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Washington veut mettre l’accent sur le piégeage et le stockage de carbone à Montréal...et bloquer les engagements contraignants pour l’apr


L’administration Bush, dont l’antagonisme envers le Protocole de Kyoto est bien connu, a l’intention d’utiliser la Conférence de Montréal afin de faire la promotion d’une initiative internationale visant à piéger et stocker le carbone (PSC), selon un porte-parole du Département américain de l’énergie. Mark Maddox affirme effectivement que les Etats-Unis voudrait voir leur proposition d’établir un accord international volontaire sur le PSC approuvée par les Parties de la CCNUCC à Montréal. Si M. Maddox affirme qu’ « il s’agit d’un moment important pour cette technologie », il n’a pas voulu préciser quelle forme pourrait prendre l’approbation du plan.

Si le GIEC a émis en septembre un rapport laissant miroiter le potentiel intéressant du PSC sous certaines conditions, plusieurs ONGE américaines soulignent que cette avenue ne serait acceptable seulement si elle est accompagnée de mesures de réduction des émissions de GES. Il est également important de souligner que cette annonce du gouvernement américain découle de la réussite d’un projet de PSC en Saskatchewan, qui a permis de stocker cinq millions de tonnes de CO2 tout en doublant la production du puit de pétrole dans lequel le dioxyde de carbone a été injecté. L’apport de CO2 permet effectivement d’augmenter la pression interne dans le puit de pétrole en question, ce qui permet de récupérer une quantité très importante de pétrole qui n’avait pas été exploité en injectant seulement de l’eau. Le PSC, lorsqu’il est utilisé afin d’augmenter la production pétrolière, a donc deux conséquences paradoxales : il permet d’entreposer des émissions de CO2 mais favorise également une augmentation de celles-ci en augmentant la production pétrolière.

Bloquer les engagements contraignants

Depuis que le président Bush a confirmé que les Etats-Unis n’avaient pas l’intention de ratifier Kyoto en mars 2001, son administration a multiplié les manœuvres au niveaux national et international afin d’éviter que des limites soient imposées sur les émissions de GES. L’annonce d’un pacte technologique conclu avec l’Australie, le Japon, la Chine, l’Inde et la Corée du Sud en juillet dernier va également dans ce sens. Cet accord strictement volontaire, auquel aucun financement ou échéancier n’est rattaché, risque de miner les chances pour les Parties de la CCNUCC et celles du PK de trouver un terrain d’entente en vue de l’après 2012, lorsque la première période d’engagement du PK prend fin. Le changement de discours du gouvernement de Tony Blair tout comme la rhétorique de la Chine et de l’Inde semblent démontrer l’attrait que peut créer ce type d’approche. La ministre de l’environnement britannique Margaret Beckett a toutefois tenu à réaffirmer l’importance que Londres accorde à des cibles contraignantes pour l’après 2012, deux semaines après que le premier ministre Blair ait semblé indiquer un revirement à ce niveau.

Malgré les discours conciliateurs de Washington et de Canberra, il est clair que les Etats-Unis veulent instituer un régime concurrent à celui du protocole de Kyoto, et la Conférence de Montréal fournira une nouvelle tribune au gouvernement américain à cet effet. Les tentatives officieuses d’entamer les négociations sur l’après 2012 ont connu l’échec depuis la CP-8 à New Delhi. L’an dernier, à la CP-10 (Buenos Aires), le gouvernement américain a déclaré que les négociations à ce sujet étaient « prématurées » et sa délégation est parvenue à faire en sortes que seul un séminaire informel a eu lieu en mai 2005, lequel ne portait explicitement pas sur l’après 2012.

Nonobstant les réticences américaines (et australiennes, indiennes, chinoises, saoudiennes...) sur le sujet, l’article 3(9) du protocole de Kyoto stipule clairement que ces négociations doivent débuter au plus tard en 2005. L’après 2012 a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses consultations en dehors du cadre de la CCNUCC, entre autres lors de la réunion du G8 à Gleneagles (et de sa suite le 1er novembre à Londres), lors du sommet informel sur le climat du Groenland en août, lors du sommet de l’ONU pour son 60e anniversaire ou encore dans le cadre de la réunion mise sur pied par Ottawa, tous les deux en septembre. La Conférence de Montréal mettra toutefois ce sujet au centre des discussions (avec l’opérationnalisation du PK et de ses fonds ainsi que l’adaptation, entre autres) comme il ne l’a jamais été jusqu’à maintenant. Ce grand événement sera donc l’occasion d’entamer un bilan sur le progrès effectué depuis Rio, mais surtout de réfléchir à l’avenir de la lutte contre les changements climatiques.

Alors que les preuves scientifiques ne cessent de s’accumuler quand au danger immédiat que représente dérèglement du climat dans plusieurs endroits du monde, les témoignages se multiplient également afin de dénoncer la structure du protocole de Kyoto et l’inadéquation de celle-ci pour l’après 2012. Onze jours avant la Conférence, il est loin d’être assuré que les délégués présents à Montréal sauront surmonter leurs divergences et en venir à un accord constructif et concluant. Une Conférence de Montréal qui ferait un four aurait comme impact d’ébranler la confiance naissante envers le PK et ses mécanismes de flexibilité, dont l’efficacité est directement reliée à des engagements clairs pour l’après 2012, mais également de soulever l’ire d’une population de plus en plus sensibilisée à propos de la menace climatique.

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