Dans le cadre de la Rencontre internationale des municipalités efficaces se déroulant au Salon Americana, le plus important rassemblement d’acteurs et d’entrepreneurs en environnement en Amérique du Nord, différents projets de résilience énergétique ont fait l’objet d’une présentation. L’objectif visé par cette table ronde était de mettre en commun et de partager les politiques, les plans et les réalisations visant à maintenir et adapter leurs multiples fonctions face aux incidents dus aux changements climatiques ainsi que de planifier autrement l’aménagement urbain.
La résilience énergétique : de quoi s’agit-il?
Dans un premier temps, Marie-Christine Therrien de l’ENAP, l’animatrice de l’activité, nous rappelle que les événements extrêmes, les changements climatiques soudains et les sinistres sont en nette progression dans le monde. Le coût des dommages causés a atteint, sur la planète, 158 milliards $ l’an dernier.
Les municipalités doivent donc envisager de s’adapter et de se transformer pour s’assurer de l’intégrité de leurs systèmes et du bien-être de leurs citoyens. Ces stratégies s’appuient, dans le cadre d’une démarche cohérente et une gestion dite transversale, sur la collecte d’informations, l’anticipation mesurée aux événements, la concertation des experts et une communication suivie avec la population. Dès lors, on peut s’attendre à une transformation optimale pour absorber les chocs et les répercussions prévisibles.
Des expériences diverses mais exemplaires
Quatre représentants de municipalités de différents pays ont livré leur vision, leurs façons de faire et les résultats obtenus dans cet effort de résilience. Said Mouline, de l’Agence de l’efficacité énergétique du Maroc nous a fait part de la volonté des autorités marocaines de s’engager résolument dans les énergies renouvelables (énergie solaire) afin de réduire leurs émissions de GES d’ici 2030.
De même, on vise à développer le mode de transport en commun de par tout le pays. Le gouvernement marocain fait appel à la bonne gouvernance des administrations régionales et municipales afin de mettre en place un plan cohérent (économique, social et environnemental) qui les accompagnera dans leurs efforts de résilience.
D’autre part, Arnoud Molenaar de la Ville de Rotterdam, ville portuaire majeure des Pays-Bas et dont 80% de sa superficie est située en-dessous du niveau de la mer, nous indique qu’on prévoit l’expansion de cette infrastructure (port). De ce fait et face aux évènements climatiques extrêmes, il est urgent de transformer la ville en misant sur la ville intelligente (communication), la protection des infrastructures (water square, bassins de rétention, aménagement paysager) et une sensibilisation soutenue. À ce titre, il évoque les dommages causés par l’ouragan Sandy à New-York en 2012. Cette transition se veut holistique, à savoir tenir compte de tous les aspects et de toutes les fonctions de la municipalité pour réaliser une transition qui est cohérente.
Dans un deuxième temps, deux expériences québécoises témoignent de cette prise de conscience de la part de nos municipalités. Louise Fradette, de la Ville de Montréal nous signale que Montréal est une île où se retrouve 833 kilomètres de voies ferrées et 22 ponts. Cette seule description démontre que pour préserver l’équilibre sur un tel territoire, il faut prévoir les désastres anticipés, identifier les réponses face aux risques et développer une expertise appropriée. Pour ce faire, la démarche de Montréal se veut résolue, collaborative et prospective. Par la voie de sondages auprès de la population, la recension des évènements, de relations suivies avec les parties prenantes permettent de croire qu’une stratégie de résilience sera conforme aux défis à relever.
Par la suite, Stéphane Lavallée, du Bureau de reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic, ville sinistrée en 2014, considère que la participation citoyenne, de par les sondages, les rencontres citoyennes et la formation de comités de travail vont conduire à réinventer leur centre-ville de façon écoresponsable (espaces verts, transports en commun, ville intelligente) et ainsi renforcer la résilience face aux incident majeurs. Celle-ci doit d’abord et avant tout compter, selon lui, sur la solidarité, l’information et l’appropriation citoyenne aux prises de décision.
La participation citoyenne demeure essentielle
De ces exposés, il se dégage une ligne directrice, à savoir que la participation citoyenne et l’information transmise demeurent des clés pour dessiner des stratégies de résilience.
Cet engagement de la population permet de mieux situer les dangers, d’acheminer les informations pertinentes, d’identifier des pistes de solution et de bâtir un esprit solidaire devant l’adversité. La mise en place d’une stratégie de résilience ne se limite pas qu’à la nature et de l’état d’infrastructures, au coût du remplacement ou de l’entretien de celles-ci et aux propositions et débats des autorités publiques. Elle se présente aussi par l’engagement citoyen arrimé aux analyses et aux recommandations des personnes expertes. Cela s’avère une condition du succès d’une telle stratégie.
Source : GaïaPresse
15/10/24 à 07h39 GMT