Quinze militant(e)s des Jeunes Amis de la Terre dénonçaient ce matin l’exclusion de la société civile des pays du Sud des négociations climatiques de Paris par les pouvoirs publics français. Depuis quelques jours, de nombreuses personnalités du Sud ont ainsi publiquement dénoncé l’impossibilité d’obtenir des rendez-vous à temps aux ambassades françaises, et déplorent les refus de visas, leur motif de séjour n’étant considéré comme «légitime» par les autorités françaises.
«En refusant de délivrer des visas aux personnes de la société civile du Sud, la France censure de fait les représentant(e)s des communautés les plus impactées par le réchauffement climatique. Nous n’acceptons pas que ces voix soient réduites au silence» a dénoncé Clémence Hutin des Jeunes Amis de la Terre. Elle rappelle également «que la justice climatique implique que les communautés impactées soient pleinement associées au processus».
Les critiques à l’égard de la France se multiplient depuis deux semaines, le pays hôte de la 21e conférence des parties (CdP21) étant accusé de chercher à brimer l’expression de la société civile par différents moyens. La Coalition Climat 21, regroupant plus de 130 organisations, avait également interpelé les pouvoirs publics français le 22 octobre dernier sur sa «surdité» face à la société civile. De son côté, le réseau international 350.org a lancé une pétition pour pousser la France à réagir le 8 novembre dernier.
Les Amis de la Terre soulignent en particulier le contraste entre l’exclusion de la société civile et la place accordée au secteur privé au grand sommet. Malika Peyraut des Amis de la Terre dit avoir du mal à ne pas voir les similitudes avec la Conférence de Varsovie de 2013, qui avait été surnommée la conférence du charbon et qui avait provoqué le départ massif de la société civile avant la fin des négociations. «Cette année, nous constatons la présence d’EDF, Engie, BNP Paribas, Renault, Air France parmi les sponsors de la COP21… La France est en train de répéter les erreurs du passé» souligne-t-elle.
Ces accusations s’insèrent dans un contexte plus large de dénonciations de l’exclusion de la société civile dans le processus onusien. La question a été soulevée lors des sessions intersessionelles de Bonn en octobre dernier, quand les observateurs de la société civile n’ont pas été autorisés à assister aux négociations à la demande du Japon et contre la volonté du bloc des pays émergents. De nombreuses organisations avaient alors souligné qu’un accord juste ne pourrait être obtenu sans un processus juste.
Pour suivre la conversation sur Twitter, repérez le mot-clic #VisasNow
[CdP21-climat]
10/12/24 à 09h58 GMT