Alors que l’épidémie de Covid-19 se propage dans la majeure partie des pays du monde, le Gret et ses équipes adaptent leurs activités pour continuer à soutenir les populations les plus fragiles, dans un contexte de grande incertitude.
La pandémie du coronavirus (Covid-19) a brutalement fait irruption dans notre quotidien. Cette situation inédite, qui touche pays riches et pauvres, et toutes les communautés humaines pourrait avoir un impact fort sur nos modes de vie et nos modèles de société : il y aura un avant et un après pandémie. La priorité, bien sûr, est avant tout d’endiguer la crise sanitaire. Que très vite tous puissent avoir accès aux soins et que la morbidité soit drastiquement réduite, que la contagion atteigne enfin ses limites et que celle-ci n’entraîne pas les populations les plus fragiles à souffrir de la crise économique qui se dessine.
La pandémie met tous les acteurs de la solidarité face à l’urgence des changements à entreprendre pour renforcer la résilience de nos sociétés et répondre aux défis globaux qui touchent ménages, villages, quartiers, territoires, pays. Il faut que tous, nous construisions ensemble en responsabilité un monde et des sociétés humaines qui soient bâtis sur une répartition plus équitable et plus durable de nos ressources et de nos capacités, tant les inégalités d’accès aux soins, la fragilité des réponses à la crise, les difficultés à reconstruire de façon soutenable seront des défis immenses. La pandémie n’est qu’un signal, de plus de l’atteinte à la biodiversité et à la nature, des excès d’une mondialisation et d’une consommation sans limites auxquels il faut apporter des réponses locales et globales.
Dans ce contexte, le Gret est plus que jamais déterminé à agir. S’il faut d’abord renforcer le soutien à nos partenaires et aux populations qui en ont le plus besoin, en suivant en temps réel les consignes des différentes autorités nationales et locales pour limiter au maximum la propagation du virus, les équipes poursuivent au mieux leur mission d’intérêt général, en aménageant leurs modalités de travail. En France, comme dans chacun des pays où nous intervenons, des mesures (télétravail, gestes barrière, sensibilisation, plan de contingence) ont été prises pour assurer la continuité de nos activités.
La faim, la malnutrition, la pauvreté, le manque d’accès aux services essentiels de base et à des conditions de vie décentes sont autant de facteurs susceptibles d’aggraver la vulnérabilité des populations face aux risques sanitaires et épidémiologiques. La poursuite de nos projets est donc une nécessité, aussi bien pour nos partenaires locaux, que pour les trois millions de personnes impactées directement et indirectement par les activités du Gret. Pour ce faire, plusieurs mesures, adaptées à chaque contexte, ont déjà été mises en place.
Les activités de terrain considérées comme étant à risque ont été reportées ou modifiées, tandis que la mobilisation de nos réseaux de partenaires et la mise en place d’outils numériques permettent aujourd’hui une diffusion rapide et complète des informations de prévention et de sensibilisation. Deux exigences en matière de sensibilisation : d’une part, que les messages et actions engagés respectent bien les plans de réponses des gouvernements et les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé ; d’autre part, que les façons de mettre en œuvre ces actions soient les plus sûres possibles, à la fois pour les équipes et pour les communautés concernées. Les partenaires directs de nos projets font par ailleurs l’objet de formations renforcées aux risques sanitaires, principalement pour les activités liées au ramassage et au traitement des déchets.
Ainsi, en Haïti, dans le cadre du programme Urbayiti* financé par l’Union européenne, sur lequel le Gret intervient dans la mise en place d’un dispositif de gestion de déchets, des points de lavage des mains ont été installés – à la demande de la mairie de Port-au-Prince – dans les espaces de grands rassemblements, en particulier les marchés. Alors que des activités de sensibilisation étaient initialement prévues dans le cadre du projet, le Gret a décidé d’en réorienter une partie très rapidement afin de pouvoir accompagner les autorités locales dans cette course contre la montre.
Au Sahel, le projet Meriem – qui développe des solutions commerciales pour prévenir la malnutrition au Niger, au Mali et au Burkina Faso – épaule ses entreprises partenaires afin de les aider à poursuivre leurs activités en toute sécurité, notamment dans les zones très impactées par le confinement. Ainsi, les expériences pilote de vente de pains au Burkina Faso et de produits laitiers au Niger sont en cours d’aménagement, tant au niveau des horaires que des lieux de distribution. Les mesures d’hygiènes ont été renforcées, limitant les contacts avec la population et les aliments (distribution sans contacts physiques, mise à disposition de gel hydro-alcoolique et de gants, emballage des denrées alimentaires, etc.). Enfin, des dispositifs de commandes par téléphone et de livraisons sans contact sont actuellement mis en place afin de garantir la pérennité de l’activité de nos partenaires, mais également l’approvisionnement alimentaire des populations.
Au Niger, dans le cadre des projets Pafan et Meriem, les entreprises partenaires productrices de farines infantiles fortifiées continuent à rendre disponibles des aliments de bonne qualité à la population, à un prix accessible via des points de vente, ou, pour les plus vulnérables, à travers des distributions gratuites assurées par les institutions et les organisations d’urgence. Des messages de sensibilisation en nutrition adaptés – incluant la prévention au Covid-19 – sont diffusés en parallèle, et des kits d’hygiène distribués aux centres de santé et à la population.
Au Sénégal, le dispositif de mobilisation sociale du projet Asap, un projet visant à améliorer l’assainissement dans la région de Tambacounda, a adapté ses messages de prévention et diffusé dans les communes des informations en langues locales pour lutter contre la propagation du Covid-19, en passant par des radios locales, des groupes WhatsApp, des réunions téléphoniques, de façon à ne pas exposer les relais de sensibilisation. Des kits d’hygiène – contenant du savon, de l’eau de javel et des dispositifs de lavage des mains – ont également été distribués aux maires des 12 communes d’intervention du projet.
Sur le projet Commun*, qui a vocation en temps normal à protéger les forêts de Casamance, des partenariats avec trois radios communautaires ont été enclenchés pour organiser des émissions de sensibilisation en présence de personnels de santé et d’autorités locales. « Nous envisageons également d’appuyer les services de santé en les dotant de matériels sanitaires et aussi en mettant en place des dispositifs de lavage des mains qu’on installera au niveau des lieux publics comme la préfecture, l’hôpital, la mairie, la grande mosquée, services forestiers, dispensaires, etc. Des gestes qui pourraient être notre contribution symbolique à cette lutte », explique El Hadji Thierno Cissé, le coordonnateur du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), partenaire du Gret sur ce projet.
Ailleurs en Afrique mais aussi en Asie, la dynamique multiforme sur nos différents terrains d’intervention voit nos équipes et nos partenaires s’activer pour proposer des solutions qui limitent l’impact de la crise sur les populations. La mise en œuvre de dispositifs de transferts monétaires, en espèce ou en coupon, est notamment à l’étude dans certaines situations.
Les bouleversements présents et à venir de cette crise sanitaire ne peuvent pas encore être quantifiés, mais nous pouvons déjà être sûrs que les conséquences seront massives, tant à l’échelle économique et politique internationale, que localement, dans le quotidien des populations. Notre regard doit se tourner vers la limitation de l’impact négatif sur les plus vulnérables, et nous devons dès à présent nous mobiliser, du terrain au politique, pour assurer une réponse internationale, collective et solidaire au bénéfice d’une résilience globale. Le Gret avec ses partenaires contribuera à l’invention des nouvelles politiques publiques résilientes qu’il faudra déployer. Dans le monde incertain de demain, le Gret poursuivra avec la méthode pragmatique et participative qui est la sienne, la recherche des innovations sociales pour rendre ce monde plus juste et plus résilient.
Sur tous les continents, les organisations de solidarité doivent œuvrer contre le repli communautaire et la peur, et s’assurer que les plans de relance et de transformation nationaux et internationaux ne laissent personne de côté. La mise en lumière de la vulnérabilité de nos systèmes de prévention et de santé est aussi l’occasion de réaffirmer la nécessité d’un développement durable international, déjà abondamment décrit et approuvé en principe par les nations et l’ensemble des acteurs. La prise en compte de l’urgence climatique, environnementale, sanitaire et de justice sociale est plus que jamais nécessaire. L’approche par les communs, la réaffirmation de l’intérêt général, la nécessité de renforcer la gouvernance démocratique et la participation confirment leur pertinence. Pouvant enrichir les processus locaux de résilience, la notion de communs valorise les capacités des populations à s’organiser, à maîtriser leurs ressources et à définir des gouvernances plus justes et plus durables, pouvant aussi s’inscrire ou non dans les cadres étatiques.
Pour agir pour « le monde d’après » et nous relever de cette crise mondiale multiforme, nous aurons également besoin de nous appuyer sur les 17 Objectifs de développement durable adoptés par les Nations Unies en 2015, des outils à approfondir et valoriser pour nous aider à façonner un avenir commun.
Initiatives, conseils pratiques et liens utiles
Pour permettre à chacun·e de comprendre, de se protéger et d’agir à son niveau, voici une liste non exhaustive d’initiatives véhiculant des messages de prévention et de diffusion de bonnes pratiques. N’hésitez pas à nous signaler toute autre action que nous pourrions relayer sur cette page !
Une carte interactive pour suivre en temps réel l’évolution de l’épidémie dans le monde (en anglais)
Le blog de la FAO sur les liens entre le Covid-19 et l’agroecologie (en anglais)
L’ONG italienne Arca di Noè propose une série de vidéos de sensibilisation multilingues
La Fédération des acteurs de la solidarité a conçu et traduit une série d’affiches de prévention en plusieurs langues (Bambara, Lingala, Malinké, Soninké, etc.)
France TV Info a recensé en Afrique plusieurs clips et chansons pour lutter contre le coronavirus
Fagaru Ci Coronavirus, le clip de sensibilisation du collectif Y’en A Marre
What parents should know, un mémo proposé aux parent par l’Unicef au Cambodge (en anglais)
Le projet Folding at Home permet à chacun de contribuer aux efforts de recherche (site en anglais)
*Les projets Urbayiti et Commun sont mis en œuvre grâce au soutien financier de l’Union européenne (UE). Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité du Gret et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’UE.
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