Le 19 novembre dernier était célébrée, comme chaque année depuis 2001, la Journée mondiale des toilettes. L’édition 2018, consacrée au thème « Quand la nature appelle… », a permis de mettre en lumière l’importance des systèmes d’assainissement complets intégrés dans un écosystème. Une approche que défend le Gret, notamment à travers les projets qu’il mène à Madagascar, au Laos et en Mauritanie.
L’installation de toilettes est un processus complexe : même lorsque des populations ont accès à des latrines, cela ne signifie pas pour autant qu’elles ont accès à une installation sanitaire complète et gérée en toute sécurité. Ainsi, 90 % des eaux usées des pays en développement sont rejetées sans traitement dans l’environnement, provoquant contamination et maladies « hydriques ».
Pour pallier ces problématiques, le Gret développe une approche intégrée de l’assainissement en agissant sur l’ensemble de la filière, de l’accès au traitement. Les actions mises en œuvre au Laos, à Madagascar et en Mauritanie sont ainsi particulièrement en phase avec la thématique choisie cette année pour la Journée mondiale des toilettes.
Au Laos, en partenariat avec (contenu des fosses septiques et latrines) sur son territoire. Auparavant déversées de manière anarchique et illégale, les boues peuvent maintenant être dirigées dans une station de traitement par filtres plantés permettant la production d’humus. Cette solution technique assure à la fois les performances sanitaires essentielles à la protection de la santé publique, et promeut un système qui contribue à la protection de l’environnement.
La technique seule ne suffit cependant pas à répondre aux enjeux de l’accès à un assainissement complet et intégré. A Vientiane, la municipalité a bénéficié d’un appui dans la régulation du secteur de la vidange. Un arrêté municipal a ainsi été publié, encadrant les activités des opérateurs privés réalisant la vidange des fosses des toilettes.
Dorénavant, ces derniers bénéficient d’un processus d’accréditation qui leur donne accès à des outils de communication pour renforcer leur visibilité et soutenir leur activité. Ils sont dans l’obligation de cesser tout dépotage sauvage des boues collectées et de se rendre à la station de traitement. Côté ménages, la municipalité a demandé que les fosses soient vidangées au minimum tous les deux ans pour assurer la maintenance correcte des toilettes tout en soutenant le marché de la vidange.
A Madagascar, le Gret a mis en place des filières complètes d’assainissement dans quatre quartiers situés dans la commune urbaine d’Antananarivo, et de deux communes périphériques. Des magasins de toilette, les Diotontolo, ont permis d’améliorer l’accès à des toilettes hygiéniques, tandis que le travail avec les autorités communales a abouti à la mise en place de services de vidange manuelle hygiénique et de stations de traitement décentralisées par biodigesteur. Lancés entre 2015 et 2016, ces services de gestion des boues de vidange ont réduit les quantités de boues dépotées sans traitement.
Dans la continuité de cette action, le projet Alisota, démarré en octobre 2018 en partenariat avec Gevalor, s’intéresse entre autres à valoriser des sous-produits du traitement de l’assainissement comme le biogaz et les matières organiques. Ainsi, si cette valorisation n’est pas le miracle financier promis, elle participe à l’équilibre économique du maillon traitement.
Rosso est une ville frontière au bord du fleuve Sénégal au sud de la Mauritanie. Sujette à des remontées de la nappe superficielle en hivernage, l’enjeu de la sécurité sanitaire est devenu prioritaire pour la commune qui abrite près de 50 000 habitants. Le Gret accompagne cette dynamique à travers la mise en place d’un filtre à sable, technologie simple et peu coûteuse, permettant le traitement des eaux et une réorganisation de la chaîne de la collecte de la commune pour un meilleur service clientèle. Les services techniques de la ville disposent aujourd’hui de compétences et d’outils leur permettant de suivre les performances du service.
Si d’une manière générale l’assainissement reste un sujet encore tabou, peu porté politiquement, la thématique de la gestion des boues de vidange est encore moins visible. Heureusement les paradigmes évoluent et le sujet émerge. A ce titre, la cible 6.3 des Objectifs du développement durable met en avant la nécessité d’un assainissement intégré.
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