"L'adoption
de la toute première résolution sur les femmes défenseures des droits humains
par la Troisième commission de l'Assemblée générale des Nations Unies marque un
pas de plus vers la protection des personnes qui sont confrontées à des risques
et à des agressions en raison de leur travail en faveur des droits humains, y
compris les droits des femmes". C'est ce que déclaraient le 28 novembre 2013 Amnesty
International (AI), l'Association pour les droits de la femme et le
développement (AWID), le Service international pour les droits de l'homme
(SIDH) et JASS (Just Associates).
Ce consensus
de dernière minute est survenu aux dépens d'un paragraphe essentiel, appelant
les États à condamner toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des
défenseures des droits humains et à éviter d'invoquer toutes coutumes,
traditions ou considérations religieuses pour se soustraire à leurs obligations
relatives à l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Pourtant, cette
formulation avait été adoptée dans la Résolution 67/144 de l'Assemblée générale
sur l'Intensification de l'action menée pour éliminer toutes les formes de
violence à l'égard des femmes. Il est ironique que ce genre de libellé ait été
omis pendant la semaine même où on souligne la Journée internationale pour
l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25 novembre.
La
résolution demande également aux États de protéger les femmes défenseures des
droits humains de toutes représailles découlant de leur coopération avec l'ONU
et d'assurer leur droit de s'adresser sans restriction aux organes et
mécanismes internationaux des droits humains et à communiquer librement avec
ces organes.
Plusieurs
éléments de la résolution ont fait l'objet de vifs débats pendant les
négociations. En effet, les États africains et plusieurs États asiatiques
arguaient que le texte devrait mettre plus d'accent sur les devoirs et
responsabilités de ceux et celles qui défendent les droits humains et ne
devraient pas créer de droits spéciaux ou de privilèges pour certains groupes
de défenseur-e-s.
Les
négociations laborieuses ont suscité un déluge d'appui au sein de la société
civile du monde entier, qui s'est mobilisée pour exhorter les représentant-e-s
des États à soutenir la résolution. Plus de 70 organisations de la société
civile et de défenseur-e-s des droits humains des quatre coins de l'Afrique ont
signé une lettre ouverte s'adressant à leurs représentant-e-s étatiques et leur
demandant de parrainer la résolution. Par surcroit, d'éminentes personnalités,
y compris des lauréates du Prix Nobel de la paix et des membres des Elders
ont engagé les États de toutes les parties du monde à soutenir une résolution
au libellé vigoureux.
Bien
que la résolution telle qu'adoptée n'aborde pas entièrement les risques et les
besoins de protection des femmes défenseures des droits humains, elle demeure
historique et déterminante. Les États se sont engagés à prendre des mesures
concrètes pour protéger les défenseures des droits humains. AI, l'AWID, le SIDH
et JASS enjoignent tous les États de veiller à ce que les mesures énoncées dans
la résolution soient dorénavant mises en oeuvre à l'échelle nationale.
Contacts
:
Amnesty
International : Nicole Bjerler, bureau d'Amnesty International auprès de l'ONU
à New York,
Bjerler@amnesty.org ou 1
212 867 8878.
Association
pour les droits de la femme et le développement (AWID) : Marisa Viana,
Responsable, du Programme d'activisme des jeunes féministes,
MViana@awid.org.
Service
international pour les droits de l'homme (SIDH) : Eleanor Openshaw, Programme
des femmes défenseures des droits humains,
e.openshaw@ishr.ch
ou 41 789 442 552; Madeleine Sinclair, Responsable de programme et
conseillère juridique,
m.sinclair@ishr.ch
ou 1-917-544-6148.
Jass
( Just Associates) : Cristina Hardaga Fernández, coordonnatrice engagement
stratégique et politique,
cristinahf.jass@gmail.com.
Notes
:
Aux
fins de cette résolution, l'expression " femmes défenseures des droits
humains " inclut les femmes qui défendent l'ensemble des droits humains
ainsi que toutes celles qui travaillent à la promotion et à la protection des
droits des femmes et à des questions relatives à l'égalité des genres.
Amnesty
International, l'Association pour les droits de la femme et le développement,
le Service international des droits de l'homme et JASS sont toutes des
organisations membres de la
Coalition internationale des femmes
défenseures des droits humains.
Dans
son rapport de 2010 au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies
(A/HRC/16/44), la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des
droits de l'homme évoque le grand nombre de communications qu'elle avait reçues
alléguant des violations commises contre les personnes dont le travail est axé
sur les questions liées au genre et envers celles qui oeuvrent en faveur des
droits des femmes, y compris les droits sexuels et reproductifs.
Des
agressions envers les femmes défenseures des droits humains qui travaillent à
des enjeux touchant les droits sexuels et reproductifs et la sexualité ont été
documentées par la Coalition internationale des femmes défenseures des droits
humains dans leur
Rapport mondial
(en anglais). On y rapporte notamment le meurtre d'un professionnel de la santé
américain, le Dr George Tiller, survenu en 2009. Le rapport rappelle également
qu'en 2010, on a procédé à la poursuite abusive et à la détention arbitraire du
Dr Isatou Touray et de Mme Amie Bojang-Sissoho, activistes gambiennes qui
dénonçaient la mutilation génitale féminine.