Marais, lagunes, marécages et tourbières sont des zones humides,
c'est-à-dire des régions où l'eau est le principal facteur contrôlant le
milieu naturel ainsi que la vie animale et végétale associée. Même si
elles couvrent moins de 5% des terres émergées sur l'ensemble du globe,
ces zones jouent un rôle majeur dans les activités humaines, la
biodiversité, le climat et le cycle de l'eau. En effet, elles produisent
un tiers du méthane atmosphérique, l'un des principaux gaz à effet de
serre. De plus, ces régions influencent les échanges d'eau douce des
continents vers la mer et modifient la météorologie locale en amplifiant
l'évaporation.
Mieux appréhender le fonctionnement des zones
humides, leur variabilité et leur dynamique dans le temps s'avère
indispensable pour évaluer les changements climatiques et pouvoir
élaborer des recommandations en termes de gestion des ressources en eau.
Cependant, caractériser leur distribution et quantifier leurs
variations saisonnières et interannuelles sur toute la Terre est un défi
qui n'avait jamais été relevé jusqu'à présent, tant ces zones sont
diverses et disséminées sur la planète, étant réparties des zones
tropicales aux régions arctiques.
En combinant et analysant
simultanément un très grand nombre d'observations issues de différents
satellites, les chercheurs sont parvenus à élaborer la première
cartographie des zones humides et de leur dynamique temporelle, à
l'échelle du globe, sur quinze ans. Première conclusion : l'étendue des
zones d'eau varie fortement au cours de l'année, mais aussi d'une année à
l'autre, avec une forte modulation durant les épisodes El Niño. De
plus, entre 1993 et 2007, les scientifiques ont constaté une diminution
de 6 % de la superficie des zones humides. Cette diminution a surtout
affecté les régions tropicales et subtropicales. Les plus fortes baisses
se concentrent là où sont recensées les plus importantes augmentations
de population durant les deux dernières décennies.
Cette étude
suggère donc le rôle de la pression démographique à l'échelle du globe
sur les cycles hydrologiques : cette pression interviendrait notamment
par l'assèchement des marais pour l'urbanisation et par l'augmentation
des prélèvements d'eau dans les zones humides.