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Concilier écologie et développement


Lors du 2e sommet sur la préservation des forêts du bassin du Congo tenu à Brazzaville du 4 au 5 février 2005, Jacques Chirac a plaidé samedi pour une mise en valeur de ce patrimoine conformément aux "règles du développement durable et de la bonne gouvernance".

Ces forêts représentent "l'une des principaux potentiels du développement économique d'Afrique centrale, à condition d'être mises en valeur conformément aux règles du développement durable", a déclaré le président lors de la cérémonie d'ouverture en présence de huit autres chefs d'Etat (Congo, République démocratique du Congo, Cameroun, Guinée Equatoriale, Gabon, République centrafricaine, Tchad, Sao Tomé et Principe). L'Angola, le Rwanda, l'Italie et l'Onu étaient également représentés.

Jacques Chirac a insisté sur le lien entre sécurité et développement, estimant que "la forêt est appelée à prendre de plus en plus d'importance dans les économies de la région à mesure que la paix et la stabilité encourageront l'investissement".

Le Congo se remet doucement de la sanglante guerre civile des années 1990 mais des troubles persistent dans certaines zones tout comme en République démocratique du Congo, sa grande voisine de l'est.

"L'environnement et le développement vont ici de pair, ils se servent l'un l'autre", a insisté Jacques Chirac, à l'heure où la France s'apprête à prendre pour deux ans la succession des Américains dans le rôle de "facilitateur" du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC) lancé au sommet mondial du développement durable à Johannesburg en septembre 2002.

L'organisation rassemble 29 partenaires (gouvernement des pays de la région, ONG environnementales, associations d'industriels, bailleurs de fonds).

"Les principes adoptés au sommet de Johannesburg doivent très concrètement être les guides des actions à engager ici pour faire du bassin du Congo un modèle exemplaire de développement durable", a souligné Jacques chirac.

"Pour être durable, le développement doit bénéficier d'une gouvernance exemplaire", a-t-il aussi insisté. "Plus celle-ci sera manifeste, et plus vous trouverez des partenaires attentifs au développement du bassin, les grandes institutions multilatérales, les entreprises privées, le monde associatif".

Dans le cadre de son rôle de "facilitateur", la France se fixe plusieurs objectifs, a dit le chef de l'Etat, qui prône un renforcement du dialogue entre tous les acteurs du bassin au service "d'objectifs convergents".

Jacques Chirac a également souligné l'importance de lutter contre le commerce illicite de bois tropical, qui représenterait mondialement entre 10 à 15 milliards d'euros de manque à gagner pour les économies des pays en développement.

Le chef de l'Etat a aussi prôné un "renforcement des capacités nécessaires à une gestion durable de la forêt" via la formation professionnelle et la bonne mise en oeuvre des politiques forestières.

Il a aussi rappelé l'engagement de la France à se tourner, pour ses achats publics, vers des productions "éco-certifiées".

Le président du Gabon, Omar Bongo, avait auparavant invité les pays occidentaux à concrétiser les promesses faites aux Africains.

"En Afrique centrale, nous ne nous nourrissons plus de paroles, mais nous nous nourrissons d'actes", a-t-il dit en conclusion d'un discours applaudi par les centaines de personnes réunies au Palais du Parlement, bâtiment de style stalinien qui, vu du ciel, dessine la carte du Congo.

Face aux bonnes intentions affichées à Brazzaville, les organisations écologistes restent sceptiques.

L'association Greenpeace déplore la corruption et le manque de transparence des autorités des pays de la région.

"Il n'y a pas de contrôle sérieux de l'exploitation forestière et les sanctions, quand il y en a, ne sont pas dissuasives, ce qui permet à des tas d'entreprises peu scrupuleuses de travailler dans le bassin du Congo au détriment des populations locales, de la faune et de la flore de ce bassin", a déclaré à Reuters Jean-Luc Roux, directeur politique de Greenpeace International.

Les Amis de la Terre craignent quant à eux que d'ici quelques années, les forêts d'Afrique centrale "soient contrôlées à 90% par des intérêts étrangers". Les populations autochtones "ne récolteront que des miettes", déplore l'association.

Réparties sur plus de 200 millions d'hectares, les forêts d'Afrique centrale constituent le second bassin forestier du monde après l'Amazonie. Elles renferment de nombreuses espèces d'animaux et de plantes uniques au monde aujourd'hui menacées par la surexploitation et le braconnage.

(SBC-2005)
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