Ainsi conclut le rapport de la prospective Agrimonde sur les agricultures et les alimentations du monde à l’horizon 2050, paru en février 2009. Ce projet est mené par le Cirad et l’Inra depuis 2006.
9 milliards d’êtres humains à nourrir en 2050, l’environnement à protéger, des ressources énergétiques de plus en plus rares…quels peuvent être, dans ce contexte, les futurs possibles des systèmes agricoles et alimentaires mondiaux ? C’est à cette question que répond la prospective Agrimonde, menée par le Cirad et l’Inra depuis 2006. Le rapport présentant les résultats de la première phase du projet (2006-2008) est paru en février 2009. Il a été restitué auprès des acteurs mobilisés dans l’exercice, lors du Salon international de l’agriculture à Paris.
Le rapport détaille notamment l’étude de deux scenarios. Le premier, « Agrimonde 1 », cherche à mettre en application les principes du développement durable, s’inspirant des lignes directrices proposées par Michel Griffon dans son ouvrage Nourrir la planète. Cela passe par une intensification écologique de la production et une réduction des inégalités actuelles de consommation - la réduction de la sous-alimentation dans certaines régions, mais aussi, dans d’autres régions, la réduction de gaspillages ou d’excès d’apports alimentaires. Pour enrichir le débat, les chercheurs ont traduit dans leur grille d’analyse un scénario du Millenium Ecosystem Assesment (MEA), « Global Orchestration », le plus performant du MEA pour réduire la pauvreté. Ce deuxième scénario, renommé pour l’occasion « Agrimonde GO », se caractérise en premier lieu par une croissance significative des rendements caloriques par hectare cultivé et par un commerce international sans entrave. Il repose également sur l’hypothèse que les problèmes environnementaux ne sont pas anticipés, avec la certitude qu'ils pourront toujours être surmontés une fois devenus trop aigus.
Dans les deux cas, sur la base des hypothèses formulées, nourrir la planète en 2050 n’apparaît pas chose impossible. Trois régions, toutefois – l’Afrique subsaharienne, l’Asie et l’Afrique du Nord/Moyen-Orient – restent globalement déficitaires. Ce fait souligne l’importance à accorder à l’organisation et à la régulation des échanges internationaux dans une perspective de sécurité alimentaire. Par ailleurs, pour nourrir le monde en 2050, le scénario « Agrimonde 1 » formule l’hypothèse de changements majeurs dans la gestion des pertes et dans les comportements alimentaires : la disponibilité en calories alimentaires serait partout de 3000 kcal par habitant et par jour, correspondant à la moyenne mondiale en 2003, alors qu’aujourd’hui, elle ne dépasse pas 2500 kcal/hab/j en Afrique subsaharienne et qu’elle avoisine les 4000 kcal/hab/j dans les pays de l’OCDE. Cette hypothèse suppose ainsi une rupture forte dans les faits et les tendances actuelles. Enfin, la prospective renouvelle le questionnement de la recherche sur l’évolution des rendements et des surfaces mises en production, ainsi que leurs dimensions et conséquences techniques, économiques, sociales et environnementales. En reliant les dimensions techniques et foncières du couple rendement-surface, elle positionne l’intensification écologique comme un enjeu majeur.
Source : Cirad
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