrie, il a insisté pour que les négociations menées sous l’égide des Nations Unies se poursuivent et progressent. « Astana seul ne suffit pas », a-t-il souligné. M. Asselborn a aussi parlé du référendum annoncé le 25 septembre prochain au Kurdistan iraquien, précisant que sa position de principe est de soutenir l’intégrité territoriale de l’Iraq. De manière générale, il a appelé à calmer le jeu dans la région, en insistant sur le rôle « incontournable » de l’accord nucléaire avec l’Iran. Appelant à être ferme mais à éviter l’escalade avec le régime « nord-coréen », M. Asselborn a ensuite fait part de son inquiétude concernant l’Afrique et les situations politiques au Soudan du Sud, autour du Lac Tchad, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo. Il s'est dit par ailleurs soulagé que le mouvement de désengagement des États africains vis-à-vis de la Cour pénale internationale ait été endigué. Enfin, il a condamné fermement le nettoyage ethnique envers la minorité rohingya au Myanmar, « qui n’a pas sa place au XXIe siècle ».
Après ce tour d’horizon international, M. Asselborn s’est longuement attardé sur la question de l’intégrité physique des femmes, rappelant que chaque jour, plus de 800 femmes et adolescentes meurent de causes liées à la grossesse et l’accouchement. Il a pointé le chiffre de 22 millions d’avortements non médicalisés enregistrés chaque année, le qualifiant d’effrayant. Au côté du Danemark, de la Belgique et des Pays-Bas, le Luxembourg a rejoint l’initiative SHE DECIDES, en débloquant environ 2 millions d’euros en 2017 afin de soutenir le Fonds des Nations Unies pour la population. Il a aussi indiqué que son pays avait débloqué 10 millions d’euros pour répondre à l’urgence créée par la famine en Somalie, au Soudan du Sud, au Nigéria et au Yémen.
M. Asselborn a conclu son intervention en évoquant la situation en Europe, « qui n’est pas l’abri en soubresauts du monde ». Il a concédé que le partage du fardeau de l’accueil des réfugiés avait loin d’avoir été exemplaire mais qu’il y avait un regain d’optimisme et qu’il se réjouissait du recul, depuis un an, des mouvements nationalistes qui se nourrissent du réflexe anti-immigré. Concernant l’Ukraine, il a fait part de son espoir de voir se poursuivre les pourparlers en Format Normandie, afin que soient pleinement mis en œuvre les accords de Minsk.
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Source : ONU
Photo : ONU
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