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Les femmes sont toujours sous-payées

   

Selon les conclusions d'un rapport rendu public le 31 août
par le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM), il
sera impossible d'atténuer la pauvreté dans le monde si l'on ne se
préoccupe pas des conditions dans lesquelles les femmes travaillent,
notamment dans les secteurs non officiels de l'économie, par exemple le
travail dans les petites usines non réglementées, le travail dans les
petites exploitations agricoles familiales, ou le travail à domicile.

Intitulé : "Progress of the World's Women 2005 : Women, Work and Poverty"
(Progrès des femmes dans le monde, 2005 : les femmes, le travail et la
pauvreté), le rapport recommande que le rôle des femmes, notamment des
femmes pauvres qui travaillent dans les secteurs non officiels de
l'économie, fasse l'objet d'un examen plus sérieux.

Publié cinq ans après l'adoption par l'ONU des Objectifs de développement
du millénaire, en prévision du prochain sommet marquant le soixantième
anniversaire de l'ONU, le rapport fait valoir que les progrès sur la voie
de la réalisation de ces objectifs, lorsqu'il s'agit de la réduction de la
pauvreté, de l'accès à l'éducation et aux services médicaux, et de
l'égalité des sexes, seront limités si la sécurité économique des femmes
ne s'améliore pas.

"Si de plus en plus de femmes travaillent, la plupart de leurs emplois
sont liés à une économie parallèle", a souligné Mme Noeleen Heyzer,
directrice exécutive de l'UNIFEM.

Le travail au noir est un élément très répandu et persistant de l'économie
mondiale actuelle et concerne entre 50 % et 80 % des emplois non agricoles
des pays en développement. Même dans les pays industriels, le travail
indépendant, le travail à temps partiel et le travail temporaire
représentent entre 20 % et 30 % de la totalité des emplois, et plus de 60
% des femmes qui travaillent ailleurs que dans l'agriculture sont
employées dans les secteurs non officiels.

Les femmes, fait valoir le rapport, ont bien souvent des emplois très
précaires qui non seulement s'accompagnent de salaires de misère, mais
aussi ne sont pas réguliers.

"Les chiffres montrent que les revenus que ces femmes tirent de leur
emploi sont trop bas pour sortir leur famille de la pauvreté", a souligné
Mme Heyzer, ajoutant : "En général, les femmes gagnent moins que les
hommes, ont moins de possibilités d'obtenir un bon emploi et ont moins de
chances d'avoir reçu l'éducation qui pourrait les aider à trouver des
sources de revenus meilleures et moins dangereuses."

Les femmes acceptent des emplois dans l'économie parallèle parce qu'elles
ne peuvent faire autrement, a expliqué Mme Heyzer. "La plupart de ceux qui
n'ont pas accès à l'éducation et à l'acquisition de qualifications sont
encore les femmes et les filles. Les structures familiales sont encore
très oppressives et ne permettent pas aux femmes d'hériter. En
conséquence, elles n'ont que très peu d'avoirs", a-t-elle précisé.

En outre, les femmes sont toujours considérées comme des employées
occasionnelles et leur travail est sous évalué. Il s'ensuit que les
gouvernements n'investissent pas dans les infrastructures et les systèmes
de soins qui pourraient aider les femmes.

"Si nous ne nous préoccupons pas de ces problèmes, nous ne serons pas en
mesure de juguler la pauvreté ou de parvenir à l'égalité entre les sexes",
a fait valoir Mme Heyzer, ajoutant cependant que des solutions peuvent
être trouvées et que des changements ne sont pas exclus.

Il faudrait que l'accès des femmes au crédit, aux débouchés commerciaux et
à la formation soit amélioré, a-t-elle dit, énumérant plusieurs moyens
d'améliorer les conditions féminines : améliorer l'accès aux marchés,
aider celles qui travaillent à obtenir des protections légales et sociales
sur le lieu de travail, et garantir que les politiques gouvernementales
prennent en compte les conditions de travail des femmes.

La création de partenariats entre les secteurs public et privé est aussi
extrêmement importante, a-t-elle fait remarquer, citant en exemple celui
qui existe entre l'UNIFEM et le Fonds d'investissement Calvert, l'un des
plus importants fonds des Etats-Unis, qui vise à garantir la sécurité et
la salubrité des emplois réservés aux femmes travaillant dans des
industries qui ont des liens avec le Fonds.

L'UNIFEM s'efforce également de mobiliser, parmi les travailleurs, des
groupes de pression pour encourager les usines et les sous-traitants à
faire preuve de responsabilité dans le traitement de leurs employés. Il
s'efforce en outre de faire en sorte que "des gens compétents siègent au
conseil d'administration de ces entreprises pour que les décisions
appropriées soient prises".

Mme Heyzer a mentionné un projet de l'UNIFEM mis sur pied au Rwanda pour
illustrer la façon dont cet organisme aide à renforcer la valeur du
travail des femmes.

Plusieurs femmes affectées par le génocide au Rwanda fabriquent des
paniers qu'elles vendent, mais avant l'intervention de l'UNIFEM leur
marché était limité et elles ne pouvaient rassembler suffisamment d'argent
pour acheter les médicaments contre le VIH dont elles avaient besoin.

"Ces femmes ne voulaient pas qu'on leur fasse la charité. Elles l'ont dit
très clairement. Elles voulaient que leur travail soit reconnu à sa juste
valeur", a expliqué Mme Heyzer.

L'UNIFEM a donc pris contact avec un groupe de chefs d'entreprises
américains qui pouvaient offrir des marchés pour leurs paniers, qui ont
été baptisés "paniers de la paix" parce qu'ils sont tressés par des
Tutsies et des Hutues souhaitant réconcilier leurs collectivités
respectives marquées par des conflits.

"Je suis très heureuse d'annoncer que, d'ici Noël, les grands magasins
Macy's importeront en gros certains de ces paniers", a fait remarquer Mme
Heyzer.

(Les articles du «Washington File» sont diffusés par le Bureau des
programmes d'information internationale du département d'Etat. Site
Internet : http://usinfo.state.gov/fr/)
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