Chaque année, au mois de juin, la passe sud de l’atoll de Fakarava, dans l’archipel des Tuamotu en Polynésie française, abrite l’une des plus grosses concentrations de requins au monde. Des centaines de requins gris de récif, typiques des récifs coralliens, s’y retrouvent pour un festin sanglant : par milliers, les mérous profitent en effet de la pleine lune de juin pour venir pondre dans la passe, et constituent des proies de choix pour les prédateurs. « C’est en étudiant cette agrégation unique de mérous – ils sont 18 000 le jour de la ponte, et se volatilisent aussitôt après – que l’on s’est rendu compte du nombre impressionnant de requins qui les convoitaient », raconte Johann Mourier, biologiste marin au Criobe1. Le tournage du documentaire Le mystère Mérou, réalisé en 2014 avec le photographe plongeur Laurent Ballesta2, fournit au chercheur l’occasion d’estimer la quantité de squales – ils sont près de 700 dans cette passe d’à peine un kilomètre de long ! – et d’en marquer quelques-uns.
Décidé à en savoir plus, il revient en 2017 avec un ambitieux projet : tapisser le fond de la passe de récepteurs acoustiques, 25 au total, et équiper quarante requins d’émetteurs d’ondes sonores dotés d’accéléromètres, afin de suivre leurs moindres faits et gestes - leur position dans la passe, leurs affinités éventuelles, mais aussi leurs moments de repos et de chasse. Au contraire des ondes GPS qui ne traversent pas l’eau, les ondes sonores s’y propagent en effet très bien...
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Source : Dossier du journal du CNRS
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