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Suspension du cycle de Doha : Les principaux pays intéressés n'ont pas réussi à s'entendre sur le dossier agricole.


Par Bruce Odessey
Rédacteur du « Washington File »

Washington - Les négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui traînaient depuis longtemps ont finalement été suspendues pour une durée indéterminée. La représentante des États-Unis pour le commerce extérieur, Mme Susan Schwab, a réaffirmé la volonté de son gouvernement de faire aboutir ce cycle à une date future, et elle a réfuté les communiqués de l'Union européenne imputant cet échec aux États-Unis.

Le 24 juillet, à Genève, le directeur général de l'OMC, M. Pascal Lamy, a annoncé la suspension indéfinie des négociations après l'échec d'une réunion de la dernière chance entre six des principaux participants. Ces négociations sont officiellement appelées Agenda de Doha pour le développement parce qu'elles ont été lancées à Doha (Qatar) en 2001.

M. Lamy a déclaré que l'aboutissement du cycle de Doha d'ici à la fin 2006, objectif qui avait été fixé en 2005, était désormais hors d'atteinte. Cette suspension pourrait durer plusieurs mois, voire des années.

Lors d'une téléconférence avec des journalistes américains organisée à Genève, Mme Schwab a déclaré que, de toute façon, tout accord qui serait éventuellement signé dans le cadre du cycle de Doha ne pourrait pas être soumis au Congrès avant l'expiration, en juillet 2007, de la loi sur les pouvoirs spéciaux de négociation commerciale du gouvernement des États-Unis.

Toutefois, même dans ces conditions, Mme Schwab et le ministre de l'agriculture, M. Mike Johanns, se préparent à faire de nombreux déplacements dans les semaines à venir afin de discuter avec leurs homologues étrangers de la façon d'aller de l'avant.

« Nous ne baissons pas encore les bras. Nous n'allons pas non plus nous contenter d'une pâle imitation de ce que promettait Doha », avait déclaré Mme Schwab lors d'une réunion convoquée en urgence à l'OMC un peu plus tôt.

La suspension est intervenue juste une semaine après que les membres du G8, à l'issue de leur sommet tenu à Saint-Pétersbourg (Russie), eurent publié une déclaration réclamant des négociations intenses pendant 30 jours pour sortir les négociations de Doha de l'impasse.

Malheureusement, a dit Mme Schwab, M. Lamy n'a pas réussi à atténuer les immenses divergences entre les six principaux participants au sujet de la libéralisation des marchés agricoles et de la réduction des subventions agricoles, dossiers sur lesquels les négociations achoppaient depuis leur lancement.

Elle a affirmé que les délégations américaine et australienne étaient retournées à Genève le 23 juillet prêtes à faire preuve de plus de souplesse dans leurs positions sur le dossier agricole, mais que les autres partenaires du groupe dit G6, à savoir le Brésil, l'Union européenne, l'Inde et le Japon, n'avaient rien voulu savoir. « Lorsque nous avons commencé à discuter, a-t-elle dit, il est devenu évident que personne n'avait bougé des positions adoptées il y a un mois, voire quatre mois. »

Même si les États-Unis avaient consenti à aller au-delà des 60 % de réduction de leurs subventions agricoles, offre qu'ils font depuis 2005, les autres membres du G6 n'étaient pas prêts à faire de réelles concessions au niveau de la libéralisation de leurs marchés agricoles au moyen de la réduction de leurs droits de douane et de la suppression d'autres obstacles.

Les maigres ouvertures que les autres pays étaient prêts à faire dans ce domaine auraient été annulées par toutes sortes de propositions d'exceptions qui auraient permis d'exclure des catégories entières de produits et qui auraient donné aux pays en développement le droit de bloquer temporairement les importations.

Selon Mme Schwab, M. Lamy avait conseillé aux États-Unis d'offrir de nouvelles concessions, ce à quoi ils se sont refusés, et il avait laissé entendre que les autres pays resteraient probablement sur leurs positions de toute façon.

« Alors que les États-Unis ont fait preuve de la plus grande souplesse possible, a-t-elle dit, plusieurs grands pays industriels et (...) certains partenaires commerciaux parmi les pays en développement les plus avancés n'ont pas joué leur rôle. »

Par ailleurs, Mme Schwab a réfuté les déclarations de divers responsables de l'Union européenne selon lesquelles les États-Unis étaient responsables de l'échec des négociations de l'OMC. « Toutes ces accusations ne font rien pour réduire la pauvreté, et elles n'aideront pas un seul agriculteur. »

Les responsables de l'Union européenne ne peuvent pas dissimuler le fait que leurs droits de douane applicables aux produits agricoles moyens sont deux fois plus élevés que ceux des États-Unis et que leurs subventions agricoles le sont trois fois plus. « Ils n'ont pas fait preuve de beaucoup de courage politique », a-t-elle dit.

(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)
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