Une étude internationale dirigée par des scientifiques de l’Université de Monash (Melbourne, Australie) et réalisée en étroite collaboration avec le Gouvernement Princier, le Centre Scientifique de Monaco (CSM) et le Comité Scientifique pour la Recherche Antarctique (SCAR), rend discutable l’opinion générale que l’Antarctique et l’océan Austral sont en meilleur santé que le reste du monde.
Cette étude, publiée aujourd’hui dans le Journal PLoS Biology, est un des produits d’une réunion qui s’est tenue en 2015 à Monaco, au cours de laquelle un groupe pluridisciplinaire de 23 experts avait effectué la première évaluation de la biodiversité en Antarctique : « L’Evaluation de Monaco ». L’objectif de cette réunion était de comparer la situation de la biodiversité antarctique et sa gestion à celle du reste du monde.
En effet, examiner dans quelle mesure la conservation de la biodiversité en Antarctique et dans l’océan Austral répond à la série d’ambitions adoptée pour la planète est fondamental pour pouvoir enrayer la perte de biodiversité globale.
Pourtant, les objectifs d'Aichi du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 définis dans le cadre de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) n'avaient jamais été appliqués à l'Antarctique et l'océan Austral, zones qui représentent à elles-seules environ 10% de la surface de la planète.
« Les résultats ont été véritablement surprenants », a souligné le Professeur Steven Chown, auteur principal de cette étude et Directeur de la Faculté des Sciences Biologiques à Monash. « Alors que dans certains domaines, tels que la gestion des espèces introduites, la région antarctique se porte plutôt bien, dans d'autres, comme la gestion des aires protégées et la réglementation de la bioprospection, elle accuse un retard considérable », a-t-il ajouté.
L'étude a révélé que globalement la différence entre l'état de la biodiversité en Antarctique et dans le reste du monde était infime, contrairement à l’image pure que nous nous faisons de cet endroit reculé.
Dans ce contexte, les données collectées cette année en Terre Adélie par les chercheurs du CSM dans le cadre d’un partenariat avec le CNRS et l’Université de Strasbourg corroborent ce triste constat : « Pour la deuxième fois en 60 ans de présence dans la région, nous déplorons, comme en 2014, un échec reproducteur total des manchots Adélie de l’Ile des Pétrels où se situe la station de recherche de Dumont D’Urville. Les causes de cette mortalité sont à éclaircir mais elles associent sans aucun doute des causes globales et locales liées au réchauffement climatique », précise le Directeur Scientifique du CSM, le Professeur Denis Allemand.
« Malgré ce bilan plutôt pessimiste, il existe de grandes possibilités d'actions positives », a déclaré le Professeur Melodie McGeoch de l’Université de Monash et co-auteur de l’article. « Les accords conclus dans le cadre du Système du Traité sur l'Antarctique se prêtent à une action efficace et les États Parties ont récemment renforcé leur volonté de protéger la biodiversité de la région. »
Cette étude scientifique garantit que les futures évaluations réalisées dans le cadre du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 de la CDB seront véritablement globales.
Le Professeur McGeoch a déclaré que cette étude contribuera à informer sur le progrès global vers la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies.
Le Gouvernement Princier se félicite d’avoir apporté son soutien à l’élaboration d’une telle étude et se réjoui de pouvoir accueillir, une fois encore, les experts de la biodiversité de la région antarctique en Principauté .
En effet, un deuxième atelier, intitulé « L’Antarctique et le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 : L’évaluation de Monaco – le Programme de mise en œuvre », sera organisé en juillet 2017 en Principauté, toujours en collaboration avec l’Université de Monash, le SCAR, le CSM et le Gouvernement Princier.
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