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INVENTAIRE DES BESOINS ET MODALITES DES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIES: SECTEUR DE L'AGRICULTURE ET DE L'ELEVAGE DANS L'OUEST DU BURKINA FASO


RESUME

La majorité de la population burkinabè vit de l’agriculture et de l’élevage. Les productions végétales concernent annuellement 2,6 millions d’hectares soit environ 10% de la superficie totale du pays. Avec l’élevage essentiellement basé sur un système extensif et peu productif, l’agriculture contribue pour 40 % dans le PIB et assure 60% des exportations totales du pays.
La première Communication Nationale du Burkina Faso sur les changements climatiques a donc judicieusement choisi de traiter de ce secteur qui compte parmi les priorités pour le développement du pays. Le coton a alors été choisi comme unité d’exposition. Sur un plan spatial, l’étude a été limitée à l’ouest du pays couvrant les régions agricoles de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins, des Cascades et du Sud-Ouest.
Cette même zone a aussi été retenue pour l’inventaire des besoins et modalités des transferts de technologies. Mais la démarche a aussi couvert les bovins et le sorgho, autres produits qui ont une importance capitale dans l’économie nationale du Burkina Faso.
La méthodologie utilisée pour cette étude a privilégié l’exploitation rationnelle d’une « littérature grise » assez fournie et des échanges avec les principaux acteurs du secteur de l’agriculture et de l’élevage.
Il en est ressorti un inventaire des structures étatiques, des ONG et associations de producteurs intervenant dans ce secteur. Ces intervenants sont à placer dans les groupes suivants :
i) ceux qui conçoivent, produisent ou adaptent des technologies ;
ii) ceux qui transfèrent et vulgarisent les technologies ;
iii) ceux qui utilisent les technologies.

Une palette de technologies a ainsi été identifiée aussi bien dans le cas des bovins que pour le sorgho et le coton.
Pour chaque technologie ou savoir-faire, les contraintes spécifiques ont été analysées.
Le constat a été fait sur l’insuffisance dans l’adoption de certaines de ces technologies par les producteurs. C’est pourquoi l’étude a fait des recommandations dont l’application devrait permettre de créer les conditions idoines pour l’adoption des technologies et ainsi, lever les multiples contraintes qui entravent le développement du secteur de l’agriculture et de l’élevage dans le contexte du changement climatique global qui, hélas n’épargne pas le Burkina Faso.

INTRODUCTION

C’est en novembre 2001 que la première communication nationale du Burkina Faso a été adoptée par le Gouvernement, répondant ainsi à l’une des obligations des Etats-parties contenues dans la Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques.
Ce document national que chaque Etat signataire de la Convention doit présenter, donne la situation sur les changements climatiques au Burkina Faso et fait une analyse prospective à l’horizon 2025 du devenir de plusieurs unités d’exposition qui sont essentielles dans l’économie nationale. Les secteurs de l’énergie, de la foresterie, des ressources en eau et de l’agriculture et de l’élevage ont été concernés par cette première étude.
Dans le domaine particulier de l’agriculture et de l’élevage on a retenu les bovins, le coton et le sorgho. En effet, après analyse, ces trois produits ont été placés en première priorité. Mais pour des raisons d’insuffisance de moyens financiers, cette première étude a été limitée au coton. Sur le plan géographique, c’est la zone Ouest du pays qui a été retenue.
Parmi les recommandations faites dans le document de la communication nationale figure l’impérieuse nécessité pour les producteurs d’adopter de nouvelles technologies permettant de s’adapter à la vulnérabilité et au changement climatique.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la présente étude d’inventaire des besoins et modalités des transferts de technologies idoines pour le secteur de l’agriculture et de l’élevage.
Il est évident qu’avec ou sans changement climatique l’avenir des productions agricoles passe indubitablement par l’adoption et l’application de nouvelles technologies.
Le secteur de l’agriculture et de l’élevage burkinabé doit nécessairement se moderniser et s’intensifier pour espérer répondre aux besoins actuels et futurs de la communauté nationale tout en préservant de façon durable l’environnement. L’accroissement démographique d’une part et la diminution des terres agricoles d’autre part, le commandent ; la variabilité et les changements climatiques observés l’exigent.
Il convient toutefois de souligner que pour l’essentiel, les technologies et le savoir-faire existent tant du côté de la recherche scientifique (nationale, régionale ou internationale) que de celui du développement. Il faut en faire un inventaire et analyser les mécanismes de transfert les mieux indiqués afin que l’ensemble des producteurs puissent en bénéficier.
C’est à cette problématique que le présent document tente de répondre.

1 - LE CONTEXTE DE L’ETUDE

1.1 - Situation actuelle de l’agriculture et de l’élevage au Burkina Faso

La majorité de la population burkinabé tire directement du secteur de l’agriculture et de l’élevage, l’essentiel des ressources dont elle a besoin pour vivre.
L’agriculture essentiellement pluviale porte en moyenne sur 2,6 millions d’hectares annuellement. Cela représente 10% de la superficie totale du pays et moins du tiers des terres cultivables. Les terres irrigables sont évaluées à 180.000 ha (FAO, 1986)
L’agriculture burkinabè est encore au stade de la subsistance. Elle est basée essentiellement sur les cultures vivrières qui occupent 88% des superficies tandis que 12% sont réservées aux cultures de rente composées principalement du coton, de l’arachide et du sésame.
Ce secteur d’activités qui occupe environ 90% de la population active, contribue pour 40% dans le PIB et représente 60% des exportations totales du pays.
L’essentiel de la production agricole est le fait de petites exploitations familiales composées en moyenne de 3 à 5 actifs qui mettent en culture annuellement 3 à 6 ha (MARA,1996). Selon cette même source, 98% des exploitations agricoles travaillent toujours à la houe traditionnelle (daba) et seulement 9% utilisent des semences améliorées.
On rencontre des systèmes agraires variables selon les régions éco-climatiques, les groupes ethniques, la densité démographique etc.
Les systèmes agraires vont des cultures itinérantes liées à l’élevage nomade dans le Nord, à l’exploitation soudano-sahélienne caractérisée par une forte dominante céréalière, extensive et consommatrice d’espace dans le Centre. Dans l’Ouest et le Sud, l’agriculture est plus diversifiée avec la présence de cultures spécifiques comme les fruits, la canne à sucre, les racines et les tubercules (MARA, 1997). C’est aussi la zone cotonnière du pays. Mais on note toutefois une certaine percée de la culture du coton dans l’Est ces dernières années.
Cette agriculture a globalement une faible productivité car pratiquée de façon extensive sur des sols généralement pauvres en éléments fertilisants et recevant une pluviométrie peu abondante et mal répartie dans le temps et dans l’espace. En effet, la pluviométrie moyenne annuelle varie de 300 mm dans l’extrême Nord à 1200 mm dans le Sud-ouest.
En ce qui concerne l’élevage, il faut noter qu’il comporte deux principaux systèmes :
- le système extensif traditionnel, le plus dominant, tributaire des ressources naturelles de plus en plus rares et difficiles d’accès ;
- le système intensif moderne qui concerne l’embouche paysanne de bovins et ovins, l’embouche industrielle, l’élevage péri-urbain dominé par l’aviculture moderne, la porciculture et l’élevage laitier.
Ce dernier système est confronté aux difficultés d’approvisionnement en fourrages et en aliments de bétail mais est appelé à se développer au détriment du système traditionnel (MARA, op. cité).
On note une très forte emprise agricole sur le milieu naturel, notamment dans la zone du plateau central où la densité de la population rurale dépasse 50 habitants/ km2 selon une étude de l’IFDC-Afrique et LEI-DLO (1991).Il y a de cela 20 ans déjà le Ministère chargé de l’Environnement estimait à 2% la savane défrichée annuellement au profit des cultures (MET, 1982).
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