Par Sophie Swaton, Maître d’enseignement et de recherche en durabilité opérationnelle, Université de Lausanne
L’idée d’un revenu de base inconditionnel, qui serait versé à chaque personne indépendamment de son activité professionnelle, anime les milieux académiques et politiques depuis plusieurs décennies. L’une des propositions les plus récentes, formulée par le Mouvement français pour un revenu de base, s’élève à hauteur du RSA (soit 465 euros par mois et par adulte pour 2015).
Pour justifier son instauration, ses partisans invoquent différents arguments de nature philosophique, économique, sociale ou politique.
En toile de fond, sont évoquées les inquiétudes liées à l’avenir du salariat dans une société en proie à de graves problèmes d’exclusion, d’enfermement dans des trappes à inactivité et à l’automatisation.
Le débat de la présidentielle
Le principe d’une rente inconditionnelle a ainsi connu un succès d’estime durant la campagne présidentielle française de 2017 ; il a été défendu par des candidats de gauche et de droite, de Benoît Hamon à Nathalie Kosciusko-Morizet.
Dans le secteur numérique, Elon Musk, le créateur de Tesla, SpaceX et PayPal, envisage le RBI comme une opportunité intéressante pour accompagner l’automatisation de l’économie : une forme de revenu sans contrepartie pour compenser les pertes d’emploi massives qui vont se poursuivre avec le développement continu et croissant de l’intelligence artificielle et de la robotisation.
Le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar, a de son côté récemment affirmé investir près de 500 000 dollars pour mener sur douze ans une expérimentation avec une ONG dans plusieurs centaines de villages au Kenya. L’enjeu est de sensibiliser les dirigeants politiques à l’opportunité d’un RBI dans un pays pauvre où la main-d’œuvre considérée « bon marché » est aussi menacée aussi par l’automatisation et la mondialisation...
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