Au début du mois de juin, s'est tenue à Bonn, en Allemagne, la seconde session des réunions préparatoires à la 15ème COP qui aura lieu en décembre prochain à Copenhague, au Danemark. L'Initiative des Jeunes Africains sur les Changements Climatiques (IJACC) a organisé ce 10 Juin un événement parallèle autour du thème de " La Justice Climatique : la voix des jeunes du Sud ". Entretien avec Séna Alouka, responsable de l'IJACC qui lance un appel à la mobilisation à la jeunesse africaine.
-Pouvez-vous me parler de l'AYICC ?
L'Initiative des Jeunes Africains sur les Changements Climatiques (IJACC) est un réseau de jeunesse qui a été conçu en 2006 à Nairobi au Kenya, pendant la Conférence Internationale de la Jeunesse qui s'est tenue juste avant la COP. Cette initiative a permis de partager des connaissances, des idées, des expériences, des compétences et des stratégies partout sur le continent, et de mettre en relation des actions de jeunesse sur l'atténuation et l'adaptation aux changements climatiques. Elle a été identifiée par la plupart des jeunes comme étant une plateforme leur permettant d'aborder les défis régionaux à des réunions internationales telles que les COP.
- Pourquoi impliquer la jeunesse dans les discussions sur le climat?
Il devient urgent que la jeunesse, qu'elle soit africaine, européenne, américaine, puisse influencer les textes et positions élaborées lors des grandes conférences. En effet, au-delà d'une importance démographique incomparable, les jeunes font preuve d'une implication et d'une mobilisation exponentielle qu'ils doivent pouvoir exprimer et concrétiser au sein des grands processus décisionnels internationaux et des négociations à venir. Ils ont donc toute légitimité à réclamer une place et un rôle en tant qu'acteur à part entière sur la scène internationale.
- Quels sont vos objectifs pour l'année ?
Nous souhaitons pour cette année, développer le réseau, aboutir à la nomination de points focaux nationaux et régionaux.
L'objectif ultime de l'année est représenté par la 15ème Conférence des Parties à la CCNUCC, qui se tiendra à Copenhague en décembre prochain ; nous souhaitons à cette occasion promouvoir les idées exprimées par la jeunesse, souffrant jusqu'alors d'une représentation et d'une visibilité faibles, et influencer les négociations concernant le futur de notre planète et des générations à venir.
- Quelles sont vos grandes positions sur les négociations en cours?
Les résultats de cette rencontre de Bonn, selon nous, très limités. Nous observons notamment un manque notoire de consensus, donnant lieu à des négociations creuses et sans véritable avancée. Quant à la " dite " solution des réductions d'émissions de gaz à effet de serre, nous estimons que les engagements exprimés par les pays du nord restent trop faibles pour permettre une réelle et rapide amélioration de notre environnement.
Le chaos climatique savamment orchestré par les pays développés et mis en oeuvre par les compagnies et les multinationales, avec la bénédiction de l'OMC, ne doivent pas mettre en péril le droit de milliards de citoyens à vivre modestement et décemment avec leur écosystème.
Nous souhaitons également qu'une distinction claire soit faite entre pays responsables et pays victimes. En effet, il est tout à fait inconsidéré d'exiger de pays à l'économie émergente de réduire leurs émissions, si les pays industrialisés, n'envisagent pas eux-mêmes des projections de réductions sensées et proportionnées à leur responsabilité.
Il est aussi important de noter la responsabilité historique de ces pays, due à plus d'un siècle et demi de production industrielle à outrance. Parallèlement, les pays émergents tentent depuis quelques dizaines d'années, de rattraper le retard économique et industriel accumulé, et ce, sans se préoccuper de l'impact d'un développement anarchique sur leur environnement. Aux vues des différences de situation des pays, il est essentiel de déterminer une responsabilité commune mais différenciée.
- Quel est votre message à la jeunesse africaine ?
Le Protocole de Kyoto n'arrive pas à son terme en 2012. Il annonce simplement la fin d'une première période d'engagement. Une seconde période doit être entamée en 2013 et d'achèvera en 2017.
De plus, si les changements climatiques ont des conséquences désastreuses facilement observables à l'échelle nationale, continentale et même planétaire, telles que l'augmentation du niveau de la mer ou la disparition de certaines espèces animales ou végétales, ce sont bien souvent les actions anthropiques individuelles qui sont les plus déterminantes. Parmi elles, on peut citer : le tri sélectif des déchets ménagers, le recours aux transports collectifs comme alternative à la voiture ou aux taxis motos très répandus en Afrique, une gestion de la consommation en eau... C'est aujourd'hui que ce décide notre avenir. La jeunesse doit agir dès aujourd'hui pour assurer son avenir et la survie de notre planète et celle des générations à venir.
- Je suis un jeune Africain soucieux des questions environnementales et curieux des activités menées et projets élaborés par l'IJACC, comment puis-je m'impliquer ?
Toute contribution est la bienvenue. Nous savons tous que l'union fait la force mais que cette force ne peut avoir un impact retentissant que si nous agissons et apparaissons nombreux. Nous sommes donc ouverts à toute suggestion et disposés à répondre toute question concernant notre stratégie et nos projets. Vous pouvez consulter notre site web www.ayicc.org et nous envoyer un mail à : ijacc2009@gmail.com.
Pour en savoir plus (1031 hits)