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La Suisse se réchauffe - Coll. Le Savoir Suisse


Vient de paraître :
La Suisse se réchauffe. Effet de serre et changement climatique.
Par Rebetez, M., 2006: Troisième édition revue et mise à jour. Lausanne, Presse polytechniques et universitaires romandes. 144 S.

Au cours du XXe siècle, les mesures de température ont montré une augmentation moyenne pour l’ensemble de la surface du globe de +0,7°C. La décennie 1990 s’est montrée de loin la plus chaude et les températures les plus élevées ont été relevées en 1998. Cinq des six années les plus chaudes ont été mesurées depuis 2001. En Suisse, au XXe siècle, les températures ont augmenté de 1.3 à 1.7°C en cent ans au nord des Alpes, de 1.0°C au Sud.

Précipitations plus extrêmes: augmentation des inondations et des sécheresses
Tous les modèles prévoient une augmentation des précipitations intenses en lien avec le réchauffement. On s’attend à une plus grande variabilité des précipitations sur l’ensemble de la planète, avec des pluies qui se manifestent de manière plus concentrée : d’un côté davantage de sécheresses, de l’autre davantage de fortes et très fortes précipitations. Actuellement, on observe déjà une augmentation des événements de précipitations extrêmes dès la fin de l’été, en automne et en hiver. Cette tendance est appelée à se renforcer, entraînant un risque accru d’inondations, principalement en septembre et en octobre. En hiver, le risque d’inondation existe en cas de redoux important comme en février 1990.

A haute altitude, l’enneigement n’a guère changé dans les Alpes au cours du dernier siècle, mais il a nettement diminué à basse et moyenne altitude.

En Suisse, la couverture nuageuse et la fréquence de l’ensoleillement se sont modifiées au cours du XXe siècle, mais rarement dans des proportions significatives, mis à part dans les Alpes en hiver, où l’on note une augmentation de l’ensoleillement.

Fonte des glaciers et du pergélisol
Dans les Alpes, la surface glaciaire a diminué de 35 à 40% en un peu plus d’un siècle, des années 1850 aux années 1970, de 20% de 1985 à 2000. Durant l‘été 2003, le retrait glaciaire dans les Alpes suisses a atteint 7%.

En Suisse, 5% de la superficie du pays contient du pergélisol en profondeur, principalement au-dessus de 2'500 m. On s’attend, dans les années à venir, à la fonte d’une partie du pergélisol, ou du moins à un approfondissement de sa couche active, en réponse à l’augmentation des températures.

Des changements pour la faune et la végétation
Surtout à la fin du XXe siècle, la durée de la période de végétation s’est nettement prolongée. Au XXe siècle, dans les Alpes, on a observé un décalage altitudinal général des espèces végétales, de l’ordre de quelques mètres par décennie. Le gui, par exemple, est monté d’environ 200 m en moyenne dans les Alpes suisses, entre le début et la fin du XXe siècle. La limite supérieure de la forêt progresse vers le haut. Il y a lieu de se préoccuper de la vitalité des arbres avec le réchauffement climatique. L’épicéa, par exemple, est vulnérable au bostryche (ou typographe). Cet insecte apprécie la chaleur et les arbres affaiblis.

En Valais, on observe la disparition extrêmement rapide des pins sylvestres dans certaines forêts de la vallée du Rhône, près de Viège. Les forêts de pins ne sont plus adaptées aux nouvelles conditions climatiques régnant dans les zones les plus basses de leur implantation et il est probable que ce dépérissement gagne en altitude ces prochaines années.

Des forêts exotiques
Au Tessin, durant la seconde partie du siècle, le nombre de jours de gel a drastiquement diminué, et, depuis les années 1970, un nombre toujours croissant d’espèces exotiques prospère dans les forêts, essentiellement dans les régions de Locarno et d’Ascona, jusqu’à une altitude de 600 m.

Le réchauffement va entraîner une élévation de l’étage des feuillus et une diminution des résineux situés aux étages les plus bas. On devrait voir surtout davantage de forêts constituées de chênes (chênes pubescents essentiellement) et de charmes.

Un grand potentiel de danger, mais aussi d'action
En Suisse, la forêt doit continuer à remplir ses différents rôles tout en s’adaptant à des températures plus élevées, à des précipitations intenses ou des sécheresses plus fréquentes, à une diminution de la couverture neigeuse à basse et moyenne altitude, à des cas supplémentaires de situations avalancheuses, et, vraisemblablement, à davantage de vents violents et d’ouragans.

Un léger réchauffement des températures ne peut être que positif pour les cultures. Seul un risque accru de sécheresse pourrait être négatif. La période de végétation est de plus en plus longue, l’arboriculture, la vigne et les cultures maraîchères, qui ont particulièrement besoin de températures douces, bénéficient déjà du réchauffement.

Les sources d'émissions de gaz à effet de serre
Les transports représentent la source la plus importante de gaz à effet de serre en Suisse : ils sont responsables de plus du tiers des émissions de CO2. Les émissions de gaz à effet de serre issues des transports ont augmenté de 9% entre 1990 et 2004. Chaque habitant, en Suisse, émet dans l’atmosphère un peu plus de six tonnes de CO2 par année, ou une tonne et demie de carbone.

Les effets d’une diminution des émissions de gaz à effet de serre sur leur teneur dans l’atmosphère seront d’autant plus importants que l’intervention sera rapide: les gaz que nous émettons vont rester dans l’atmosphère et la réchauffer durant une centaine d’années en moyenne. Il est donc primordial d’agir rapidement.
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