La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé l’examen de la question de la promotion de la femme. Au cours des discussions, il est vite apparu qu’en dépit de l’engagement des États, des instruments existants et d’avancées réelles, beaucoup restait encore à faire, compte tenu des défis identifiés.
La discussion a également permis aux États de présenter les mesures prises nationalement pour promouvoir les femmes et de réaffirmer leurs engagements à lutter contre toutes les formes de discriminations ou de violences à l’égard des femmes, en relevant des défis qui représentent non seulement un danger ou au moins des obstacles pour les femmes, mais aussi pour les objectifs communs de la communauté internationale, et notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ainsi, la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, Mme Lakshmi Puri, a dressé un bilan mitigé de la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième Session extraordinaire de l’Assemblée.
Mme Puri a affirmé que l’année écoulée avait permis de consolider les acquis en faveur de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. À titre d’exemple, un Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur l’autonomisation économique des femmes a été créé et le Secrétaire général a lancé le mois dernier sa stratégie systémique qui vise à parvenir à une parité dans les niveaux élevés de responsabilité d’ici à 2021 et à une généralisation en 2028.
Mais, tout en présentant plusieurs rapports à la Troisième Commission, Mme Puri a aussi relevé certains défis, comme l’urgence d’une action visant à éliminer les violences commises à l’encontre des femmes migrantes et à répondre à la dimension sexospécifique des migrations.
Tout en reconnaissant elle aussi des avancées, la Rapporteuse spéciale sur les violences faites aux femmes, ses causes et conséquences, Mme Dubravka Šimonovi%u0107, a pris note du débat existant entre les différents acteurs sur la nécessité de se doter d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant tourné vers la protection des femmes, et plus spécifiquement sur la violence faite aux femmes, compte tenu des lacunes observées en la matière, notamment le manque de définition de la violence basée sur le genre. Le débat interactif qui a suivi son intervention a confirmé ces divergences entre États, également divisés sur l’opportunité d’une cinquième conférence des Nations Unies consacrée aux femmes.
Pour la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Mme Dalia Leinarte, des progrès vont être possibles, grâce notamment à l’adoption par le Comité de sa recommandation générale no°35 qui étend désormais la définition de la violence faite aux femmes, à toutes les formes basées sur le genre, de façon à renforcer la compréhension des types de violences auxquelles elles sont soumises.
La quarantaine de délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont ensuite souligné l’étendue du phénomène auquel il leur faut faire face: selon les statistiques données par l’Union européenne, pas moins d’un tiers des femmes de la planète, toutes couches sociales confondues, ont été confrontées à la violence sous diverses formes, physique, psychologique, économique, comportementale ou sexuelle, dans leurs foyers, à l’école dans la rue et en ligne. Dans les pays en développement, un tiers des filles sont mariées avant d’avoir atteint 18 ans, et un neuvième avant leurs 15 ans, sans oublier les mutilations génitales féminines dont elles sont victimes.
À ces situations de violences, s’ajoute le fait avéré que les femmes et filles accèdent plus difficilement que les hommes et les garçons à l’emploi, l’éducation, aux services de base, à la terre, au crédit ou aux postes à responsabilités, alors que bien souvent, elles sont aussi productives et entreprenantes que leurs homologues masculins, ont reconnu séparément l’Égypte au nom du Groupe des États d’Afrique, et l’Équateur, au nom du Groupe des 77 et la Chine.
L’injustice de cette situation est reflétée dans un rapport d’ONU-Femmes, qui montre que les femmes représentent 62% de la population active de la région d’Asie de l’Est et du Pacifique mais que l’écart salarial entre les hommes et les femmes y demeure élevé, avec des taux atteignant 42% en Asie du Sud-Est, contre 24% à l’échelle mondiale, comme l’a relevé la Thaïlande au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Le tableau n’est néanmoins pas toujours sombre. Ainsi, dans la région des Caraïbes, le taux d’accès des femmes aux études secondaires et tertiaires est plus élevé que celui des hommes. De fait, l’écart entre les sexes sur le marché de l’emploi est réduit, a fait valoir le représentant d’Haïti.
Quoiqu’il en soit, les délégations ont toutes convenu que les discriminations dont souffrent les femmes ont des effets néfastes et font peser des menaces sur les droits de l’homme, les droits des femmes et sur le développement économique dans son ensemble. Les hommes y ont d’ailleurs intérêt. Une délégation a fait observer que des salaires plus élevés pour les femmes profitent à tous les membres du foyer, hommes et garçons inclus.
Dans ce contexte, tous les intervenants ont réaffirmé leur ferme engagement dans la mise en œuvre des instruments internationaux existants en matière de protection des droits des femmes, notamment la Déclaration et le programme d’action de Beijing, les document finals de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les femmes, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et son objectif 5 portant sur l’égalité entre les sexes, et bien entendu la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
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