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Alaska : le Sénat américain vote l'autorisation de forages pétroliers.


La forte dépendance énergétique des Etats-Unis et la hausse continue du prix du pétrole ont conduit l'administration américaine à ouvrir des zones protégées depuis 20 ans en Alaska.L'impact écologique d'une telle décision, dénoncé depuis plusieurs années par les organisations écologistes, est pourtant connu : érosion de la biodiversité, réchauffement climatique et atteinte à la survie des populations vivant dans cette région.

En Alaska, l'ouverture de zones protégées au forage pétrolier continue. Le président Bush estime en effet que 10 milliards de barils peuvent être extraits de la zone Arctic National Wildlife, et, dit-il"presque sans impact sur l'environnement et la faune". Outre l'aspect environnemental, les sénateurs démocrates -qui ont voté contre le texte - ont dénoncé l'absurdité économique de ces nouveaux forages. John Kerry a ainsi déclaré que"cette mesure n'aurait aucun effet sur l'approvisonnement énergétique du pays sur le long terme,"tandis que le sénateur démocrate Richard Durbin a estimé la prodution de pétrole potentielle à seulement 2,5% des besoins des Etats-Unis.Déjà, en janvier dernier, une zone protégée depuis les années 80 par une décision de l'administration Reagan, avait été ouverte aux forages. Situé dans la partie nord-est de l'Alaska, cet espace constitue une zone importante de protection des oiseaux migrateurs, des mammifères marins et des caribous. Mais les besoins pétroliers, toujours croissants, des Etats-Unis, ont eu raison de ces 2,89 millions d'hectares, qui sont désormais ouverts à l'exploration pétrolière et qui viennent s'ajouter aux 6 millions d'hectares pris dans la zone « National Petroleum Reserve-Alaska » ( NPRA), exploités depuis 1923. « La dépendance énergétique américaine grandit chaque année et les réserves contenues dans le NPRA peuvent contribuer à long terme à accroître notre production d'énergie et à stabiliser les prix », a déclaré Gale Norton, Secrétaire à l'Intérieur, chargé des parcs nationaux."Alors que notre économie continue de croître, la consommation de pétrole des Etats-Unis devrait augmenter d'un tiers pendant les vingt prochaines années, et notre demande d'électricité de 45%, a-t-il indiqué pour justifier le projet de loi de sécurité énergétique du président Bush."Au rythme actuel de la croissance américaine et de sa dépendance énergétique, les importations de pétrole représenteront 62 % de la demande d'ici 2020, contre 53 % aujourd'hui.

Absurdité écologique et économique

Seule concession faite aux écologistes, les 40 800 hectares se trouvant autour du lac Kaegaluk feront l'objet de restrictions particulières pour protéger la faune. Une mesure qui a peu de chance de satisfaire les ONG, qui mènent depuis les années 90 un combat ininterrompu pour empêcher l'extension de l'exploitation pétrolière dans la région.« Les Républicains étaient prêts à tout pour faire passer ce projet d'exploitation du pétrole en Alaska, explique le directeur de recherche de Greenpeace US, Kirt Davis. Les sénateurs ont déclaré qu'ils se battraient jusqu'à ce qu'ils gagnent ! ». Selon lui, « cette idée est présente dans l'agenda de George W. Bush depuis le premier jour de son premier mandat ». « Nous estimons que l'Alaska est déjà fortement industrialisée, ajoute-t-il. C'est même l'une des zones les plus industrialisées du pays, on y voit déjà trop de pipelines aux alentours. De plus, plus précisément la NPRA, zone où Bush veut implanter ses forages, présente un écosystème très délicat. » Selon les écologistes, la NPRA contient les plus grandes ressources naturelles de toute la région du cercle polaire constituant le lieu d'habitat d'un troupeau de 430 000 caribous de l'Arctique de l'Ouest, d'ours polaires, de zones de nourriture des grizzlis. Elle offre, en outre, les ressources qui permettent aux Inuits et aux Amérindiens d'Alaska de subsister. Outre l'aspect néfaste de ce projet pour l'environnement, les ONG américaines dénoncent également l'absurdité économique sur laquelle il repose. « Exploiter du pétrole là-bas ne sert à rien, car on ne pourrait y retirer que six mois de notre consommation de pétrole aux USA, observe Kirt Davis. Nous consommons 19 millions de barils par jour ! Nous nous battons pour que cesse la consommation effrénée de pétrole qui entraîne l'effet de serre et le réchauffement climatique (Global Warming). Et nous avons des solutions comme privilégier d'autres sources d'énergie beaucoup moins polluantes. Ce projet représente pour nous le?Global Warming Ground Zero?. » De fait, les estimations des réserves pétrolières en Alaska sont très variables : entre 2 et 12 milliards de barils selon les différentes sources. Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement) estime par ailleurs qu' « il existe une probabilité de 50% de trouver une quantité de pétrole égale à celle qui est consommée aux États-Unis pendant neuf mois. Les gisements pétroliers du versant nord de l'Alaska ont déjà produit, depuis 1973, 13 milliards de barils de pétrole et pourraient en contenir encore 3 milliards seulement », conclut le PNUE dans son « Global Environnement Outlook 3 ».

Source : Novethic.

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