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Afrique de l'Ouest et centrale : la sécheresse a d'importantes conséquences sur les ressources en eau


Une étude menée par des hydrologues de l'IRD révélait en 1996 que l'Afrique tropicale humide, à l'instar des régions sahéliennes, connaissait depuis la fin des années 1960, une baisse continue des précipitations. Des résultats récemment obtenus par ces chercheurs permettent aujourd'hui de mieux mesurer l'importance de ce changement climatique à l'échelle du siècle et d'en déterminer l'impact majeur sur le régime des principaux bassins fluviaux en Afrique de l'Ouest et centrale.

Si, dans les régions soudano-sahéliennes, la baisse des précipitations et ses conséquences ont fait l'objet de nombreuses études scientifiques, ce n'était pas le cas dans les pays voisins, plus méridionaux (sud du 14e parallèle). Aussi un programme de recherche a-t-il été lancé au début de l'année 1995 afin d'identifier ces variations climatiques et leurs conséquences sur les ressources en eau en Afrique de l'Ouest et centrale non sahélienne. Baptisé Iccare (Identification et conséquences d'une variabilité du climat en Afrique de l'Ouest non Sahélienne), ce programme mené par l'IRD dans seize pays ouest-africains (du Sénégal à la Centrafrique, du Mali au Cameroun) est une composante du projet Friend-AOC (Flow regimes from international experimental and Network Data/ en Afrique de l'Ouest et Centrale) du Programme Hydrologique international (PHI) conduit sous l'égide de l'Unesco.

Les premiers résultats du programme Iccare ont permis de mettre en évidence l'intensité et l'extension du déficit pluviométrique grâce à l'analyse des données recueillies sur 193 stations de mesure réparties sur les seize pays de la zone d'étude et couvrant une période allant de 1950 jusqu'en 1989. Il est en effet apparu que la baisse des précipitations s'est amorcée dès la fin des années 1960, en phase avec ce qui a été observé au Sahel, et s'est intensifiée au cours des années 1980. Cette diminution a atteint en moyenne 20% par rapport à la pluviométrie enregistrée auparavant et avec des valeurs locales supérieures à 25%. D'une manière générale, ce sont les régions à pluviométrie extrême qui ont subi les variations majeures, à savoir les plus humides (pays de la côte Atlantique) et les plus arides (nord de la zone étudiée).

Un autre volet de ce programme a conduit récemment à situer cette variation dans une perspective historique et ainsi de mieux évaluer l'importance réelle de cette évolution climatique. L'examen des données enregistrées depuis la création des stations de mesure (1920 environ) laisse en effet apparaître que, tout au long de ce siècle, l'Afrique de l'Ouest et centrale a connu une succession de périodes sèches et de périodes humides, sans que l'on puisse pour autant parler de cycles du fait de leur irrégularité. Le déficit pluviométrique observé depuis la fin des années 1960 se révèle cependant le plus intense de tous ceux enregistrés au cours de ce siècle dans la région.
Cette diminution récente des précipitations a des conséquences importantes sur les ressources en eau en Afrique de l'Ouest et centrale. L'analyse des données recueillies sur une centaine de bassins fluviaux situés dans les 16 pays de la zones d'étude a montré que, depuis 25 ans, le débit moyen annuel de ces cours d'eau a généralement diminué de 30% et souvent de plus de 50%. De tels chiffres soulignent combien les effets du déficit pluviométrique sont importants au niveau des cours d'eau, du fait du rôle amplificateur joué par la végétation et par certains phénomènes tels que l'évaporation, le ruissellement ou la recharge des nappes phréatiques.
Il apparaît en outre que ce sont les bassins versants du fleuve Sénégal, des fleuves de Côte d'Ivoire et du Chari-Logone en Afrique centrale qui ont enregistré les diminutions les plus importantes de leur débit, c'est-à-dire ceux situés à l'ouest et au nord de la zone d'étude, là où le déficit pluviométrique s'est également révélé de façon la plus aiguë.

Bien que l'on n'ait pas à redouter de pénuries totales d'eau dans cette partie de l'Afrique où les précipitations demeurent abondantes en valeur absolue, l'agriculture irriguée, l'alimentation en eau potable ou encore la production hydroélectrique ont souffert de cette réduction des ressources en eau. Ceci pourrait s'accentuer à l'avenir avec un accroissement fort des besoins en eau face à une ressource qui tend à se réduire.
Les prochains volets du programme Iccare consacrés notamment aux conséquences de la diminution des ressources en eau sur les systèmes d'eau aménagés devraient permettre de mieux appréhender les effets de cette sécheresse.
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