On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général, Kofi Annan, à l’occasion du 10e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le 21 mars:

Dix ans, ce n’est pas long quand on sait que le problème se mesure à l’échelle des siècles. Et pourtant, des progrès considérables ont été accomplis au cours des dix années écoulées depuis l’entrée en vigueur de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Désormais, la question des changements climatiques occupe une place de choix dans les programmes d’action locaux, nationaux et internationaux, se trouve au premier plan des préoccupations du public et des médias et s’inscrit dans les stratégies d’un nombre croissant d’entreprises. Des institutions et des mécanismes ont été mis en place pour permettre aux États du monde entier de prendre des mesures, de les coordonner et d’en évaluer les effets. Les réunions annuelles des États parties à la Convention – aujourd’hui au nombre de 188 – attirent des milliers de participants représentant les gouvernements, le monde des affaires, la société civile et les organisations internationales.

La Convention a également été un signal pour les marchés, où de nouvelles technologies sont apparues. Ainsi, l’utilisation de l’énergie éolienne augmente, les processus industriels deviennent plus efficients, les véhicules hybrides commencent à se répandre et les investissements dans des technologies de pointe fondées sur l’utilisation de l’hydrogène et la capture du carbone sont en hausse. Le mécanisme financier associé à la Convention a permis de consacrer près de 10 milliards de dollars à des projets relatifs aux changements climatiques dans des pays pauvres, qui sont les plus vulnérables aux effets du phénomène.

Un des objectifs de la Convention était de ramener les rejets de gaz à effet de serre du groupe des pays industrialisés à leur niveau de 1990 avant l’an 2000. L’objectif a été atteint, mais, dans la plupart des pays pris séparément, les rejets sont aujourd’hui en augmentation. La concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, un indicateur clef des progrès à long terme, a augmenté de 5% par an ces 10 dernières années. Tous les pays doivent redoubler d’efforts pour réduire leurs émissions, et les pays développés doivent très ostensiblement prendre la tête du mouvement. Nous devons aussi, de façon concertée, adopter davantage de mesures pour nous adapter aux changements climatiques, dans la mesure où certains de leurs effets sont déjà inévitables et que nous subissons peut-être déjà, sous la forme de sécheresses, inondations et phénomènes météorologiques extrêmes, qui sont plus fréquents qu’avant dans de nombreuses régions, certains des maux dont notre avenir sera fait.

Cet anniversaire est aussi l’occasion de réaffirmer un soutien très ferme au Protocole de Kyoto. Le fait qu’il ne soit pas entré en vigueur demeure un obstacle de taille à une action mondiale efficace. Je demande une nouvelle fois aux pays qui ne l’ont pas encore fait de le ratifier, et de montrer ainsi qu’ils sont vraiment déterminés à assumer leurs responsabilités mondiales.

La lutte contre les changements climatiques à l’échelle mondiale est une vaste entreprise qui exigera que, pendant des dizaines d’années encore, nous pensions et agissions avant tout dans l’intérêt de la planète. La communauté internationale peut tirer beaucoup de fierté de ce qu’elle a fait jusqu’ici pour gérer le problème. Mais il faudra une action bien plus énergique pour mettre nos sociétés à l’abri des calamités qui, selon les recherches scientifiques les plus fiables, nous attendent si nous ne changeons pas de cap.