Par Thierry Gauquelin, Chercheur à l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale, Aix-Marseille Université & Wolfgang Cramer, Directeur de Recherche CNRS, Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale (IMBE)
Un puits de carbone artificiel a été installé en mai dernier à Poissy dans les Yvelines, afin d’aspirer les particules polluantes. Ce dispositif imite le mécanisme naturel des forêts en attirant le CO2 par photosynthèse grâce à des micro-algues.
Mais les forêts restent malgré tout le 2e puits de carbone de la planète, derrière les océans. Qu’en est-il des bois français ?
Les forêts sont reconnues pour leurs multiples fonctions – approvisionnement en bois, régulation du cycle de l’eau, protection contre les inondations – à l’avantage des sociétés humaines et aussi pour la biodiversité qu’elles abritent.
Mais la forêt, c’est aussi une biomasse – que l’on peut exprimer en tonnes de matière par hectare – issue de la photosynthèse, au cours de laquelle le carbone du CO2 atmosphérique est fixé sous forme de molécules carbonées dans les différents organes (bois, feuilles, fruits, racines) des arbres, et ce, grâce à l’énergie lumineuse.
Dans les forêts, ce carbone a la particularité de persister longtemps dans le système, sous forme de biomasse vivante (troncs, branches et feuilles des arbres) ou morte (litière tombée au sol, bois morts au sol ou sur pied). Une partie importante de ce carbone se retrouve aussi immobilisée dans le sol.
Comment augmenter la fixation du carbone par les forêts ?
Avec les émissions galopantes des gaz à effet de serre, liées en particulier à l’utilisation des énergies fossiles, il est important de maintenir tous les « puits » pouvant exister, pour séquestrer et stocker le carbone prélevé dans l’atmosphère. Mais pour que la forêt se comporte comme un puits de carbone, il faut que la quantité de carbone fixée par les forêts augmente globalement. Pour cela, deux voies sont possibles :
une augmentation du volume de bois sur pied – pouvant être obtenue par une augmentation de la productivité et/ou à une diminution des prélèvements dans les forêts existantes ;
une augmentation des superficies forestières, avec l’émergence de jeunes forêts en pleine croissance, spontanées ou plantées.
Ces deux processus sont aujourd’hui à l’œuvre à grande échelle dans nos forêts métropolitaines.
Même si l’image qu’a le grand public de la forêt française est plutôt celle d’une forêt en déclin, d’une forêt qui brûle suite à des actes criminels ou de négligence, ou d’une forêt fragilisée par le changement climatique, le véritable bilan net est très positif, et ce, également pour les forêts et leur utilisation ainsi que pour le climat.
Ces tendances sont bien explicitées dans l’édition 2015 des indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines publiée par l’Inventaire forestier national (IFN)...
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