Depuis le 12 mars 2012, les dirigeants du monde entier se réunissent à Marseille en France dans le cadre du 6e Forum Mondial de l'Eau. Leur objectif sera de trouver des solutions pour que l'accès à l'eau soit une réalité pour tous.
Pour ma part, je pense que cet objectif ne sera réalisable que lorsqu'un certain nombre de paramètres seront pris en compte dans la gestion des ressources en eau.
Il s'agirait, dans un premier temps, de faire participer les populations qui souffrent le plus du manque d'eau, de les écouter et de s'approprier les techniques qu'elles utilisent au quotidien pour pallier ce manque. Car c'est en comprenant leurs besoins et leurs modes de vie que l'on pourra les appuyer dans la recherche de solutions adaptées et efficaces.
Appuyer et valoriser les initiatives locales
La première condition pour le succès de ce forum est la diversité et surtout la représentativité des participants (leurs origines et les thématiques qu'ils développeront).
Les problématiques de l'eau sont toutes étroitement liées à l'accessibilité et à la qualité de l'eau. De nombreuses initiatives sont menées par les populations victimes de la mauvaise répartition terrestre des ressources en eau. De ce fait, il est impératif que le Forum s'imprègne de ces initiatives et les étudie sous un angle scientifique afin d'optimiser l'impact des mesures à l'échelle locale.
Dans beaucoup de régions pauvres en eau, les techniques utilisées sont souvent héritées d'un usage traditionnel. Par exemple, dans les régions septentrionales du Cameroun, une technique de traitement des eaux de consommation consiste à utiliser du moringua pour assainir des eaux turbides destinées à la consommation. Le moringua est séché, écrasé et mélangé à l'eau dans des proportions jusqu'ici aléatoire. Après agitation, on observe un dépôt au fond du récipient, ce sont les particules en suspension qui peuvent alors être filtrées. Après cette approprier cette technique, les chercheurs agronomes pourront contribuer à l'amélioration des conditions de culture de moringua, les ingénieurs pourraient définir une procédure pour permettre un séchage optimal tandis que les experts de l'eau établiront les proportions idéales du mélange moringua/eau.
En tant qu'élève ingénieur et jeune entrepreneur dans le secteur de l'eau au Cameroun, je constate qu'au-delà de l'appropriation des initiatives locales, il y a un besoin réel de créer une synergie et un partenariat entre les différentes disciplines scientifiques et les consommateurs.
Impliquer les populations dans la GIRE
Je suis convaincu de l'importance d'instaurer une gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) au Cameroun. La GIRE est une approche qui consiste à rationaliser l'utilisation de l'eau en fonction des ressources qui sont disponibles.
Selon Jean-Paul Brice AFANA, président de l'ONG Actions vitales pour le développement (AVD), les étudiants résidant à la cité universitaire de Yaoundé I ne se posent aucune question quant à la quantité et aux coûts de l'eau qu'ils consomment puisque qu'ils y ont accès gratuitement. Il est impératif que les consommateurs soient informés et " responsabilisés " sur ce qui conditionne leur accès à l'eau. Ils doivent être conscients des efforts et des montants investis par leur administration dans le développement de l'accès à l'eau. Sinon ils continueront de l'utiliser de manière anarchique.
C'est en partie pour répondre à cette préoccupation que j'ai crée " Green Technologies ", une entreprise sociale donc le but est d'accompagner les collectivités décentralisées dans la maitrise de leur budget en matière de politique d'accès à l'eau et à l'énergie. Nous les aidons à sensibiliser les populations sur les coûts investis, à créer des comités de gestion autour de chaque point d'eau. Green Technologies s'est aussi donné pour objectif d'identifier des initiatives porteuses à l'échelle locale qui peuvent être répliquées dans d'autres régions ou pays.
Enfin le temps des solutions ?
Il est temps que des décisions soient prises afin de garantir l'accès à une eau de qualité pour tous. Les solutions qui peuvent être appliquées à l'échelle mondiale sont de plusieurs ordres :
Marseille, me voici ! Je veux rentrer avec des solutions dans ma gibécières!
Isaac Yves NYENGUE BAHANAK
Membre du Comité des Jeunes Reporters Mediaterre