Les Seychelles, malgré son éloignement des grands marchés financiers de Londres et de New York, subit de plein fouet, depuis la fin de l'année 2008, la crise financière globale. Le secteur touristique, qui est le pilier économique des Seychelles, commence à subir une contraction dans le nombre d'arrivées touristiques dû à l'impact de la crise financière sur l'économie réelle en Europe. Le Président des Seychelles, M. James Alix Michel, dans un entretien au correspondant de Reuters en début d'année, a indiqué que le nombre de visiteurs pour 2009 pourrait subir une contraction d'environ 20 à 25%.
Seychelles, avec une population de 85,000, a vu sa croissance en chute libre en 2008 et un épuisement de ses réserves en devises. Par conséquent, l'État archipel était dans l'incapacité de respecter les engagements financiers auprès de ses créanciers internationaux. En octobre dernier, l'archipel n'était pas en mesure d'honorer le paiement des intérêts de l'ordre de $230 million de dollars sur des bonds des trésors qui arrivaient en maturité en 2011. Ce qui le contraint pour la première fois de son histoire, à faire appel à l'assistance du Fond Monétaire International (FMI) qui vient de faire une offre de 26 millions de dollars pour une période de deux ans, sur la base d'un plan de restructuration touchant des réformes au niveau monétaires et fiscaux. L'objectif de la réforme vise principalement la libéralisation de l'économie seychelloise.
Au cours de ses trente dernières années, Seychelles avait adopté une stratégie de développement dite socialiste, axée sur l'éducation et la santé gratuite et une monnaie (la roupie seychelloise) sur-évaluée artificiellement par rapport aux dollars. Aussi, malgré le passage des Seychelles au multipartisme, la consolidation du tissu démocratique progresse lentement et les mouvements qui s'inscrivent en opposition à la politique gouvernemental ont du mal à conquérir l'espace démocratique et à s'épanouir. Cette culture démocratique en cours est caractérisée par une structure bureaucratique tout puissant et centralisateur, un control sévère sur les medias et un secteur non-étatique relativement faible.
La récession aux États-Unis et en Europe démontre la vulnérabilité des Petits États Insulaires en Développement (PIED) comme les Seychelles. Cependant, les prescriptions du FMI et de la Banque Mondial en matière d'ajustements structurels dans d'autres pays ont laissé des séquelles très graves. Le continent africain illustre très bien ces mauvaises expériences. Les Seychelles doivent pouvoir rechercher sa voie sans hypothéquer d'une part, ses atouts et d'autre part ne pas basculer d'une situation centralisatrice à une situation où le marché règne en maître. Il faut une approche et des politiques judicieuses qui préservent et assurent la qualité de vie et la dignité des seychellois. Car si la croissance est nécessaire, elle ne permettra pas à elle seule de réaliser pleinement le bonheur du peuple. Encore faut-il consolider l'espace démocratique garantissant les droits politiques, économiques, sociaux, environnementaux et culturels.
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