Régime international, déforestation évitée et évolution des politiques publiques et privées affectant les forêts dans les pays du Sud
Un atelier international sur les politiques forestières et la «déforestation évitée» dans les pays du Sud
Les 22 et 23 novembre 2007 se tient à l'Institut d'Études Politiques de Paris, un atelier international conjointement organisé par le Cirad, l'Iddri, le Cifor, le Gip-Ecofor* avec le soutien de la Chaire de développement durable de Sciences Po. Il s'intitule: « Régime international, déforestation évitée et évolution des politiques publiques et privées affectant les forêts dans les pays du Sud ».
« Les forêts ne sont pas des biens publics mondiaux alors qu'elles fournissent plusieurs de ces biens publics comme le maintien de la biodiversité ou l'atténuation des changements climatiques» explique d'emblée Alain Karsenty, chercheur en économie au Cirad, il poursuit « les forêts sont soumises à la stricte souveraineté des États. Un pays peut actuellement laisser détruire ses forêts pour la production de biocarburants ou par l'exploitation illégale du bois. La question d'une gouvernance mondiale des forêts se pose de manière de plus en plus pressante ». La déforestation est responsable d'environ 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année et la diversité biologique des forêts tropicales s'érode avec leur dégradation.
Protéger les forêts tropicales
Plusieurs grandes organisations, comme la Banque mondiale, encouragent les gouvernements du Sud à adopter des réformes au contenu assez similaire dans les différents pays. Le FNUF (Forum des Nations Unies pour les Forêts), organisme intergouvernemental dédié aux forêts a aussi été constitué en 2000 et la plupart des grands bailleurs assortissent leurs aides de « conditionnalités environnementales ». Mais l'ensemble de ces facteurs ne conduit pas encore à l'homogénéisation des politiques nationales ni à l'émergence d'un véritable régime international de protection des forêts tropicales.
« Des instruments « privés », comme la certification FSC de « bonne gestion» des forêts, ont peut être parfois plus d'influence que les processus intergouvernementaux» précise Alain Karsenty, « les réformes conduites dans les pays forestiers du Sud ne parviennent pas toujours à modifier profondément les pratiques des administrations et des acteurs de terrain. » C'est sans doute dans l'articulation, à différentes échelles, des politiques publiques et des instruments et initiatives privés que se trouvent les effets de levier capables d'enrayer la déforestation et l'érosion de la biodiversité dans les forêts tropicales.
Vers une gestion internationale des forêts?
Le mécanisme de réduction des émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation connait un grand engouement dans les organisations internationales et un vif intérêt dans la communauté scientifique. Il vise notamment à l'attribution de « crédits carbone » ou d'argent, aux pays en développement qui réduisent leurs niveaux de déforestation; c'est le processus dit de « déforestation évitée ». Néanmoins, le contour exact des règles de ce mécanisme ne fait toujours pas l'objet d'un consensus, et les effets potentiels de sa mise en œuvre à partir de 2012 (période post-Kyoto) suscitent également des questions et des controverses dans le monde de la recherche.
Durant deux jours (22 et 23 novembre 2007), quelques uns des meilleurs spécialistes internationaux se retrouveront pour débattre de ces différents sujets dans l'atelier international (dont le Cirad est à l’initiative) accueilli par la Chaire de Développement Durable de Sciences Po -Institut d'Études Politiques (Salle François Goguel, 56 rue des Saints-Pères). Près d'une centaine de personnes sont attendus, chercheurs mais aussi membres d'institutions internationales d'aide au développement. Il s'agira d'expliciter les conditions de la création d'un régime international des forêts et d'explorer dans cette dynamique, les instruments et mécanismes existants.
Les communications préparées pour cet atelier feront l'objet de publications à l'intention de différents publics.
* Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales)
Cifor (Centre International de recherche forestière)
GIP Ecofor (groupement d'intérêt public sur les écosystèmes forestiers et leur gestion)
Contact scientifique : Alain Karsenty, alain.karsenty at cirad.fr
Contact presse : Florence Vigier, florence.vigier at cirad.fr
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