Le sorgho sucré présente de multiples avantages : il produit des grains pour l’alimentation humaine, fournit une biomasse élevée de tiges et de feuilles pour l’alimentation animale et la production d’énergie thermique, tout en accumulant dans ses tiges un jus sucré qui peut être transformé en bioéthanol. Ses besoins limités en eau en font, de plus, une céréale parfaitement adaptée à l’agriculture pluviale en conditions semi-arides. Il est donc tout indiqué pour répondre aux enjeux auxquels sont confrontés les pays sahéliens : assurer la sécurité alimentaire de leurs populations et diversifier leurs sources d’énergie.
Mais toutes les variétés de sorgho n’ont pas les mêmes potentialités dans ce domaine, et certaines semblent mieux à même de répondre à des usages multiples. C’est le cas de certaines variétés traditionnelles ouest-africaines de sorgho-grain, en particulier celles du groupe des sorghos de décrue de la région du fleuve Sénégal, qui peuvent allier une importante biomasse et des tiges sucrées et juteuses.
Les chercheurs du Ceraas et du Cirad se sont intéressés à ces sorghos, qui constituent une source potentielle de gènes pour créer des variétés multi-usage plus performantes.
Des variétés traditionnelles prometteuses
Ils ont étudié une collection de 84 variétés traditionnelles de sorgho, de provenance sénégalaise pour la plupart, et 4 cultivars témoins, à Bambey, au Sénégal. Il s’agissait de déterminer les caractères et combinaisons de caractères nécessaires pour obtenir une variété de sorgho multi-usage performante, mais aussi d’identifier des géniteurs potentiels pour de futurs programmes de sélection.
L’évaluation concernait 20 caractères liés à la phénologie, à la morphologie et à la production de sucre et de grains, avec deux dates de semis, l’une précoce, en juillet, l’autre tardive, en août. Elle mettait l’accent sur la sensibilité à la photopériode des variétés, car les variétés photosensibles ont un meilleur potentiel de production de biomasse de tiges en cas de semis précoce et une production assurée de grains en cas de semis tardif.
Trouver un compromis entre production de grains, de sucre et de biomasse
Sur la base des caractères mesurés pour le semis précoce, les chercheurs ont classé les variétés en trois groupes pour leur capacité à combiner production de sucre, de biomasse végétative et de grains.
Deux groupes incluent les variétés performantes pour un usage unique : l’un pour la production de grains et l’autre pour celle de sucres. Le troisième groupe rassemble les variétés qui offrent un bon compromis entre la production de grains, de sucre et de biomasse.
Des processus physiologiques à élucider
Les recherches se poursuivent pour mieux comprendre les processus physiologiques en jeu. La relation entre la taille et l’anatomie des entre-nœuds et la teneur en sucre va faire l’objet d’une étude spécifique, et des travaux sont déjà engagés sur le rôle joué par le caractère stay-green %u2015 un retard de la sénescence des feuilles, qui permet de prolonger l’activité photosynthétique en fin de cycle et assure ainsi un bon remplissage du grain %u2015 dans le maintien du rendement en sucre dans des conditions de déficit hydrique postfloral.
Communiqué du Cirad
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