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Deux agents assassinés dans les réserves de Guyane : l’Etat se doit de réagir


Communiqué de RNF, FNE, WWF, LPO, Fondation Nicolas Hulot, Ligue ROC, le 23 05 06

Jeudi 18 mai 2006, deux agents, piroguiers-charpentiers de la Réserve Naturelle des Nouragues en Guyane française ont été retrouvés assassinés sur le camp Arataï. Domingo RIBAMAR DA SILVA et Andoe SAAKIE, surnommé Capi, oeuvraient depuis trois et dix ans sur ce camp d’éducation à l’environnement. Hommes de confiance, ils étaient appréciés de leur entourage : personnels d’Arataï, scientifiques du CNRS, touristes et groupes scolaires accueillis. Avec le décès tragique de nos

collègues, le monde de l’environnement perd des trésors de compétences au service de la protection de la nature.

Etendue sur 100 000 hectares de forêt tropicale primaire, la Réserve Naturelle des Nouragues est la plus grande réserve naturelle française. D’une incroyable biodiversité, elle présente une importance internationale pour la connaissance et la conservation de la nature. Une station CNRS, située dans la réserve, reçoit chaque année des équipes françaises et internationales de recherche scientifique sur le fonctionnement de la forêt amazonienne, poumon vert de la planète. Par précaution, la station a été évacuée.

Ces meurtres témoignent d’une volonté de voir s’étendre dans les zones aurifères un vaste espace de non-droit où seule prévaut la loi du plus fort. L’insécurité est un

problème grandissant en forêt guyanaise, pour les acteurs de la conservation de la nature, les chercheurs, les professionnels du tourisme et la population locale. Depuis

2001, l’orpaillage clandestin sévit dans le secteur des Nouragues, divers agents de la réserve ont subi des menaces de la part d’orpailleurs armés, et la station d’études du CNRS au Saut Pararé fut pillée en 2004. Aucune solution n’a été trouvée pour empêcher durablement cette activité, malgré les alertes répétées. Pourtant, ses impacts sur le patrimoine naturel, la santé, la sécurité, et la cohésion sociale des populations guyanaises sont inacceptables (pollution des fleuves par le mercure et les boues, déforestation, violences, vols et meurtres, destruction d’espèces protégées, etc.).

Déjà les répercussions de cette délinquance débordent dans la région côtière. Aujourd’hui, une limite irréversible a été franchie aux yeux des acteurs de la protection

de la nature : des hommes ont été tués alors qu’ils accomplissaient pour l’association Arataï une mission de service public pour le compte de l’Etat.


Alors que le Président de la République débute aujourd’hui un déplacement au Brésil, nous lui demandons ainsi qu’à ses Ministres, de rendre hommage à Capi et à Domingo et d’opérer un changement radical dans la politique française en forêt guyanaise. La France se doit d’assurer la santé et la sécurité de ses citoyens ainsi que de répondre à ses engagements internationaux en matière de conservation du patrimoine naturel amazonien.

Communiqué émis par Réserves Naturelles de France, France Nature Environnement, WWF France, Fondation Nicolas Hulot, Ligue ROC

Contacts presse RNF :

Métropole : Frédéric Bioret 06 87 06 55 96 – Guy-François Frisoni 06 11 63 65 54

Outre-mer : Olivier Tostain 06 94 41 20 01
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