Dans le continent africain, la région de l’Afrique de l’Ouest est en effet celle qui concentre les plus grandes disparités. Depuis ces deux dernières décennies pourtant, la région a montré une croissance économique sans précédent. Les écarts de richesse ne font qu’empirer et deviennent colossaux : pour exemple, « Au Ghana, une fille de famille pauvre est 14 fois plus susceptible de n’être jamais allée à l’école qu’une fille de famille riche » ou encore au Nigéria où les cinq hommes les plus riches du pays combinent pour fortune plus de 29 milliards de dollars c’est-à-dire plus que l’ensemble du budget national, alors que 60% de la population vit avec moins de 1.25 dollar par jour. Phénomène que l’on peut observer dans la plupart des pays en voie de développement et comme l’a démontré l’exemple particulièrement criant du Nigéria, une minorité croissante devient de plus en plus riche alors que la plus grande partie de la population n’a pas accès aux besoins fondamentaux comme l’accès à l’éducation, la santé ou un emploi correct. On peut alors se poser la question de savoir quelles sont les stratégies des gouvernements pour lutter contre ces inégalités grandissantes.
D’après le rapport publié par les organisations non gouvernementales Oxfam et Development Finance International (DFI) le 9 juillet 2019, les gouvernements de la région sont loin d’être exemplaires. Au lieu de freiner ce phénomène, les gouvernements sont pointés du doigt : en sous-finançant les services publics fondamentaux comme la santé ou l’éducation, les inégalités sont non seulement exacerbées mais les pays ne luttent pas activement contre la corruption et l’évasion fiscale. Selon les ONG, les avantages fiscaux offerts aux multinationales présentes dans la région leur coûteraient plus de 9 milliards de dollars par an, ce qui représente environ la construction de 100 hôpitaux modernes. D’après le rapport, les gouvernements de l’Afrique de l’Ouest ne font que la moitié des efforts contre la lutte contre l’inégalité de leurs homologues d’Afrique australe et de l’Est. Le Fonds Monétaire International (FMI) a constaté ces dernières années que la croissance inégalitaire de la région était non seulement un obstacle à la réduction de la pauvreté mais aussi un frein à la croissance future, comme l’explique Susana Ruiz. Pourtant, ces inégalités ne sont pas enclines à la fatalité. En effet, si les politiques sont bien menées comme imposer fiscalement aux plus riches, payer les travailleurs avec un salaire minimal ou vouer des dépenses exponentielles à des secteurs comme l’éducation, la protection sociale ou la santé, les gouvernements sont en mesure de changer la donne.
Néanmoins, tous les Etats de la région ne sont pas à la même phase. Les pays dont les gouvernements sont les plus engagés dans la réduction des inégalités sont la Mauritanie, le Sénégal et le Cap Vert ; alors qu’au contraire, les pays dont les gouvernements sont le moins engagés dans la lutte contre les inégalités sont le Nigéria, la Sierra Léone et le Niger.
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