L’organisation Services d’appui à la protection de l’environnement et au développement (SAPED) a présenté la Stratégie d’égalité de Genre et d’Inclusion sociale (GESI) pour les organes de gestion des paysages des monts Bamboutos et des monts Bana-Bangangté-Bangou les 3 et 5 juillet 2024 à Batcham et Bangou, respectivement. Selon le responsable suivi-évaluation et point focal genre pour l’organisation SAPED, Christelle Djiolio, la stratégie est un produit de l’initiative « Autonomiser les femmes dans les paysages clés pour le climat, la conservation et la biodiversité grâce à des initiatives agricoles et commerciales au Cameroun, en Indonésie et au Pérou ». Le but est de développer des paysages qui contribuent à améliorer l’implication des femmes et des minorités grâce à l’adoption d’une approche genre et d’inclusion sociale dans la gestion des projets et activités du paysage. Lors de la mise en place des CGP en 2022, le niveau de représentativité des femmes s’est établi à 33%. Et la stratégie définie par SAPED pour le compte de l’Ong américaine Rainforest Alliance et avec le soutien du Fonds pour l’environnement mondial (GEF), du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et du ministère de l’Environnement (MINEPDED), vise une augmentation de cette proportion, de l’ordre d’au moins 10%. Ce qui serait assez raisonnable, dixit Christelle Djiolio.
La stratégie cible 108 bénéficiaires directs incluant 48 membres des CGP dont 15 femmes dans les deux paysages qui couvrent les neuf municipalités, ainsi que 60 producteurs incluant 30 femmes engagées dans la production du miel (apiculture). L’implémentation de la stratégie genre a le potentiel d’impacter plus de 10 000 personnes vivant dans les deux paysages incluant 51% de femmes. « Cette stratégie est projetée sur trois ans et la vision est d’accroître l’impact des CGP sur le bien-être économique, environnementale et culturel de la femme et des minorités dans les paysages concernés à l’horizon 2027 », soutient Mme Djiolio. « La période d’implémentation de la stratégie va de 2024 à 2027. Un plan d’actions a été développé à cet effet, afin que les actions qui sont sous-tendues autour de trois principaux axes stratégiques puissent être mises en œuvre concrètement à partir de 2025, et qu’à la fin on puisse faire une évaluation pour comprendre l’implémentation et l’opérationnalisation de cette stratégie », ajoute notre interlocutrice.
Les trois axes stratégiques de mise en œuvre de la stratégie sont: le renforcement des capacités des membres des CGP sur la prise en compte du genre et l’inclusion sociale, l’augmentation de 10% du nombre de femmes dans les CGP en général en tenant compte de l’inclusion sociale et la promotion de la non-discrimination dans les processus de sélection à des postes de prise de décision et l’intégration systématique des considérations relatives au genre et à l’inclusion sociale dans les projets, interventions, stratégies, politiques…des CGP.
L’approche genre, un facteur déterminant pour mobiliser davantage de financements auprès des bailleurs de fonds
La démarche entreprise par SAPED fait des émules. « Nous sommes outillées ces dernières années par rapport à la prise de parole, aux actions de plaidoyer en faveur d’une meilleure prise en compte des femmes. Avant, nous étions frustrés par les hommes et on ne pouvait pas oser parler en public. Désormais, les lignes bougent », confie Pauline Noulaghue, représentante des groupes socio-professionnels dans le CGP de la commune de Bana. « Nous prenons sur nous la responsabilité de gérer nos ressources naturelles autour des paysages. On doit nous laisser exprimer nos points de vue. Cette démarche a beaucoup d’avantages, même si elle n’exclut pas le respect de l’homme », poursuit-elle.
Du côté de Rainforest Alliance, l’on est d’avis que la prise en compte de la dimension genre est fondamentale. « Dans tout projet de développement à l’heure actuelle, la question de genre est au centre des préoccupations. Si les CGP qui sont là pour gérer les questions de durabilité au niveau du paysage ne prennent pas en compte cette dimension genre, ils seront butés à la longue, surtout en termes de mobilisation des ressources pour fonctionner et implémenter les projets de développement », précise Jacques Waouo, coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest. Cela rentre également en droite ligne de l’implémentation des politiques nationales qui exigent que les questions de genre soient prises en compte dans toute structure mise en place que ce soit au niveau local ou régional. « Ce que les bailleurs de fonds regardent de nos jours, c’est la question d’intégration du genre dans les processus de développement. Nous avons donc tout intérêt à accompagner les CGP à développer et implémenter cette stratégie importante », indique le représentant de Rainforest Alliance.
L’amélioration des droits fonciers et du pouvoir de décision des femmes comme priorités
Pour ce qui est des facteurs de succès de la stratégie, ils se résument ainsi qu’il suit: le maintien des quotas de prise en compte des femmes, des minorités et des jeunes dans les CGP au moment du renouvellement de ces structures de gouvernance et pourquoi pas aller au-delà des pourcentages disponibles pour l’instant ; le renforcement des capacités de cette structure de gouvernance pour qu’elle comprenne la portée des questions de genre et l’intégration d’une personne en interne qui se rassure que lorsqu’ils sont en train de faire des planifications, cet aspect doit être pris en compte.
Faut-il préciser que la stratégie d’égalité de genre et d’inclusion sociale (GESI) est adossée au projet Empowering Cameroonian Women for Sustainable Landscape Management, qui a pour objectif global d’améliorer les droits fonciers et le pouvoir de décision des femmes dans deux paysages des hauts plateaux de l’Ouest du Cameroun et de les autonomiser en développant des entreprises à faibles émissions de carbone, conduisant ainsi à des rendements plus élevés, à des revenus plus élevés et à de meilleurs revenus pour les femmes et la communauté dans son ensemble. Le financement du projet est assuré par The ESTEE LAUDER Companies (d’origine américaine) via Rainforest Alliance.