La population du plateau central de l'île Maurice se trouve confrontée à une rupture dans l'approvisionnement quotidien de l'eau potable. Suite à la sécheresse qu'a subit le pays à la fin de l'année dernière et le déficit en matière de pluviométrie durant la saison de pluie, le principal réservoir de l'île qui alimente le centre du pays se trouve asséché petit à petit. Actuellement le réservoir, connu comme la Mare aux Vacoas, se retrouve avec un taux de remplissage de 38,6 % (9,9 millions de mètres cubes) tandis que sa capacité normale est de 25, 9 millions de mètres cubes. Par conséquent, le gouvernement a dû appliquer des coupures drastiques dans l'approvisionnement quotidien des populations. D'une fourniture quotidienne de 12 heures par jour, on est passé à 6 heures. Si la situation perdure, le réservoir sera à sec d'ici le mois de novembre.
L'impacte de la situation ne se limite pas au niveau des ménages. Les conséquences économiques risquent d'être élevées. Les entreprises implantées dans la région craignent pour leurs opérations. Par exemple, une entreprise textile relève que la sécheresse de l'été 2010 (octobre à mars) a entraîné des pertes d'environ 700,000 roupies mauriciennes (US $ 17,500) au bout d'un trimestre.
La situation actuelle met en exergue la vulnérabilité de Maurice en tant que Petit État Insulaire en Développement eu égard de la ressource en eau. Cette vulnérabilité est induite par plusieurs facteurs notamment la gestion de la ressource et le changement climatique.
La gestion de la ressource
La culture populaire se veut que la ressource en eau soit illimitée. D'où l'abus de toutes sortes dans l'utilisation de l'eau potable dans la vie quotidienne. Actuellement, il y a environ 300,000 abonnés domestiques. Mais les politiques n'ont jamais pu et n'ont jamais su faire prendre conscience à la population mauricienne la rareté de l'eau, la nécessité de ne pas la gaspiller et ne pas la polluer. Par conséquent, le problème de l'eau n'a jamais été bien appréhendé par la population.
La gestion du réseau de distribution est aussi source de problème. Le réseau de distribution de l'eau fait parti de ces infrastructures qui n'ont pas suivi la modernisation de la société mauricienne. Aujourd'hui on est en présence d'un réseau mal entretenu avec comme conséquence une perte de 48% d'eau environ dans le réseau de distribution, ce qui pousse certains observateurs et experts à dire qu'on a suffisamment de ressource en eau pour faire face aux besoins du pays. Le tout est une question de gestion, de planification des besoins du pays en eau et de traiter ce secteur comme une priorité.
Le Changement Climatique
Le changement climatique est aussi une nouvelle donne dans la gestion de l'eau à Maurice. C'est un fait que le pays subit de façon régulière des phénomènes de climat extrême et de catastrophe naturelle. Cependant, Maurice n'a pas eu à faire face ces dernières années aux conséquences des cyclones. Selon des observations empiriques, il y a de moins en moins de cyclones dans le sud-ouest de l'Océan Indien contrairement à la situation dans le nord, ce qui a contribué à un déficit au niveau de la pluviométrie. Or pour les mauriciens, les cyclones sont les bienvenues dans la mesure où ils permettent d'alimenter en partie les réservoirs sur l'île.
Il y a selon les autorités, une mutation dans la saison des pluies. La pluie a non seulement diminué au fil du temps mais elle tombe différemment. Aujourd'hui, la pluviométrie dans certaines régions de l'île est de plus en plus moindre. Le cas du plateau central illustre à juste titre ce phénomène. Autre changement observé, est que la saison de pluies s'est décalée d'un mois, passant d'octobre-novembre à novembre-décembre. Cependant, ces observations empiriques sont insuffisantes et doivent être étayées par des recherches scientifiques afin de permettre aux décideurs d'adopter des politiques appropriées et de mieux gérer la ressource en eau.
En attendant, c'est une opportunité de faire prendre conscience à la population de la nécessité d'utiliser l'eau judicieusement et de pas la gaspiller. Dans ce contexte, non seulement il faut construire de nouveaux réservoirs mais il faut aussi emmener les mauriciens à capter l'eau de pluie au niveau domestique. Encore faut-il faire abstraction des mesures populistes et développer une solidarité nationale au niveau de la population. Après tout, l'eau est une ressource rare qu'il faut distribuer de façon équitable. L'accès aux ressources telle que l'eau est un droit humain et fait partie de tout processus de démocratisation économique et social.